Alain Carignon
Notice
Originaire de Vizille, Alain Carignon a été très tôt dans les jeunesses gaullistes et mène une carrière politique couronnée de succès. C'est en 1983, qu'il devient maire de Grenoble.
- Rhône-Alpes > Isère > Grenoble
Éclairage
Le 6 mars 1983, les résultats des élections municipales révèlent une surprise de taille : à Grenoble, la municipalité sortante, dirigée depuis 1965 par Hubert Dubedout, est battue, dès le premier tour, par une liste RPR-UDF menée par Alain Carignon. Celui-ci, âgé de 34 ans, devient, avec 54% des voix, le plus jeune maire d'une ville de plus de 100 000 habitants, dont, par ailleurs, l'électorat se prononçait régulièrement à gauche.
Alain Carignon est né en 1949 à Vizille (Isère). Il s'engage assez tôt en politique : en 1967, il milite au service de Jean Vanier, adversaire UNR de Pierre Mendès France aux élections législatives, puis il devient proche d'Aimé Paquet, député de l'Isère jusqu'en 1973 et membre des Républicains Indépendants. Ce dernier, nommé médiateur de la république, l'appelle auprès de lui avant que Raymond Barre ne le nomme au Conseil Economique et Social en 1976. La même année, il est élu conseiller général de Grenoble. Fort du soutien de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Grenoble (dont il a été directeur adjoint) et de celui du RPR (il siège très vite dans les instances dirigeantes), il s'impose comme candidat de la droite aux élections municipales de 1983. L'année suivante, figurant sur la liste de Simone Veil, il est élu député européen. En 1985, il devient président du conseil général de l'Isère (il le restera jusqu'en 1997). En 1986, il est élu député (il sera réélu en 1988 et 1993).
Son ascension se prolonge au niveau national : secrétaire national du RPR de 1984 à 1986, il devient, au sein du gouvernement Chirac, ministre délégué à l'Environnement (1986-1988). En 1989 il fait partie, avec d'autres figures politiques de la région (Michel Noir, Charles Millon, Michel Barnier et Bernard Bosson), de l'éphémère groupe des 12 « réformateurs » qui se donnent pour objectif (aux côtés, entre autres, de Philippe Séguin, François Fillon, Philippe de Villiers ou François Bayrou) de mettre un terme aux divisions de la droite entre RPR et UDF et de mettre en place un parti unique. Mais l'expérience tourne vite à l'échec. Sous le gouvernement d'Édouard Balladur, il redevient cependant ministre et hérite du portefeuille de la Communication (1993-1994).
Au niveau local, le maire de Grenoble se définit comme un pragmatique. Il prolonge quelques axes définis par son prédécesseur (mise en place des aménagements nécessaires aux lignes de tramway), il aide à l'affirmation du caractère scientifique (inauguration des bâtiments du Laboratoire d'électronique des technologies de l'information – LETI - en 1985, mise en place du chantier du synchrotron puis inauguration en 1994) et économique de la ville (construction du quartier d'affaires « Europole » face à la gare). Toutefois, dans un contexte de crise économique, il multiplie le recours au privé et instaure une « démunicipalisation » de certaines attributions. Ainsi, il est à l'origine de la privatisation de la régie du gaz et de l'électricité de Grenoble (GEG), décidée en 1986. Surtout, il obtient du conseil municipal une privatisation de la distribution de l'eau au profit de la Lyonnaise des Eaux (devenue « groupe Suez environnement »).
Tout au long de sa carrière politique, Alain Carignon a eu souvent recours à un usage massif de la communication. C'est d'ailleurs à cette fin que l'équipe municipale avait mis en place, quelques mois avant l'élection de 1989, un magazine gratuit : Dauphiné News.
La trajectoire d'ascension, sur laquelle anticipait le reportage de 1984, est cependant brisée en 1994. Alain Carignon est alors mis en cause par le juge Lyonnais Philippe Courroye dans l'affaire de la privatisation de l'eau au profit de la Lyonnaise des eaux. Ce dernier met au jour les fils d'une corruption avérée : en contrepartie de l'attribution du marché de l'eau, Alain Carignon a vu la Lyonnaise des eaux renflouer les comptes déficitaires de Dauphiné News. Il a également bénéficié, par l'intermédiaire d'une société écran, de versements ou d'avantages provenant de la Lyonnaise des eaux et du groupe Merlin pour un montant avoisinant les 20 millions de francs : mise à disposition d'un appartement à Paris, voyages en avion, agréments divers. Du fait de sa mise en examen, Alain Carignon démissionne alors de son poste de ministre en juillet 1994. Il reste cependant à la tête de la mairie jusqu'en 1995 et du conseil général jusqu'en 1997. Au terme de la procédure judiciaire, il est condamné, en 1996, par la cour d'appel de Lyon à 5 ans de prison (dont 1 an avec sursis), 5 ans d'inéligibilité, et 400 000 francs d'amende pour corruption, abus de biens sociaux, et subornation de témoins. Il a été libéré en mai 1998. Après une autre condamnation en 1999, à de la prison avec sursis, pour « faux, usage de faux et abus de biens sociaux » dans le cadre de l'affaire Grenoble Isère développement, Alain Carignon a tenté un retour dans la vie politique : il a pris la tête de la fédération UMP de l'Isère en 2003. En 2007, il a échoué au deuxième tour des élections législatives dans la première circonscription de l'Isère. Il n'est plus, depuis 2009, à la tête de la droite iséroise.