Découverte d'un mur et d'habitats gallo-romains à Beauvais
Notice
A Beauvais, des fouilles dans le cadre de l'archéologie préventive, ont permis de découvrir un rempart gallo-romain du IVe siècle ainsi que d'autres traces d'occupation. Patrice Bertin, chef du service archéologie du département, montre les traces d'un plancher d'un habitat qui a brûlé au IIIe siècle. Ce sont de jeunes archéologues, dont c'est le premier chantier, qui fouillent sous le palais épiscopal. Pour son premier contrat, Cyril Meunier dit sa satisfaction de travailler sur un site aussi riche.
Éclairage
Les nombreuses interventions archéologiques ont permis de reconnaître le passé de la cité antique, alors nommée Caesaromagus "le marché de César". Elle a été implantée, au début du Ier siècle dans un milieu marécageux, à la confluence du Thérain et de l'Avelon. Elle s'est principalement développée sur la rive droite du Thérain dont les pentes sont moins prononcées, au point de convergence de grandes voies de communications reliant au nord Amiens et Bavay par Saint-Just-en-Chaussée, à l'est Noyon et Soissons, au sud Paris, et enfin à l'ouest Rouen.
Jusqu'au Bas-Empire, sa superficie pouvait atteindre 100 ha. Au début du IVe siècle, la ville est fortifiée. Le rempart encore partiellement visible dans le paysage urbain, couvrait un peu plus de 10 ha. Il était renforcé à l'intérieur par un remblais taluté. Le système défensif était vraisemblablement doublé par un fossé extérieur probablement en eau, qui deviendra "le Merdançon" médiéval. Le périmètre du castrum était flanqué à intervalles réguliers de tours semi-circulaires et les angles étaient renforcés par des tours carrées. Des portes, dont deux sont connues sur les côtés occidental et oriental, permettaient d'accéder à la ville.
Les premiers grands aménagements de la ville par les urbanistes datent de la fin du Ier ou du début du IIe siècle. Avant d'élever les constructions, il a fallu au préalable assainir la zone marécageuse en déversant des remblais de craie sur plus d'un mètre d'épaisseur. La cité était probablement découpée en insulae par des voies se recoupant à angle droit, mais seule la présence du cardo (axe routier nord-sud) et du decumanus maximus (axe est-ouest) est présumée.
L'emplacement des édifices publics et religieux reste peu connu. Des thermes ont été retrouvés en 1902 sous l'église Saint-Étienne, un sanctuaire circulaire aurait été dédié à Mercure, un bâtiment à usage public pourrait être localisé à l'emplacement de la Galerie Nationale de la Tapisserie. Toutefois ces sources sont parfois contestables.
Les habitats sont principalement localisés à proximité de voiries. Les bâtiments, de tailles variables, étaient en général aménagés sur solin de pierres calcaires. La partie supérieure était construite en bois et en torchis. Les sols de ces habitations étaient le plus souvent en terre battue mais pouvaient être parfois en plancher de bois. Certaines de ces domus, dont aucune n'a été complétement fouillée, disposaient d'hypocauste (chauffage par le sol), voire de balnéaire privé. Leur alimentation en eau se faisait à l'aide de puits généralement creusés dans une cour. Parfois, un système d'évacuation permettait de recueillir les eaux usées. Plusieurs activités artisanales sont attestées à l'intérieur de la ville : métallurgie, production de colle à partir du collagène... À la fin du Bas-Empire, le tissu urbain se relâche et de nombreux secteurs sont désormais désertés.
Autour de l'espace urbain, sur le versant septentrional de la vallée, de vastes nécropoles sont implantées en bordure de voies. Elles ont livré principalement des inhumations en cercueils de bois ou de plomb, en sarcophages ou en tombes construites. Les plus anciennes remontaient au IIe siècle. Elles semblent associées à des édifices cultuels, comme l'indiquent les découvertes du temple du Mont Capron observé au XVIIe siècle et celle, plus au nord-est, de la stèle du Mercure barbu qui pourrait être associée à un sanctuaire. C'est également dans ces zones périurbaines, qu'ont été mis au jour des habitats ainsi que des zones artisanales, notamment des ateliers de potiers.
Bibliographie :
Jean-Marc Fémolant. Beauvais, dans Revue archéologique de Picardie. Numéro spécial 16, 1999. p. 145-152.
Georges-Pierre Woimant. Carte archéologique de la Gaule. L'Oise. 60. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1995, p. 127-161.