Traversée de Sète à la nage
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Résumé
La traversée de Sète à la nage se pratique dans le canal Royal. Arrivés ex-aequo, les deux vainqueurs, une jeune fille et un jeune homme, commentent les difficultés rencontrées dans une eau froide et plutôt sale. Le président du club organisateur présente le concurrent sétois, arrivé quatrième.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
27 août 1975
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Contexte historique
ParProfesseur honoraire, agrégé d’EPS, docteur en sociologie
Rite initiatique pour les jeunes Sétois ou divertissement festif pour les spectateurs, la traversée de la ville à la nage par le canal Royal est devenue l’un des éléments médiatiques de la Saint-Louis, principal événement identitaire de la cité. Il importe pour chacun de s’en imprégner par tous les sens, plus particulièrement la vue et l’ouïe, mais l’odorat a aussi son importance, car les traces olfactives de la pêche et de la mer sont omniprésentes.
Avant la course, c’est d’abord le brouhaha de la foule massée le long des quais, debout ou confortablement installée sur la terrasse des débits de boissons. Des dizaines de barques sont amarrées aux anneaux des quais et offrent un emplacement privilégié, à quelques mètres du passage des nageurs. Pour éviter les bousculades, certains propriétaires ont invité leur famille et les amis à venir s’y s’installer. Mais, il ne faut pas oublier les gradins aménagés par la municipalité qui permettent une vue plongeante sur le canal, ce qu’apprécient les nombreux touristes ou invités de marque. Nous sommes bien devant un spectacle, celui de la jeunesse qui s’affirme dans une confrontation amicale.
A Sète, la construction identitaire se réalise dans un rapport étroit avec la mer [1]. En effet, depuis l’inauguration du port en 1666, la commémoration de l’événement est marquée par des jeux nautiques, dont les joutes sétoises [2], et plus récemment la traversée de la ville à la nage, le long du canal Royal.
Si la mémoire collective fait remonter la première épreuve à 1900, ce n’est qu’en 1908 qu’elle est citée dans la presse. Le Petit méridional du mardi 1er septembre publie un communiqué fondateur : Désireuse de propager dans une large mesure le goût de la natation à Cette, l’olympique de Cette, aidée par la municipalité, organise le mardi 1er septembre à 3 heures de l’après-midi, une épreuve dénommée traversée de Cette à la nage
. Le jour suivant, ce même journal publie le compte rendu détaillé de la course et cite le vainqueur, Louis Vayre [3], qui a parcouru les 1850 m en 29 minutes. Sa récompense est une médaille de vermeil. Originaire de Sète, il devance un Marseillais et un Narbonnais… ce qui témoigne déjà de l’intérêt régional de l’épreuve. Celle-ci aurait été précédée en 1907 par un championnat de France organisé par l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques (USFSA), sur un parcours de 4 km, en bordure du littoral sétois. Est-ce l’élément incitateur de cette traversée de ville ?
Exclusivement masculine à ses débuts, la traversée est accessible aux femmes à partir de l’édition de 1922 (6 femmes et 30 hommes).
Jean-Marie Appenzeller, speaker de la traversée depuis plus de 50 ans, se souvient plus particulièrement de la commémoration du Tricentenaire de la ville, en 1966, qui a rassemblé plus de 400 nageurs ! Pris entre la mer et l’étang de Thau, le canal Royal est sous l’influence de courants qui vont de l’étang vers la mer ou s’inversent en fonction du vent et de la température de l’eau. Lorsque le courant vient de la mer, la traversée s’effectue depuis le môle Saint-Louis jusqu’au pont Sadi Carnot. Si le courant vient de l’étang, la traversée s’effectue dans le sens inverse. C’est ce que nous observons sur l’extrait vidéo de cette 55e traversée. Après un contrôle des inscriptions, les 150 nageurs se rassemblent sur le quai situé à la base du pont. Un premier départ concerne les « ondines » (filles) et le second, les « tritons »(garçons). Le parcours est balisé par des bouées du journal Midi Libre, l’un des partenaires du club organisateur de l’épreuve, les Dauphins de Sète. Le speaker commente le déroulement de l’épreuve en identifiant les concurrents à partir du numéro des bonnets de bain et en situe leur position dans la course. Des encouragements envers les nageurs fusent de la foule, surtout pour les Sétois, tel Jean-François Venturi qui terminera quatrième.
Les vainqueurs de cette édition de 1975 sont Gilles Chalandon du CN Le Vigan et Sabine Merle de Tullins. Ils font part de ce qu’ils ont ressenti pendant la course, en relèvent le froid et le manque de repères à l’arrivée. En conclusion, le président du club organisateur, René Fonquerne, exprime sa satisfaction sur le déroulement de l’épreuve et valorise le jeune Sétois Venturi, espoir de la natation française.
[1] La société nautique de Cette (yachting) a été fondée en 1862, les bains de mer sur le littoral sont pratiqués depuis 1865 et l’aviron cettois organise des régates dès 1895. Ce qui n’occulte point l’émergence du football dès 1900…
[2] Aujourd’hui, pour les différencier avec les autres types de joutes, et en montrer le rayonnement, on les nomme joutes languedociennes.
[3] Né en 1887, soit 21 ans en 1908. Il n’exerce pas de profession. Il est le fils d’un marin de la Compagnie Cambon à Sète. (ADH, recensements 1906). Il est un des organisateurs de l’épreuve et gère les inscriptions.
Remerciements à Jean-Marie Appenzeller.
Bibliographie
- Christian Guiraud, Le comité du Languedoc de l’USFSA, Montpellier, Études héraultaises, 2010.
- Guy Laurans, Le sport, champions et compétitions, Montpellier, Études Héraultaises, 2010.
Transcription
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