Le bicentenaire de la Révolution française
Notice
Ce soir, on commémore, dans le Dauphiné, la journée des Tuiles qui eut lieu en juillet 1788 et qui peut être considérée comme le tout début de la Révolution française. Cet événement n'est cependant, pas relaté dans les livres d'Histoire.
- Rhône-Alpes > Isère > Grenoble
Éclairage
Depuis le début des années 1980, le département de l'Isère et la ville de Grenoble se sont préparés à inaugurer dès l'été 1988 les célébrations nationales du bicentenaire de la Révolution française. En effet, l'émeute populaire à Grenoble contre les troupes royales le 7 juin 1788, dite « journée des tuiles » en raison des projectiles lancés des toits par les habitants de la ville, suivie par l'assemblée des représentants des trois ordres du Dauphiné le 21 juillet dans la salle du jeu de Paume du château de Vizille, quinze kilomètres au sud et la réclamation solennelle de la convocation des états généraux du royaume, constituaient ce que les historiens du 19e siècle ont appelé la Révolution dauphinoise. L'attachement des populations locales au souvenir de ces événements s'est manifesté fortement au moment du centenaire de 1888, puis par la suite ils ont été éclipsés dans la mémoire collective par les épisodes plus dramatiques de la révolution parisienne. Aux yeux des historiens de la Révolution, ces prémices réformistes ont paru bien tièdes par rapport à la radicalisation politique et à l'instauration de la république en 1792. En 1988, si c'est à tort que la commentatrice de la vidéo signale que l'importance de ces événements dauphinois « vient seulement d'être reconnue », il est vrai qu'une réévaluation était désormais favorisée par l'affaiblissement de l'historiographie marxiste de la Révolution et par le consensus chez les responsables politiques pour évoquer le moins possible les violences de la Terreur.
Le fait le plus marquant de la célébration de la Révolution en Isère fut la création du Musée de la Révolution française au château de Vizille, construit au début du 17e siècle pour le connétable de Lesdiguières, puis acquis par l'Etat au début du 20e siècle pour servir de résidence d'été au président de la République. La propriété du domaine, comprenant un grand parc, fut transférée au département de l'Isère en 1971. Décidée peu après l'élection de François Mitterrand en 1981, le projet de musée se fonda sur la constitution de collections d'œuvres d'art et de souvenirs historiques. Depuis l'ouverture des premières salles en 1984, des aménagements importants ont entièrement transformé l'intérieur du château en musée et centre de documentation.
Au cours de la vidéo, Alain Carignon, maire de Grenoble depuis 1983 et président du conseil général de l'Isère depuis 1985, rattache l'esprit de 1788 à la réputation de modernité et d'innovation exemplaire de la ville et de ses environs, acquise grâce aux aménagements urbains suscités par l'organisation des jeux olympiques d'hiver de 1968 et au développement de pôles scientifiques de premier plan, dont un projet de synchrotron européen arrêté en 1984. A cette même époque, en 1988, sont apparus les premières indices des nombreuses irrégularités de gestion ayant fini par conduire celui-ci en prison, une première fois en octobre 1994.
Bibliographie :
- Vital Chomel, Les débuts de la Révolution française en Dauphiné 1788-1791, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1988.
- Philippe Bordes et Alain Chevalier, Catalogue des peintures, sculptures et dessins. Musée de la Révolution française, Vizille, 1996.