Première transplantation de Posidonies
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Une tentative de reconstitution de prairies sous-marines de Posidonies est expérimentée au large de La Grande-Motte. Véritables « poumons de la mer » ces plantes, qui servent également de nurseries aux poissons, ont été cultivées en laboratoire. Un groupe de scientifiques et de plongeurs implantent pour la première fois deux plateaux de Posidonies au fond de l’eau.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
17 nov. 2013
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Contexte historique
ParChercheur CNRS (Centre national de la recherche scientifique) au CEFE (Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, Montpellier)
Les Posidonies, ainsi nommées en référence à Poséidon (le dieu grec de la mer), sont des plantes à fleurs qui caractérisent la Méditerranée sous-marine tout comme l’olivier est l’arbre-symbole de la Méditerranée continentale. Aussi appelée Herbe de Neptune, ce n’est pas une algue mais bien une plante vasculaire [1] enracinée qui forme de grandes prairies jusqu'à 40 mètres de profondeur. L’espèce endémique Posidonia oceanica est fondatrice de l’un des écosystèmes les plus importants de la mer Méditerranée.
Les herbiers de Posidonie offrent substrat, abri, frayère et nourriture pour la faune. La biodiversité y est particulièrement élevée. Ils constituent un habitat privilégié pour des espèces fragiles comme l’hippocampe et d’autres poissons, qui les utilisent comme nurserie et source de nourriture. Ils rendent également de nombreux « services écosystémiques » (bienfaits et services que les hommes tirent d’un écosystème) et sont considérés à ce jour comme l’écosystème le plus utile à l’Homme.
Véritables « poumons » de la mer Méditerranée, ces herbiers produiraient plus d’oxygène que la forêt amazonienne. Ils constituent également un puits de carbone majeur, à court et à plus long terme, contribuant ainsi à atténuer les rejets anthropiques : le carbone qu’ils stockent représenterait environ 25 % des émissions de dioxyde de carbone produites par les pays méditerranéens depuis le début de la révolution industrielle. Par ailleurs, ces forêts sous-marines protègent le littoral de l'érosion en stabilisant les fonds meubles, limitant aussi la turbidité. Leurs feuilles mortes échouées sur les plages contribuent à un système unique plage-dunes qui protège les côtes de l’érosion.
Posidonia oceanica a probablement bénéficié d’un refuge climatique en zone centrale de la Méditerranée lors de la dernière glaciation. Certaines de ces prairies sous-marines peuvent mesurer 15 km de large et leur âge peut atteindre les 100 000 ans. Fragile et vulnérable, sensible à la salinité et à la température, elle est aujourd’hui menacée par les excès des humains (pollution, dérangement, arrachage dû aux ancres des bateaux de plaisance et aux arts de pêche traînants, bétonnage du littoral, surpêche...), ainsi que par les invasions biologiques et le changement climatique. Malgré sa robustesse historique, elle n’a jamais vécu une telle vitesse de changement de climat : la Méditerranée se réchauffe actuellement trois fois plus vite que le reste du monde et les prairies de Posidonie (cartographiées depuis le XIXe siècle) diminuent d’environ 5% par an.
La Grande-Motte, ville créée de toutes pièces dans les années 60 avec son port de plaisance et sa station balnéaire, est un exemple de modification brusque de l’implantation humaine et donc de perturbation de l’environnement, même si des précautions écologiques innovantes ont été prises lors de sa construction.
Ce reportage décrit une opération de transplantation de Posidonies réalisée conjointement par des scientifiques, des professionnels de plongée et des structures de gestion de l’eau et conservation de la nature. Des plantes adultes récoltées dans la nature et des plantes issues de graines venues de Corse et élevées en laboratoire ont été plantées sur un plateau posé ensuite sur un tapis artificiel, au large de La Grande-Motte.
D’autres protocoles de repeuplement ont été testés plus récemment, notamment en Italie et en Tunisie. En France, la DIRM [2] Méditerranée, l’Office français de la biodiversité, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, la Région Occitanie, la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et l’Office de l’environnement de la Corse, coordonnent ensemble des projets pour réduire l’impact des ancres des navires de plaisance sur les herbiers de Posidonie et développer la mise en place de zones de mouillages organisées, avec des dispositifs d’ancrage écologique, conciliant la préservation des herbiers et la plaisance dans le respect des nouvelles réglementations.
La connaissance de l’état de santé de la Méditerranée et de ses réactions vis-à-vis des pressions qu’elle subit est indispensable pour guider les actions de préservation. De nombreux dispositifs de surveillance et programmes de recherche y contribuent, et la côte méditerranéenne est la façade française la plus surveillée. On peut espérer que les efforts conjugués de scientifiques, professionnels et décideurs permettront de préserver cet écosystème précieux que sont les prairies de Posidonia oceanica.
Remerciements à Vincent et Guillaume Guidotti du club de plongée La palanquée de La Grande-Motte pour leurs images.
[1] Plantes dotées de vaisseaux conducteurs assurant la circulation de la sève et de l’eau. Les algues en sont dépourvues.
[2] Direction Interrégionale de la Mer.
Transcription
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