Pierre Soulages et la conception technique des vitraux de Conques
Notice
Dans son atelier de Sète, Pierre Soulages assisté du maître verrier Jean-Dominique Fleury met au point les cartons grandeur nature des vitraux de Sainte-Foy de Conques.
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Éclairage
Dès le début de son projet de création de vitraux pour l'abbatiale de Conques, Pierre Soulages a fait prévaloir la recherche technique d'un verre unique sur la proposition artistique. L'important était la gestion de la lumière en ce lieu. Il ne souhaitait pas créer de peinture transposée en vitrail, mais un verre au travers duquel on pourrait apprécier les variations lumineuses naturelles des heures, des jours et des saisons.
Ce verre traduisant ces changements diffus de la lumière n'existant pas, l'artiste a donc décidé de le créer lui même en collaborant avec le CIRVA (Centre International du Verre et Arts Plastiques) de Marseille dès janvier 1988. Plus de trois cents essais ont été réalisés, mais aucun ne se conclut par la création du verre espéré. C'est finalement grâce à la verrerie Saint Gobin que le but est atteint : des grains de verres broyés de différents formats et thermocollés au sein d'un même moule rendent possible la modulation à volonté de la translucidité du verre.
Pierre Soulages s'est ensuite attelé à la création des cartons grandeur nature des vitraux en compagnie du maître verrier Jean-Dominique Fleury et de son élève Eric Savalli. Dans les ateliers de Paris, de Toulouse ou de Sète, comme on peut le voir dans ce document, ils travaillent ensemble à la création d'un espace translucide strié par des lignes de plomb, découpant des formes longilignes et élévatrices dans le verre. La production industrielle a été effectuée à Rheine en Westphalie et les premières plaques livrées en juillet 1992, quelques mois avant la réalisation de ce document.
Pierre Soulages a créé ces vitraux en s'imprégnant des lieux, s'y rendant plusieurs fois pour en apprécier les différentes formes architecturales, les couleurs des pierres et l'orientation de la lumière naturelle. En voulant respecter l'esprit de cet édifice du XIe siècle et lui restituer sa clarté première, Pierre Soulages s'est rapproché de l'esthétique des vitraux romans et cisterciens. De couleur blanche à translucide, ils étaient simplement ornés et rythmés par des baguettes de plomb ou des motifs géométrisants. Pour créer les vitraux de Conques, l'artiste a su tirer parti des découpages traditionnels du vitrail en faisant participer le tracé des barlotières et des plombs à l'organisation plastique de l'œuvre. Ils viennent créer des plages rythmiques, calmes ou plus emportées selon leur positionnement dans l'édifice, lier les murs et les vitraux entre eux telle une onde continue et participer ainsi à l'unicité du lieu.