L'inauguration du tunnel du Mont-Blanc
Notice
Le 16 juillet 1965, le général de Gaulle et le président de la République italienne Giuseppe Saragat inaugurent le tunnel du Mont-Blanc.
Éclairage
Le projet d'un tunnel reliant la vallée de Chamonix au Val d'Aoste voit le jour peu après la Seconde Guerre mondiale. Désireuses d'accroître leurs échanges, la France et l'Italie souhaitent améliorer leurs voies de communications à travers les Alpes. Dès 1949, une commission est chargée d'étudier l'éventualité d'un tunnel routier sous le plus haut sommet d'Europe (4 807 mètres), le Mont-Blanc. Et le 14 mars 1953, la France et l'Italie signent une convention prévoyant la construction et l'exploitation de l'ouvrage, ratifiée en 1954 par le Parlement italien et en 1957 par le Parlement français.
Cette initiative franco-italienne apparaît alors d'autant plus symbolique que les deux pays participent activement à la naissance de la Communauté économique européenne, instituée par le traité de Rome du 25 mars 1957. Débuté en 1959, le percement du tunnel sous le Mont-Blanc est délicat et 21 personnes y laissent la vie. Ce n'est qu'en août 1962 que les équipes de forage françaises et italiennes opèrent leur jonction. L'ouvrage, une galerie unique à double sens de circulation d'une longueur totale de 11,6 kilomètres de Chamonix à Courmayeur - 7 640 m sur le territoire français et 3 960 m sur le territoire italien -, est inauguré le 16 juillet 1965, conjointement par le général de Gaulle et le président de la République italienne Giuseppe Saragat. Cette inauguration a lieu dans un contexte de crise européenne, la France pratiquant la politique de la "chaise vide" depuis le début du mois de juillet 1965. Géré en deux parties par deux sociétés concessionnaires française et italienne, le tunnel du Mont-Blanc est ouvert à la circulation routière le 19 juillet 1965. Il connaît rapidement le succès puisque dès 1966, 548 000 véhicules de tourisme l'empruntent. Le trafic ne cesse alors de croître et le tunnel du Mont-Blanc devient, avec celui du Fréjus en Savoie, un axe majeur du transport routier international entre l'Europe du Nord et l'Europe du Sud: environ 2 millions de véhicules, dont près de 750 000 poids lourds passent ainsi sous le tunnel en 1998.
Cependant le 24 mars 1999, à la suite de l'incendie d'un camion dans sa partie centrale, l'ouvrage est ravagé par les flammes. 39 personnes y périssent. Cette catastrophe met en évidence les défaillances des systèmes d'alerte et de sécurité dans le tunnel. Ce dernier reste donc fermé durant trois années. Il ne rouvre à la circulation qu'en mars 2002, après d'importants travaux de réfection et de refonte du système de sécurité. L'incendie du tunnel du Mont-Blanc a également mis en lumière le problème de l'engorgement et de la pollution des vallées alpines de Chamonix et de la Maurienne (le tunnel du Fréjus a été saturé dès la fermeture de celui du Mont-Blanc) par le trafic des poids lourds.