La Mission Racine aujourd'hui
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Près de 40 ans après la Mission interministérielle, Pierre Racine, ancien directeur, et Pierre Raynaud, ancien secrétaire général, ont le sentiment que la mission a été accomplie
. Mais alors que la pression démographique se fait de plus en plus importante, une nouvelle mission d’aménagement du littoral, dirigée par Claude Allet, est créée.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
05 mai 2002
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Contexte historique
ParProfesseur émérite de géographie
L'heure est à la grande toilette, dans un contexte d'intense pression foncière
(Le Monde, 30 juin 2003).
Le 9 juillet 2001 le Comité interministériel d’aménagement et de développement du Territoire (CIADT)[1], réuni à Limoges, crée une nouvelle mission interministérielle qui sera installée à Montpellier dès le mois d’octobre, avec à sa tête Jacques Guiu [2] comme président et Claude Allet [3] en tant que directeur. Son objectif est d’élaborer en six ans une stratégie globale d’aménagement et de mise en valeur du littoral languedocien et catalan, d’apporter une réponse décisive au vieillissement des stations, mal adaptées à la nouvelle demande sociale et à la dégradation des conditions environnementales, notamment à l’érosion du lido sableux. En quelque sorte, finaliser une nouvelle pensée d’aménagement du littoral
ainsi que l’écrit Jean Lelong dans Le Moniteur du 02/11/2001. La Mission dressera en deux ans un plan d’actions réunissant quinze lignes programmatiques de développement durable, en association avec les collectivités locales pour leur mise en chantier.
Elle témoigne du glissement d’un cadre d’action directement dépendant de l’État à une plateforme ouverte aux idées nouvelles de concertation et de partenariat avec les acteurs régionaux et locaux. Dans un article portant sur « Les dynamiques territoriales dans le couloir languedocien » [4] notamment sur le littoral et ses stations, Claude Allet souligne le paradoxe d’un espace très attractif (63 millions de nuitées en 2001), riche d’une dynamique exceptionnelle fondée sur des atouts reconnus, mais loin de savoir et pouvoir optimiser la gestion de ses propres ressources. Les rentes patrimoniales, foncières et immobilières, sont au cœur du système de gestion peu professionnalisé du tourisme alors que les collectivités locales sont confrontées à la modernisation indispensable des stations, face aux désirs nouveaux des usagers et à la montée en puissance de la résidentialisation. Les représentations d’un littoral bon marché peuvent enfin conduire à des excès de fréquentation et à un scénario de l’inacceptable qui concerne l’avenir des stations, tant en termes de qualité du cadre de vie que de la dégradation des ambiances environnementales. Il définit clairement le rôle de la Mission qui doit conduire une politique de re-développement et de transfert d’image et d’action.
Il convient tout d’abord d’inverser l’image d’un tourisme de masse basé sur le tout balnéaire et des produits immobiliers standardisés dans le cadre d’une nouvelle Mission œuvrant collectivement dans le souci d’un développement durable et dans le respect de l’environnement, la nature étant la clé de voûte de la réussite. C’est là une nouvelle ambition pour le littoral
qui doit associer les stations le long du linéaire de la côte, équipées et accueillantes, les espaces naturels des dunes, des lagunes et étangs, des collines bordières, le chapelet d’agglomérations du rétro-littoral étroitement reliées aujourd’hui à leurs plages et stations. L’avenir doit être celui d’un territoire urbain spécifique, de haute qualité environnementale
, axé sur un mode de vie méditerranéen
, où ville-vacances, ville-loisirs et ville-travail seraient généreusement imbriquées. En deux ans, la Mission proposera donc un plan de développement autour de quatre orientations qui en définissent le fondement :
- Gérer collectivement le capital environnemental et culturel comme ressources essentielles
- Maîtriser la croissance urbaine en liaison avec la protection environnementale
- Promouvoir les activités économiques et les qualités du cadre de vie
- Renforcer l’attractivité par la valorisation des identités locales fondées sur l’alliance littoral/rétro-littoral
Protéger le capital environnemental et faire que les stations soient par excellence le lieu du renouvellement urbain constituent les deux lignes de force du programme de la Mission. En ce sens, elle anticipe les orientations futures du littoral héraultais, de La Grande-Motte et du Cap d’Agde transformant leur cadre de vie, des plages, étangs et collines à protéger, des villes du rétro-littoral aux sources de la résidentialisation. C’est la vision d’un tourisme alternatif avec l’idée de construire une économie touristique des « quatre saisons ».
Repenser la logique du développement touristique, insérer dans le renouveau urbain 195 000 résidences secondaires sous-utilisées (10 semaines par an en moyenne), rénover 12 000 meublés labellisés en 10 ans, moderniser les stations, réaliser des centaines de kilomètres de pistes cyclables, créer 25% d’emplois touristiques salariés supplémentaires et plus de 5000 nouveaux lits marchands, accélérer la dynamique portuaire… A travers la Mission Racine bis, Le Languedoc-Roussillon voit grand
(Le Monde).
[1] CIADT, Comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire, mis en place en 1995 (décret N° 95-414 du 19 Avril)
[2] Jacques Guiu, ancien commissaire à l’aménagement des Pyrénées et ex-président de la mission d’aménagement du Grand Sud-Ouest
[3] Claude Allet, polytechnicien et ingénieur général des Ponts et Chaussées, ancien directeur délégué de la Direction régionale de l’équipement. Il sera nommé Président du Directoire du groupe BRL (Bas-Rhône Languedoc) en 2004
[4] Claude Allet, « Comprendre les dynamiques territoriales, le littoral et ses stations », dans L’évolution des transports dans la vallée du Rhône et le couloir languedocien, Les Rapports, publication du conseil général des Ponts et Chaussées N° 2002-0135-01, Décembre 2002. pp. 25-33
Bibliographie
- Claude Allet, « Comprendre les dynamiques territoriales, le littoral et ses stations », dans L’évolution des transports dans la vallée du Rhône et le couloir languedocien, Les Rapports, publication du conseil général des Ponts et Chaussées N° 2002-0135-01, Décembre 2002. pp. 25-33
- Claude Allet, « Réflexions d'un gestionnaire : les politiques d'aménagement des territoires : cas du littoral du Languedoc-Roussillon », in X. Lafon et S. Treyer (dir.), Prospective du littoral, prospective pour le littoral. Un littoral pour les générations futures, Paris, La Documentation française, 2009, pp. 255-269
- Claude Allet, « Pas de développement durable sans action coordonnée. L'exemple du Languedoc-Roussillon », Revue Espaces Tourisme et loisirs, N° 212, 2004, 3 pages
- Jean Lelong, « Repenser l'aménagement du littoral », Le Moniteur, Languedoc-Roussillon, paru le 02/11/2001
- Anthony Jones, « La seconde révolution touristique du Languedoc-Roussillon », Le Monde, paru le 30/06/2003
Transcription
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