La séparation de La Grande-Motte de Mauguio
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Résumé
« Le torchon brûle » entre les habitants de La Grande-Motte et Mauguio, commune dont elle dépend administrativement. La parole est donnée à un représentant de la station balnéaire favorable à une séparation, et au maire de Mauguio qui la désapprouve.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
21 juil. 1973
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Contexte historique
ParProfesseur émérite de géographie
Comment La Grande-Motte, ville jaillie du néant, du sable et de l’eau, sans histoire ni passé a-t-elle pu écrire sa légende, construire son identité, s’inscrire dans la lignée des villes et villages du littoral ? Au début de la vidéo, la métaphore de l’enfant qui a grandi, souhaite donc voler de ses propres ailes, annonce le désir d’autonomie et d’indépendance de la station naissante. Au-delà des dessins et des esquisses que son architecte en chef Jean Balladur présente avec passion sur le plan médiatique, l’histoire de ce coin de terre battu par les vents se résume alors à quelques bribes de paysages. Le port et le Point Zéro ont été inaugurés en 1967, 1968 marque l’installation des premiers habitants perdus dans le désert. Quelques commerces suivront pour confirmer les avancées des chantiers qui cernent le plan d’eau et ses quais. En 1973, alors que la première pierre de la Grande Pyramide, futur symbole de la ville, vient d’être posée, des arguments sont mobilisés pour donner vie au discours d’indépendance.
Moins de dix ans ont suffi pour que prenne corps un argumentaire politique justifiant la nécessité de faire commune. Plus que le présent, n’est-ce pas le futur qui est largement évoqué en termes de tourisme, mais aussi d’habitat permanent ? La commune de rattachement de l’espace grand-mottois, Mauguio, n’est-elle pas éloignée et distante des préoccupations d’une cité en devenir ? Le village rural, au cœur de ses terres de culture, fortement marqué par la reconversion de son vignoble et ses liens avec les basses terres des bords d’étang — l’étang de l’Or — peut-il se projeter dans l’univers du tourisme de masse, du nautisme et de l’économie immobilière du lido ? Le doute est permis, les preuves pour une séparation largement développées par les tenants de l’autonomie. La vision futuriste accorde place à une dimension résidentielle qui justifie le besoin de séparation tant l’importance des problèmes administratifs et de gestion implique une prise en charge locale. L’antenne mise en place par la mairie de Mauguio ne répond pas aux impératifs du développement de la future cité selon les Grand-Mottois. À l’opposé, le maire de Mauguio, Théophile Luce, également conseiller général du canton, considère que sa commune en créant localement trois entités, un centre administratif, un office de tourisme et un centre technique pour faire face aux besoins de la population et maîtriser les exigences des chantiers, répond du mieux possible aux demandes locales. D’ailleurs, ajoute-t-il, en une vingtaine de minutes quiconque peut se rendre à Mauguio, ce qui n’est pas signe d’éloignement ou de distance insurmontable.
Deux versions s’affrontent donc et le responsable d’antenne soulignant les divergences — le torchon brûle
— annonce la mi-temps d’un match qui trouvera achèvement le 1er octobre 1974, avec la création officielle de la commune de La Grande-Motte. Un nom, un territoire, une population qui frôle le millier d’habitants permanents, la commune dessine son avenir. Sur la place du 1er octobre 1974, celle de la mairie, une plaque symbolisera les trois pouvoirs que Jean Balladur a souhaité donner à la commune naissante, le pouvoir temporel de la mairie, spirituel de l’église Saint-Augustin et celui du peuple, illustré par le centre culturel du Théâtre de verdure. Quelque 50 ans plus tard, retenons trois regards qui vont illustrer ce rapide cheminement de l’histoire de La Grande-Motte qui se construit entre indépendance identitaire et solidarité territoriale. Celui de l’autorité municipale qui voit sa commune se rêver en vraie ville, capable d’un grand projet, assumant son identité. Celui des médias qui classent facilement cette commune issue des vertiges des sixties[1] dans la catégorie « rétro » par ses ambiances délicieusement vintage. Celui enfin de la communauté de communes créée en 1993, devenue Communauté d’agglomération en 2012, traduisant bien les liens qui se tissent au-delà de la séparation. L’étang de l’Or — l’appellation originelle étang de Mauguio est peu à peu oubliée car moins signifiante — longtemps obstacle, devient témoin des appartenances. Il est vu comme ressource forgeant l’identité du Pays, le littoral de La Grande-Motte à Palavas étant devenu la clé de voûte du Pays de l’Or. Sans oublier enfin le génie créatif de son architecte et son apostrophe qui paraît clore le débat : Si j’étais Dieu je me méfierais des architectes. Ils sont les instruments subversifs du projet secret de l’espèce humaine : reconstruire le Paradis Perdu
(Jean Balladur).
[1] Dorane Vignando, « La Grande-Motte, vertige des sixties », Le Nouvel Observateur, 25 Août 2017.
Bibliographie
- Roger Becriaux, « La Grande-Motte capitale Mauguio », Le Monde, 5 Août 1972.
- Roger Becriaux, « La Grande-Motte veut larguer ses amarres », Le Monde 27 juillet 1974.
- Elsa Schellhase-Monteiro, La Grande-Motte, pour la petite histoire, La Grande-Motte, Point-virgule, 2010.
- Elsa Schellhase-Monteiro, La Grande Motte, une histoire et des hommes, La Grande-Motte, Point-virgule, coll. « Histoire et patrimoine », 2013.
Transcription
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