La nouvelle Floride
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Résumé
En 1963, l’État engage un vaste projet d’aménagement du littoral du Languedoc-Roussillon afin d’y retenir les touristes qui ne font qu’y passer. Olivier Guichard, délégué à l’Aménagement du territoire, précise le rôle de l’État, des collectivités locales et des investisseurs privés. À l’ère de la civilisation des loisirs
, la côte languedocienne doit devenir une nouvelle Floride
.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
12 juil. 1963
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Contexte historique
ParProfesseur émérite de géographie
La mer, la mer, toujours recommencée
(Paul Valéry, Le cimetière marin
, Nouvelle revue française, 1920)
Cette mer qui fascine, représentation de l’infini du temps et de l’espace, est à la source de cette révolution qui se prépare tout au long de la côte languedocienne
ainsi que le titre Paris Match dans son numéro 799 du 1er Août 1964. L’article « Voici la Floride de demain : le Languedoc » est riche d’évocations et de visions d’un futur qui se construit à partir de stations nouvelles à l'architecture fantastique, bien en harmonie avec une civilisation nouvelle : celle des loisirs. Les quelque 200 km de littoral languedocien et roussillonnais — 80 km pour la côte héraultaise — ne profitent guère de la manne touristique malgré les flux saisonniers des congés payés. Le vent, les moustiques, les zones lagunaires insalubres et le peu de structures d’accueil, si ce n’est quelques installations de campings, ne plaident pas en faveur du littoral. Le Languedoc vit alors plus de la vigne que du tourisme et en Hérault, les universités de Montpellier sont au cœur de la dynamique de la capitale, face à Béziers capitale du vin.
Le premier grand projet d’aménagement concerne d’ailleurs la création, en 1955, de la Compagnie nationale d’aménagement du Bas-Rhône Languedoc (CNABRL) sous la présidence de Philippe Lamour [1] pour irriguer quelque 25 000 hectares de terres gardoises puis héraultaises, et assurer la reconversion du vignoble. Captée dans le Rhône, l’eau est reversée dans un canal depuis la station de pompage Aristide Dumont à Pichegu (commune de Bellegarde) sur la Costière gardoise. Au-delà de l’irrigation facteur clé d’une nouvelle mise en valeur agricole, l’eau du Bas-Rhône permettra l’aménagement touristique du littoral languedocien, notamment de la station de La Grande-Motte.
Olivier Guichard, Délégué de la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale) précise le sens de l’intervention de l’État et le rôle de la Mission Racine mise en place en 1963. Les images dévoilent des paysages de nature et d’eaux avant la décision d’aménagement : une côte sauvage et insalubre de marais et d’étangs où le domaine de La Grande-Motte offre de vastes espaces aux chevaux et rappelle la Camargue voisine. Des lieux vierges qu’il faut desservir, équiper, coloniser en quelque sorte, pour en faire un noyau attractif, moderne et de haute qualité urbaine et environnementale, le chaînon principal de la « Nouvelle Floride », image future du littoral languedocien. Le processus d’aménagement tient en une étroite armature techno-économique qui associe, dans un premier plan, l’État pour les infrastructures, les collectivités locales — le Département —pour assurer la maîtrise du foncier, par l’outil technique des sociétés d’économie mixte (SEM) telles la SADH (Société d’aménagement du département de l’Hérault) active dans l’unité touristique de La Grande-Motte / Palavas, et la SEBLI (Société d’équipement du Biterrois et son Littoral, Viaterra depuis 2016) pour la station du Cap d’Agde. Les capitaux privés viennent ensuite pour construire, sur les plateformes foncières délimitées, l’immobilier de loisirs selon les plans des architectes en chef de chaque station.
La « Nouvelle Floride » dessine progressivement une armature de stations urbaines et de loisirs : portuaires pour la plaisance, reliées aux villes de l’intérieur et à l’autoroute A9 par un nouveau réseau routier, séparées entre elles par de vastes étendues non constructibles. Les paroles, les récits construits de toute pièce, avant les travaux, lors des premières réalisations, tout au long de l’avancée des chantiers, notamment des ports, vont progressivement installer les stations nouvelles dans cet univers des loisirs et du tourisme balnéaire. Les images futuristes que Paris Match a projetées pour illustrer le développement futur du littoral languedocien sont bien en accord avec la montée en puissance du tourisme et des loisirs au sein de la société des Trente Glorieuses.
[1] Stéphane Bonnefoi, « Un canal nommé Lamour, Histoire de l’eau au XXème siècle 2/4 », La fabrique de l’histoire, France Culture, 22/05/2012, 53 min.
Bibliographie
- « Voici la Floride de demain : le Languedoc », Paris Match, N°799, 1er août 1964.
- Pierre Racine, Mission impossible ? L’aménagement touristique du littoral Languedoc-Roussillon, Midi Libre édition, 1980.
Transcription
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