Le bicentenaire de la Révolution française

24 juillet 1988
02m 41s
Réf. 00332

Notice

Résumé :

Ce soir, on commémore, dans le Dauphiné, la journée des Tuiles qui eut lieu en juillet 1788 et qui peut être considérée comme le tout début de la Révolution française. Cet événement n'est cependant, pas relaté dans les livres d'Histoire.

Date de diffusion :
24 juillet 1988
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Depuis le début des années 1980, le département de l'Isère et la ville de Grenoble se sont préparés à inaugurer dès l'été 1988 les célébrations nationales du bicentenaire de la Révolution française. En effet, l'émeute populaire à Grenoble contre les troupes royales le 7 juin 1788, dite « journée des tuiles » en raison des projectiles lancés des toits par les habitants de la ville, suivie par l'assemblée des représentants des trois ordres du Dauphiné le 21 juillet dans la salle du jeu de Paume du château de Vizille, quinze kilomètres au sud et la réclamation solennelle de la convocation des états généraux du royaume, constituaient ce que les historiens du 19e siècle ont appelé la Révolution dauphinoise. L'attachement des populations locales au souvenir de ces événements s'est manifesté fortement au moment du centenaire de 1888, puis par la suite ils ont été éclipsés dans la mémoire collective par les épisodes plus dramatiques de la révolution parisienne. Aux yeux des historiens de la Révolution, ces prémices réformistes ont paru bien tièdes par rapport à la radicalisation politique et à l'instauration de la république en 1792. En 1988, si c'est à tort que la commentatrice de la vidéo signale que l'importance de ces événements dauphinois « vient seulement d'être reconnue », il est vrai qu'une réévaluation était désormais favorisée par l'affaiblissement de l'historiographie marxiste de la Révolution et par le consensus chez les responsables politiques pour évoquer le moins possible les violences de la Terreur.

Le fait le plus marquant de la célébration de la Révolution en Isère fut la création du Musée de la Révolution française au château de Vizille, construit au début du 17e siècle pour le connétable de Lesdiguières, puis acquis par l'Etat au début du 20e siècle pour servir de résidence d'été au président de la République. La propriété du domaine, comprenant un grand parc, fut transférée au département de l'Isère en 1971. Décidée peu après l'élection de François Mitterrand en 1981, le projet de musée se fonda sur la constitution de collections d'œuvres d'art et de souvenirs historiques. Depuis l'ouverture des premières salles en 1984, des aménagements importants ont entièrement transformé l'intérieur du château en musée et centre de documentation.

Au cours de la vidéo, Alain Carignon, maire de Grenoble depuis 1983 et président du conseil général de l'Isère depuis 1985, rattache l'esprit de 1788 à la réputation de modernité et d'innovation exemplaire de la ville et de ses environs, acquise grâce aux aménagements urbains suscités par l'organisation des jeux olympiques d'hiver de 1968 et au développement de pôles scientifiques de premier plan, dont un projet de synchrotron européen arrêté en 1984. A cette même époque, en 1988, sont apparus les premières indices des nombreuses irrégularités de gestion ayant fini par conduire celui-ci en prison, une première fois en octobre 1994.

Bibliographie :

- Vital Chomel, Les débuts de la Révolution française en Dauphiné 1788-1791, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1988.

- Philippe Bordes et Alain Chevalier, Catalogue des peintures, sculptures et dessins. Musée de la Révolution française, Vizille, 1996.

Philippe Bordes

Transcription

Présentateur
Nous allons parler de plus en plus dans les jours et les mois qui viennent de la Révolution Française. Ce soir, presque jour pour jour, on commémore l’anniversaire de ce que l’on a appelé dans le Dauphiné la journée des Tuiles. Les historiens sont pratiquement tous d’accord pour dire qu’à Grenoble en 1788, le 21 juillet, pour être précis, commençait la Révolution Française. Josée Blanc Lapierre.
Journaliste
Regardez bien cette scène, elle ne figure pas dans les livres d’histoire, elle vient seulement d’être reconnue comme décisive dans le déclenchement de la Révolution Française. Grenoble, 7 juin 1788, les tuiles pleuvent sur les soldats du roi, le peuple fait front avec les notables contre un édit royal qui compromet le pouvoir judiciaire des provinces. Une réputation de berceau de la révolution, cela se mérite. 200 ans après, les notables dauphinois essaient d’être toujours promoteurs de réalisations et d’idées nouvelles.
Alain Carignon
C’est ici que jaillissent les idées nouvelles. Et que aujourd’hui, avec les technologies nouvelles, avec la culture, avec ce que nous faisons sur le plan social, le fait de garantir un minimum social de 3000 francs, de faire que ce soit le premier grand département qui l’ait fait, et bien ce sont des, cela participe des idées nouvelles. Cela fait que le Dauphiné et Grenoble gardent une longueur d’avance, tentent, ont l’ambition de montrer l’exemple à la Nation.
Journaliste
L’exemple, Grenoble l'a montré au monde entier en 1788. Le 21 juillet, l’esprit de la liberté souffle sur le Château de Vizille. Les 540 députés du Dauphiné se réunissent dans la Salle du Jeu de Paume. Sous la houlette de Barnave et de Mounier, l’assemblée exige la convocation des Etats Généraux. Les parlementaires veulent exprimer au roi les souhaits des français. Clergé, noblesses et tiers Etat n’ont pas été réunis depuis un siècle et demi et la liste des doléances est longue.
(Musique)
Journaliste
A la veille de la révolution, la société française est cloisonnée et croule sous la misère. En ville, les petits métiers sont insuffisants pour nourrir la population affamée. Le prix du pain est de 14 sous et demi, l’équivalent du minimum vital. Le roi s’étonne qu’il puisse exister des mendiants. Les nobles se tournent vers l’industrie et contrôlent la vie économique. Le Haut Clergé est inaccessible et symbole de richesse. Dans cette société en crise, la révolte est en marche. Quelques jours après l’assemblée de Vizille, le roi capitule. Il accepte de convoquer les Etats Généraux. Ce sera en mai 1789. Ce jour-là, la délégation du Dauphiné sera longuement applaudie. Grâce à elle, la France allait changer de couleur.