La Grande-Motte avant les aménagements touristiques
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Début 1964, la réalisation de la station touristique de La Grande-Motte est annoncée. Le long du canal du Rhône à Sète, ce reportage présente les cabanes, leurs habitants et leur mode de vie, comme les vestiges d’une époque révolue vouée à disparaître afin de laisser place au progrès et au temps des vacances.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
31 janv. 1964
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Contexte historique
ParDirecteur de recherche CNRS, Laboratoire ART-Dev UMR 5281
Le calme avant la tempête, la tradition avant la modernité, l’archaïsme avant le progrès, c’est dans ces entre-deux du temps de l’aménagement touristique du littoral languedocien avec la station de La Grande-Motte qu’est présenté l’étang de l’Or, le canal du Rhône à Sète et ses habitants. Cet ouvrage consacré à la navigation fut construit à partir de la fin du XVIIIe siècle pour relier la Méditerranée et le Rhône à la Garonne et l’Atlantique. En 1964, c’est l’espace des cabanes, des constructions rudimentaires servant traditionnellement et de manière temporaire à entreposer le matériel de pêche. Un habitat « refuge » pour les populations, blotti au milieu des marais que l’on pense et présente hors du monde, une parenthèse dans un espace qui va basculer dans le tourisme de masse. Le canal est situé entre l’étang de Mauguio, nommé aussi étang de l’Or, en souvenir d’une richesse médiévale passée et la mer Méditerranée, à proximité immédiate du domaine agricole de la Motte sur lequel sera érigée, à partir de 1964, la station balnéaire pensée par l’architecte Jean Balladur, avec comme étendards ses célèbres pyramides.
Chasseurs de foulques, pêcheurs d’anguilles et de daurades, éleveurs ainsi que la passeuse qui assure la traversée d’une rive à l’autre, vivent dans une temporalité que le commentateur présente comme suspendue au milieu d’une nature sauvage et indomptée que seuls chevaux, canards et taureaux (mais aussi les moustiques !) fréquentent également. Cabanes historiques d’un côté et pyramides à venir de l’autre, le contraste et la symbolique sont saisissants. Deux mondes et deux identités que tout oppose et qui, pour le premier, va devoir s’effacer pour laisser la place à la Mission Racine et ses équipements. La tradition est bien une innovation qui se réinvente au fil du temps. Ironie de l’histoire, ces célèbres cabanes, vouées aux gémonies par une œuvre architecturale qui se voulait modernisatrice, sont aujourd’hui toujours présentes dans le paysage littoral, malgré les coups de boutoir répétés de l’État. Deux formes de patrimoine qui cohabitent désormais et dont les cabanes sont pour certains, le symbole d’une résistance toujours vivace à un modèle de développement qui a profondément et durablement reconfiguré l’environnement mais aussi l’économie et la société du Languedoc et du Roussillon.
Transcription
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