Le Cap d'Agde au salon du tourisme
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36 15 CAPAGDE : Au salon du tourisme 1988 de Paris, la station balnéaire du Cap d’Agde est à l’honneur : elle sera la première de France à gérer une centrale de réservation télématique. Cette technologie de pointe mettra en relation les professionnels de l’hébergement et les clients potentiels via le Minitel. Le maire d’Agde, Pierre Leroy-Beaulieu, se réjouit de ce partenariat avec le secteur privé.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
20 févr. 1988
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Paringénieur d’études, ART-Dev / Céreq
Les premières images sont anodines. Des visiteurs passent de stand en stand dans un salon comme il en existe tant. C’est la semaine du tourisme et du voyage à Paris, un rendez-vous important où les professionnels vantent toutes sortes de destinations, nationales et internationales, auprès de clients potentiels et profitent de l’occasion pour échanger entre eux sur leurs pratiques. Comme chaque année, la région Languedoc-Roussillon est représentée avec comme étendard, cette fois, le Cap d’Agde.
Cette station est relativement récente. Sa construction, décidée en 1963 dans le cadre de la mission Racine, a réellement commencé en 1970. Cela ne s’est pas fait sans mal, du fait notamment de la résistance des petits propriétaires opposés aux expropriations. Au moment du reportage, en 1988, les tensions se sont apaisées et la station bénéficie déjà d’une certaine notoriété, due notamment à son centre naturiste. Mais cette image du Cap d’Agde est tronquée et, par bien des aspects, clivante. Sous l’impulsion du maire d’Agde, Pierre Leroy-Beaulieu, le Cap d’Agde entend toucher un public plus large et mettre en avant la modernité de la station. A l’époque, le Minitel incarne justement une modernité [1] à la portée du plus grand nombre. Il facilite un certain nombre de démarches et ouvre le champ des possibles, tant du côté des particuliers que des professionnels. Dans le domaine touristique, l’idée de toucher autrement les clients potentiels via le Minitel fait son chemin. Des expérimentations ont d’ailleurs été initiées en ce sens dans quelques stations de sport d’hiver alpines. Le Cap d’Agde, à son tour, entend dynamiser la centrale de réservation gérée par son office de tourisme.
De là à croire que le Minitel peut contribuer à tisser des liens à distance, il n’y a qu’un pas. L’enjeu est de taille car s’il est un domaine où il convient de parler de « servuction », c’est bien celui de l’expérience touristique. En effet, les prestations de nature touristique (ou perçues comme telle par le consommateur) ne prennent corps et n’acquièrent une valeur que par la participation du client aux services achetés. Le client n’en est pas seulement le bénéficiaire, il en est aussi le coproducteur. Le personnel de contact (agents de comptoir dans une agence de voyages ou un office de tourisme par exemple) est dès lors essentiel pour initier cette coproduction et en fixer les limites mais cela ne suffit plus dans les années 1980. Mettre en lien l’office de tourisme du Cap d’Agde avec des touristes potentiels contribue à élaborer un environnement plus attractif et évolutif où le client a le sentiment d’avoir la main, d’être acteur de son expérience touristique.
Le maire d’Agde comprend que le tourisme s’industrialise, qu’un mouvement de concentration et de globalisation des activités touristiques prend forme et que les majors qui émergent risquent d’imposer à une partie croissante des professionnels et des destinations touristiques leurs systèmes d’information, de réservation et de gestion. L’enjeu est d’être dans le marché et, pour ce faire, la station du Cap d’Agde se doit d’être interconnectée. Les acteurs touristiques du Cap d’Agde doivent s’aménager des marges de manœuvre de manière à ne pas se laisser imposer les règles du jeu par d’autres. Cela passe par un développement du marketing territorial (la présence au salon de Paris en témoigne) et la mise en place d’un partenariat entre la municipalité, plus précisément son office de tourisme, et des acteurs privés (hôtels, campings, locations de meublés, activités sportives, culturelles et de loisir, etc.).
L’interview du maire se termine de façon plus classique par une communication sur l’ouverture prochaine d’un golf et d’un casino et l’espoir d’accueillir les jeux méditerranéens. Ces derniers auront finalement bien lieu, en 1993, en Languedoc-Roussillon et la ville d’Agde sera retenue pour la cérémonie d’ouverture. Ce sera, selon le mot de Pierre Leroy-Beaulieu, la deuxième ville grecque, après Athènes
à accueillir les jeux méditerranéens [2].
[1] Le Minitel était un terminal informatique équipé d'un clavier, d'un écran de visualisation et d'un modem incorporé. Distribué sur abonnement à partir de 1982 en France, il donnait accès aux services du Télétel, services préfigurant ceux du futur Internet, qui ont été définitivement suspendus le 30 juin 2012.
[2] La ville d’Agde a une longue histoire. Des populations sont attestées dès la fin de l'âge du bronze sur le site de La Motte. Surtout, les Phocéens sont présents au VIeme siècle avant Jésus-Christ. Ces derniers sont venus de Massalia (nom grec de Marseille dans l'Antiquité). On comprend mieux dès lors le mot du maire à propos de sa ville « grecque ».
Transcription
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