Présentation de l'architecture de La Grande-Motte par Jean Balladur
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À l’aide de croquis, exécutés pour certains devant la caméra, Jean Balladur, architecte en chef de La Grande-Motte, explique le choix des pyramides et des formes qui en animent les façades : une alternance de courbes et de lignes droites. Le matériau de construction, le béton, se prête parfaitement à ce projet.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
22 juil. 1973
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Contexte historique
ParProfesseur émérite de géographie
La vie n’est pas une affaire de raisons. Pourquoi, diable, la ville le serait-elle ?
(Jean Balladur)
Le 24 octobre 1967, le Général de Gaulle visite les grands chantiers de la Mission Racine en Languedoc-Roussillon, notamment celui de la future Grande-Motte. La présentation du projet achevé, il interroge Jean Balladur l’architecte : En somme, Monsieur l’architecte, vous voulez nous faire un nouveau Palavas ici ?
. La comparaison étonne Jean Balladur qui, se ressaisissant, précise : Non, pas tout à fait, mon Général, ce sera autre chose
[1]. Cette autre chose, c’est tout d’abord le choix d’une architecture audacieuse et inédite qui suscitera, au début, une hostilité que l’architecte reconnaît tant elle parait étrange, surréaliste, « farfelue ». Pour lui, la forme pyramidale, image de la dune, habille tout en douceur l’horizontalité du littoral, selon une composition qui ne cesse d’offrir des vues sur les horizons maritimes et l’arrière-plan des reliefs régionaux, Pic Saint-Loup et Cévennes. Les pyramides créent un paysage de lignes qui s’assemblent en évitant de se faire ombre ; à leur pied la nature est recomposée pour une synthèse des lieux à la mesure des corps des futurs estivants, des promenades aux pas des promeneurs
[2]. Le béton accorde liberté de création car c’est une boue liquide qui n’a pas de forme et qui prend la forme du moule dans lequel on le coule. On peut donc lui donner toutes les formes imaginables
(Jean Balladur). Voile sommital, refends, résilles des balcons et loggias, pente accusée des lignes latérales des pyramides, en courbe ou plus rectilignes pour assurer des transitions, bonnets d’évêque et conques de Vénus pour les immeubles de la Motte du Couchant, multiplient les éléments de modénatures et témoignent d’une grande liberté de création. Jusqu’à reconnaître que le béton supporte docilement tous les caprices formels des architectes
.
Ce dialogue avec l’espace même des lieux de création, Jean Balladur l’illustre par ses dessins et ses écrits qui ne sont pas sans rappeler les souvenirs de ses voyages — les pyramides tronquées du site de Teotihuacan, le béton en courbes et variations de la Brasilia de Niemeyer — les audaces architecturales de Le Corbusier et l’esthétique de Mies van der Rohe. On y repère aussi les souvenirs et empreintes de sa formation de philosophe auprès de Jean-Paul Sartre, sa collaboration à la revue Les Temps Modernes. Ils témoignent enfin de son regard vers les Cévennes et le Pic Saint-Loup, la Grande Pyramide en étant le dessin inversé. Tout ou presque à La Grande-Motte relève de sa présence et du travail initié pendant plus de 20 ans avec son équipe d’hommes et de femmes de l’art, pour que la ville neuve assise ex abrupto sur la mer
puisse construire son histoire par ses formes, sa composition urbaine, son paysage. Au cœur des Trente Glorieuses et des courants de l’architecture contemporaine, La Grande-Motte, œuvre architecturale en rupture avec le modernisme, s’affirme novatrice et s’inscrit dans les courants du post-modernisme par les multiples facettes de l’idée de liberté qui préside à son émergence. Présentant ses dessins, Jean Balladur définit lui-même les lignes de force de sa cité des dunes, la liberté de choix, le dépaysement et la maîtrise du climat, soit ici le vent et le soleil. Prémices d’une architecture liée avec mesure à la technique et au fonctionnel, mais écologique par son rapport au milieu naturel et soucieuse d’ouvrir, dès sa fondation, la trajectoire d’une histoire à écrire.
La Grande-Motte, oasis du soleil, paradis du piéton… Jean Balladur livre sa propre démarche : Je cherchais à planter un décor heureux, c'est-à-dire libre du présent comme du passé [...]. J'embrassais l’hérésie
.
[1] CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de l’Hérault), La cité des dunes
[2] Jean Balladur, La Grande-Motte, l'architecture en fête ou la naissance d'une ville, éd. Espace Sud, 1976
Bibliographie
- Jean Balladur, La Grande-Motte, l'architecture en fête ou la naissance d'une ville, éd. Espace Sud, 1976
- Odile Texier-Besème, Hébraud Frédéric, La cité des dunes, CAUE de l’Hérault, 2010
- « Unité touristique de la Grande Motte Hérault, 1964-1983, Jean Balladur », Cité de l’architecture [en ligne] (Mise à jour 09/2017). Site internet : https://www.citedelarchitecture.fr/sites/default/files/documents/2017-09/fo_grandemotte_def.pdf
- Etienne Beurier,
La Grande Motte : de la station balnéaire à la ville durable
dans Le Moniteur, 08 juillet 2011.
Transcription
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