Violence à Vénissieux
Notice
Le quartier des Minguettes à Vénissieux vit cet été des heures difficiles. Des voitures ont été volées et incendiées. Les jeunes se plaignent du manque d'éducateurs, de manque de locaux et du peu d'activités possible.
Éclairage
Pour comprendre l'explosion de la violence dans le quartier des Minguettes au début des années 1980, il est certes important de souligner les facteurs sociaux tels que la concentration de la pauvreté, la déstructuration de la classe ouvrière, le chômage massif, la ségrégation spatiale, le racisme, le départ des couches moyennes et des fonctionnaires etc., mais il faut aussi étudier la configuration sociale et politique et les rapports de force qui structurent le quartier, en particulier les relations entre les jeunes et la police. La rébellion des jeunes aux Minguettes s'explique par la rupture d'un certain équilibre dans ces relations. De la construction des premières tours de la ZUP (zone à urbaniser en priorité) au début des années 1960 et jusqu'au début des années 1980, il existe un faible niveau de violence. Le relatif équilibre est exprimé par la notion d'« esprit de village » où les relations entre les individus et familles, aux origines diverses, sont plus ou moins pacifiées. Les jeunes se retrouvent notamment à la cafétéria Casino du centre commercial, dans un local offert par le bailleur Logirel au pied de la tour n°10 de Monmousseau et un snack. Ce contexte permet l'émergence de « bandes », peu structurées et constituées d'amis du même quartier, qui bénéficient du soutien d'une partie de la population lorsqu'ils sont recherchés par la police. Ainsi, à partir de la fin des années 1970, la police a l'impression que le territoire des Minguettes n'est plus sous contrôle. La police de Vénissieux s'est sentie de plus « trahie » par le gouvernement d'union de la gauche en 1981 qui interrompt les expulsions d'étrangers. Tout se passe comme si l'équilibre des rapports de force entre les jeunes, la petite délinquance et la police était alors rompu. Ce déséquilibre débouche sur la succession d'incidents mineurs qui dégénèreront durant les rébellions de l'été 1981 (les rodéos et les voitures brûlées qui font mémoire et qui seront mimés ensuite devant les caméras de télévision). À partir de mars 1983, l'enchaînement des événements violents provoqueront la recherche d'autres répertoires d'action : ce sera, entre autres, la Marche pour l'Égalité de décembre 1983.