Les routes littéraires de l'Aisne et de l'Oise
Notice
Présentation des routes littéraires de l'Aisne et de l'Oise, que l'on pratique à pied, avec un guide. Dans la vallée de l'Automne, de Villers-Cotterêts à Coyolles, on côtoie Alexandre Dumas et Gérard de Nerval. On découvre les traces de Jean Jacques Rousseau à Ermenonville, puis on poursuit avec le musée Jean de La Fontaine à Château-Thierry, puis celui de Racine dans sa maison natale de La Ferté-Milon. Enfin, Paul Claudel qui est également passé dans l'Aisne : à La Ferté, mais surtout à Villeneuve-sur-Fère. En conclusion, le président de l'association ADENOVE nous fait part de ses projets culturels.
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Éclairage
Derrière les activités de l'Association "Adenove" active à l'époque de la diffusion de ce document en 1997 mais dont la pérennité ne semble pas ressortir clairement d'une recherche sur Internet en 2013, s'impose une évidence qu'il est bon de souligner. À savoir ce fait que la Picardie est une région et plus généralement un espace dont la richesse tient à ses écrivains. Cela fut constamment vrai du Moyen Âge jusqu'à nos jours. La raison provient sans doute de sa situation intermédiaire entre Paris, le centre du pouvoir, Reims en Champagne la capitale des sacres et de la vigne mais aussi les villes commerçantes des Flandre, Arras et Lille en particulier. On sait l'importance mythique que devait ainsi prendre la fameuse "route des Flandres" dans l'imagination d'un Gérard de Nerval, par exemple. L'enfant élevé à Mortefontaine avait de bonnes raisons de rêver à l'Allemagne où son père médecin militaire avait suivi les armées napoléoniennes en compagnie de sa femme, morte et enterrée en Silésie. Devenu écrivain, il s'affirmerait comme l'un des premiers "germanistes" de la littérature française et l'un des romantiques européens les plus radicaux. Longtemps on oublia très facilement que la Picardie constituait la frontière nord de la France et donc plus brutalement encore la frontière avec le Nord. De la forteresse de Péronne édifiée par Philippe Auguste, le vainqueur de Bouvines en 1214 contre une coalition de Flamands et d'Allemands jusqu'à l'Historial de la Guerre 14-18 qui l'occupe aujourd'hui, de la bataille de Saint-Quentin remportée en 1557 par Philippe II le roi d'Espagne sur le roi de France Henri II jusqu'à la reconquête de la Flandre française par Louis XIV au Traité d'Utrecht en 1713, cette frontière que fut et demeure, moins tragiquement bien sûr, la Picardie fut cependant le lieu d'une constante opposition entre cultures germaniques, anglaises et romaines. À quoi l'on ajoutera que la langue et la culture picarde originelle, prise dans l'étau, offrait aux populations locales le refuge de l'ironie, du scepticisme, d'une profonde acuité dans le regard et le propos, leur permettant de survivre au milieu du chaos. Il n'est pas impossible que toutes ces dimensions contradictoires de fuite et de résistance aient pu favoriser l'épanouissement de la littérature. Au XVIIe siècle ce sont La Fontaine et Racine qui viennent au devant de la scène, à Château-Thierry et La Ferté-Milon, eux que les alliances matrimoniales (La Fontaine épouse une jeune fille de la Ferté-Milon, parente de Racine) vont rapprocher, de même que leur proximité au pouvoir grâce à la protection de madame de Montespan. On notera toutefois, en ce domaine, de réelles nuances entre l'ironie grinçante du fabuliste et l'adhésion courtisane de l'historiographe. Plus tard apparaîtra le couple romantique Alexandre Dumas et Gérard de Nerval, natifs de Villers-Cotterêts et Mortefontaine, futurs camarades de voyage sur le Rhin, grands amateurs du drame romantique tous les deux. Plus tard encore ce seront les enfants Claudel, Paul et sa sœur sculptrice Camille, grandis dans la maison familiale de Villeneuve-sur-Fère. À quoi l'on doit ajouter, bien évidemment, les écrivains visiteurs de la région, Jean-Jacques Rousseau au premier chef, terminant sa vie au château d'Ermenonville et composant un herbier aujourd'hui exposé au Musée Jacquemart André de Chaalis. On conçoit donc que la lecture de tous ces écrivains puisse et doive s'accompagner de promenades sur leurs traces. On pourrait aussi bien imaginer un guide littéraire de leurs textes ayant incidence ou du moins pertinence à la Picardie. Le mot patrimoine ici est faible, il s'agit d'un véritable trésor pour la mémoire et l'inspiration. C'est du moins ce que suggère à l'auteur de cet article la diffusion en novembre 1997 du document intitulé "Routes littéraires de l'Aisne et de l'Oise".