Spectacle de marionnettes de Ches Panses Vertes

17 novembre 1983
03m 37s
Réf. 00743

Notice

Résumé :

"Vertes pensées" est le nouveau spectacle de Ches Panses Vertes, une série de "sketches " qui fait appel à une partition musicale élaborée par un quinzaine de musiciens. Georges Baillon, fondateur de Ches Panses Vertes se réclame de la tradition de la marionnette dans toutes ses acceptions. Pour la fabrication on emploie des matériaux "modernes", en cela la compagnie déroge à la tradition des cabotans picards. Désormais c'est à un public adulte que s'adressent ces spectacles.

Date de diffusion :
17 novembre 1983
Source :
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Lieux :

Éclairage

En Picardie, les spectacles de marionnettes sont un élément fort de la culture régionale. La conservation et la transmission de cette tradition de près de trois siècles sont notamment assurées par le théâtre Chés Cabotans. Mais parallèlement à celle-ci, se développe en Picardie depuis plus de trente ans, un théâtre de marionnette contemporain.

Cette démarche de modernisation et d'évolution a notamment été initiée par la compagnie Ches Panses Vertes, créée en 1979 à Amiens par Michèle et Georges Baillon.

Travaillant d'abord autour de marionnettes à fils et à tringle, la compagnie s'ouvre rapidement à d'autres types de marionnettes et d'objets et prend le chemin de l'expérimentation. Si la compagnie met en scène 1980 un conte picard,  La soupe à cailloux , elle fait le choix d'un répertoire moins folklorique et plus contemporain comme le montre le reportage avec l'adaptation de Dieu est absent des champs de bataille  de Blaise Cendrars, mis en scène par Sylvie Baillon, fille des fondateurs.

La compagnie se donne dès sa création trois objectifs : développer l'art de marionnette par sa diffusion la plus large possible ; contribuer au renouvellement de la marionnette et développer les publics par le biais notamment de diffusion dans des lieux originaux.

En quelques années, la compagnie se professionnalise et obtient le soutien des collectivités locales. En 1985, Ches Panses Vertes participe par exemple au premier festival de marionnette en Picardie où elle fait forte impression par sa démarche singulière. L'année suivante marque l'arrivée de Sylvie Baillon comme metteur en scène de la compagnie. Celle qui en deviendra la directrice à partir de 1991, infléchit le travail de création vers des spectacles pour adultes et participe de la sorte à sortir la marionnette de l'imagerie enfantine. Dès lors, le Tas de Sable accueille dans sa réflexion toutes les formes d'art plastique et ouvre l'espace scénographique de la marionnette, traditionnellement circonscrit au castelet.

Durant les années 90 et 2000, la compagnie accroît son audience et sa notoriété nationale (présences au festival d'Avignon, ou au festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières), et international (représentations en Angleterre, Allemagne, Pologne ou Lituanie). Elle développe alors deux types d'approche. La première consiste à monter des spectacles en collaboration avec des auteurs contemporains comme Raymond Godefroy, Catherine Zambon ou encore François Chaffin... à qui Ches Panses Vertes commande des textes autour des thèmes qui lui sont chers comme le corps, le vieillissement, la guerre, la monstruosité.

D'autre part, la compagnie travaille également autour de la mémoire collective des picards. Des spectacles, comme A l'émancipation, pourvu qu'il n'arrive rien, sur les ouvriers de l'entreprise Saint-Frère ou Les terres fortes à propos des souvenirs des employés de la sucrerie de Crisolles sont par exemple l'aboutissement de démarches sur le long court et de résidence artistique dans les territoires.

Parallèlement et en lien avec ce travail de création, Ches Panses Vertes s'est développé comme un espace d'accompagnement et de transmission. En 2009, après notamment la définition d'un projet de lieu-compagnie et la fusion avec l'association Marionnettes en Chemins, qui donnera son nom au festival bi-annuel des arts de la marionnette et du théâtre d'objet, la compagnie devient Le Tas de Sable – Ches Panses Vertes. Reconnu alors par la Région comme Pôle des Arts de la marionnette en Picardie et par le Ministère de la Culture et de la Communication comme Lieu de compagnonnage, Le Tas de Sable – Ches Panses Vertes assure désormais un travail autour de trois axes : la création contemporaine, la programmation et la diffusion, et l'accompagnement des jeunes artistes.

Pierre Durteste

Transcription

Catherine Matausch
"Vertes pensées avec ou sans ficelle", il s’agit du nouveau spectacle de marionnette de Ches Panses Vertes, animé par Georges Baillon et Eric. Une heure cinq de sketches, une quasi-absence de texte suppléée par une recherche musicale très dense ; et qui ne cesse de suggérer avec les images derrière la partition ou la collaboration d’une quinzaine de musiciens. Le bébé, une série de petits chefs-d’oeuvre dont un pastiche d’une chanson de Gainsbourg. Un spectacle qui se jouera chaque soir, la semaine prochaine à Amiens. Un aperçu tout de suite de cette réalisation sur les images de Michelle Bonnet.
(Silence)
(Musique)
Catherine Matausch
Votre travail se réclame de la tradition picarde ?
Georges Baillon
Elle se réclame de toutes les traditions de la marionnette. Dans notre spectacle, nous trouvons des marionnettes à tringle, des marionnettes à fils, des marionnettes à gaine, de l’ombre, enfin, toutes traditions qui existent.
Catherine Matausch
… réactualisées quand même ?
Georges Baillon
Réactualisées bien sûr avec les moyens de maintenant, en particulier dans la fabrication, dans la facture de la marionnette en employant des matériaux nouveaux.
Catherine Matausch
Tels que… ?
Georges Baillon
Tels que de la mousse de polyéther, tels que je ne sais pas moi, de la pâte à bois, tels que du polystyrène expansé, etc.
(Bruit)
Georges Baillon
Les amoureux de la tradition ne reconnaîtront pas Le "Lafleur" traditionnel. Il s’agit de son petit-fils un Lafleur rocker avec un blouson de cuir rouge et des santiags rayées rouge et blanc, bien sûr.
Catherine Matausch
Porte-parole ?
Georges Baillon
Porte-parole oui, de ce que nous pensons de la marionnette.
Catherine Matausch
Et alors ?
Georges Baillon
Et alors, ben, quelquefois un petit peu violent, mais toujours tendre quand même.
(Musique)
Catherine Matausch
La marionnette est en chute libre ?
Georges Baillon
La marionnette n’est plus en chute libre maintenant depuis un certain temps. Auparavant, la marionnette, c’était un spectacle de tradition populaire qui a été plus ou moins récupéré par les intellectuels, par les pédagogues. Ça s’est orienté progressivement sur un public enfantin. Mais maintenant, la marionnette a repris un essor et se dirige vers un public adulte. C’est ce que nous avons voulu marquer en créant les Vertes pensées avec ou sans ficelles.