Merathon : une compétition de kayak de mer à Palavas

En 1989, Yvon Carluer est le président fondateur du Palavas Kayak Mer (PKM) en collaboration avec deux amis, Michel Rozelet et Pierre Gilbert. L’implantation de cette activité, nouvelle en Hérault, a été facilitée par le dynamisme de toute une équipe qui n’a pas hésité à se lancer dans la construction de kayaks de mer en polyester à partir de moules prêtés par Jean-François Jelh, fabricant local. Cet équipement de base a permis le démarrage de l’activité. Le club va très rapidement compter près de 80 adhérents, dont 25 % de femmes.

Dès la première année l’esprit compétitif des dirigeants s’oriente vers l’organisation d’une première épreuve locale : la traversée de Palavas-les-Flots. Les participants utilisent des kayaks de descente de rivière ou de slalom dont l’usage est déjà très répandu sur les fleuves côtiers de l’Hérault. Le parcours s’effectue depuis la rive gauche de la station balnéaire, contourne une bouée placée à 400 m de la plage, remonte le cours du Lez jusqu’au port intérieur et revient au point de départ après avoir viré autour d’une autre bouée.

Les 28 et 29 août 1999, le premier championnat de France de merathon sera disputé en Bretagne, à Brest. Il s’agit d’une compétition sur longue distance, comparable au célèbre marathon sur route. le PKM et le plan d’eau de Palavas-les-Flots ont été choisis par la Fédération française de canoë-Kayak (FFCK) pour la mise en place de la sélection des candidats en zone méditerranéenne.

Le 18 avril 1999, les concurrents de ce premier merathon palavasien se rassemblent sur l’avant-port pour effectuer le contrôle de conformité de leur matériel. Sur le podium, Caroline Jehl, aujourd'hui vice-présidente de la FFCK, prend la parole au nom du comité d’organisation et donne les dernières instructions de course. À sa gauche, au premier plan, Yvon Carluer, président du comité départemental de Canoë-Kayak et du PKM, veille au bon déroulement de l’épreuve. 

La navigation implique de posséder une boussole pour maintenir le cap, car au niveau de la mer la visibilité est limitée. Les embarcations sont également dotées d’un bout (terme marin qui désigne une corde) indispensable au remorquage en cas de chavirage ou/et pour s’accrocher à la coque dans le cas d’attente des secours. Les gilets de sauvetage sont obligatoires ainsi que des réserves de flottabilité suffisantes. Afin d’établir une égalité entre les compétiteurs, le poids et la longueur des embarcations sont vérifiés pour s’assurer du respect des normes. L’épreuve est ouverte aux hommes et aux femmes en kayak monoplace (K1) et deux places (K2). Les kayaks de mer sont plus longs (5 à 6 mètres) et plus lourds (10 kg pour le K1 et 17 kg pour le K2) que les kayaks de rivière. Leur étrave est plus relevée afin de mieux franchir les vagues. Leur architecture générale s’inspire des embarcations utilisées, il y a déjà plusieurs milliers d’années, par les Inuits.

La compétition se déroule sur 24 km entre la rive gauche de Palavas-les-Flots et la plage de l’abbaye de Maguelone, sur un aller-retour. La durée du parcours, entre 1h30 et 2h, implique de s’hydrater et d’être prêt à affronter le froid de la mer, voire du vent car nous sommes au mois d’avril ! Pour cela, les concurrents n’hésitent pas à prendre une réserve d’eau dans leur sac à dos équipé d’un tuyau permettant de boire sans interrompre l’effort. La durée de l’épreuve implique également de s’alimenter correctement afin de mieux répondre à la dépense énergétique. 

Les conditions météorologiques du jour sont pénalisantes, car la Tramontane, vent de Nord-Ouest, souffle en rafales et les kayakistes lui font face ! Par mesure de sécurité, les organisateurs ont adapté le parcours. La navigation se déroule dans la zone des 300 m, mieux protégée du vent et donc moins agitée.  La surveillance de l’épreuve est assurée par les membres du comité d’organisation à bord d’embarcations à moteur de type Zodiac. Malgré ces précautions, une seule femme sera à l’arrivée ! En effet, les autres concurrentes n’ont pas résisté aux rafales de vent, au froid ou à l’état de la mer…

Sur les 147 compétiteurs, 27 sont sélectionnés pour le championnat de France. Le vainqueur, Hervé Vitali, est originaire de la Drôme. Il est le champion du monde Junior 1986 et lauréat, en 1989, de la coupe du monde de cette discipline sportive.

À Brest, 150 concurrents disputent le premier championnat de France de merathon. Relevons le nom du champion dans la catégorie seniors : Éric Marinier, de Champigny. 

Pour conclure, citons l’événement de mer survenu au cours de ce championnat. L’épreuve a été interrompue par le passage, à mi-parcours, du porte-avions Charles-de-Gaulle, ce qui a obligé les organisateurs à effectuer un nouveau départ ! L’organisation sportive est parfois tributaire d’aléas surprenants… mais la pratique du kayak de mer est toujours très active sur le littoral héraultais.

Remerciements à Yvon Carluer.

• Article « Merathon », Frwiki [en ligne] (Mise à jour 2021). Site internet https://www.frwiki.net/wiki/Merathon
• Résultats des compétitions de merathon, Fédération française de canoë-kayak et sports de pagaie [en ligne] (Mise à jour 2017). Site internet : http://www.ffcanoe.asso.fr/mer/merathon/resultatsarchives.htm