Joseph Sanguedolce, maire de Saint-Etienne
Notice
Ce reportage est consacré au maire communiste de Saint-Etienne. Il évoque son passé, en tant que mineur, ses actes de résistance, son retour de déportation et son action à la mairie de Saint-Etienne.
Éclairage
Le portrait, quelque peu convenu, que France 3 consacre à Joseph Sanguedolce au cours de son mandat municipal, souligne les origines et les pratiques populaires du maire d'une grande ville de France, puisque le reportage débute par les images d'un cycliste s'entraînant au petit matin sur un circuit de Saint-Étienne, avant de rejoindre à 9H, en costume cravate et rasé de frais, son bureau à la mairie. Tous ses biographes soulignent deux éléments qu'il a lui-même développés dans les interviews : ses origines siciliennes et un travail précoce à la mine à la suite de la mort de son père ; un parcours de militant du syndicat CGT des mineurs en passant par La Résistance, la direction de la CGT de la Loire et le PCF.
Né en Sicile en 1919, il travaille très tôt (à 12 ans, après l'obtention du certificat d'études) à la mine malgré d'excellents résultats à l'école : son salaire était indispensable à la vie de la famille. Il milite très vite au syndicat CGT des mineurs.
Mobilisé en 1940 à 21 ans, il est fait prisonnier et interné dans un Stalag en Allemagne jusqu'en 1941, puis il s'évade. En 1942, il crée un groupe de jeunes résistants des Francs Tireurs Partisans français (FTPF). Il est arrêté par la police française le 21 juin 1943, emprisonné à Lyon puis transféré à la centrale d'Eysses à Villeneuve-sur-Lot où sont rassemblés les détenus politiques (dont de nombreux communistes). Après l'échec le 19 février 1944 du soulèvement du camp, il est livré aux Allemands et déporté au camp de concentration de Dachau (le premier camp ouvert en Allemagne dès 1933) où il travaille dans des ateliers destinés à la fabrication des fusées V1 et V2. Après la libération du camp par l'armée américaine, Joseph Sanguedolce retourne en juin 1945 dans la région stéphanoise et à la mine. Il a raconté son expérience de guerre et de résistance dans un livre publié en 1973 : Résistance. De Saint-Etienne à Dachau.
Très vite, il s'implique dans la direction de la CGT et devient secrétaire de l'union départementale des syndicats, à plein temps, et le restera jusqu'à son élection comme maire de Saint-Étienne en 1977. Il traverse donc toute la période de la Guerre froide marquée en 1947 par la scission syndicale (entre la CGT et FO) et les grandes grèves des mineurs de 1947 et 1948 qui font plusieurs morts dans le bassin stéphanois. À cette date, CGT et PCF sont isolés dans la vie politique française dans leur soutien à l'URSS et leur opposition aux États-Unis. Le reportage met en avant la camaraderie le liant aux syndicalistes CGT, mais reste très discret sur le parti communiste français et son soutien au régime stalinien jusqu'en 1956 au moins.
Bénéficiant de l'accord de 1972 entre le parti socialiste, le parti radical et le parti communiste français, Joseph Sanguedolce devient, aux élections municipales de 1977, maire de Saint-Etienne dans le cadre d'une liste d'union de la gauche. Mais à cette date, la crise économique s'installe : dans le bassin stéphanois elle prend la forme d'une crise de l'emploi avec les difficultés des entreprises de la seconde industrialisation et surtout celles de Manufrance (fabrique d'armes et de cycles et vente par correspondance) dont la ville était devenue actionnaire en 1944 après la mort du fondateur Étienne Mimard et son legs à la municipalité. Joseph Sanguedolce tente de s'opposer à la reprise de Manufrance par Bernard Tapie et encourage la formation d'une coopérative ouvrière (SCOP). Mais malgré un prêt considérable consenti par la Ville, il ne peut éviter la mise en liquidation judiciaire de la célèbre manufacture. Certains Stéphanois ne lui pardonneront pas l'inefficacité des services municipaux face à une tempête de neige qui bloqua totalement la ville pendant trois jours en décembre 1982 et il perdra les élections du printemps 1983 face à François Dubanchet, un notable de droite.
Le reportage le montre - avec des images très posées - dans une réunion d'anciens combattants et résistants qui était une autre de ses préoccupations dans la vie civique : transmettre aux jeunes l'expérience de la seconde Guerre mondiale. Après sa défaite électorale, il s'engagera dans la transmission de cette mémoire en intervenant pour témoigner, dans les établissements scolaires et en soutenant le projet de construction d'un Mémorial de la Résistance et de la Déportation de Saint-Étienne, inauguré en 1999.
Joseph Sanguedolce est mort à Beauzac en Haute-Loire le 15 août 2010.