Jean Vilar et Gérard Philipe
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Résumé
Une série d'images d'archives montre Jean Vilar et Gérard Philipe au travail ou en scène.
Date de diffusion :
11 août 1971
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Contexte historique
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Né en 1912, Jean Vilar, après des études de lettres, suit les cours de philosophie d'Alain et de théâtre de Charles Dullin à Paris. C'est en 1945 avec la pièce de T.S. Eliot, Meurtre dans la cathédrale, créée au Vieux Colombier, qu'il s'impose comme acteur et metteur en scène auprès du public parisien et de la critique. En 1947, il fonde le Festival d'Avignon puis en 1951, il est nommé à la tête du Théâtre National Populaire ; il y accueille Gérard Philipe, un jeune comédien révélé par Caligula (1945) d'Albert Camus. Cette même année, Philipe triomphe sur les écrans dans Fanfan la Tulipe de Christian-Jacques, film qui lui a fait faire le tour du monde et qui contribue à la notoriété internationale du TNP, celui-ci partant faire des tournées à l'étranger, notamment dans les pays de l'Est. Devenant le compagnon de route de Vilar, Philipe, tout en continuant sa carrière de cinéma avec les grands réalisateurs de l'époque (René Clair, René Clément), incarne les premiers rôles tel Rodrigue dans Le Cid de Corneille, Ruy Blas et Lorenzaccio dans les pièces de Victor Hugo et Alfred de Musset, le prince de Hombourg dans la pièce de Kleist. Mort prématurément en 1959, en pleine gloire, Philipe n'avait cependant rien de la star capricieuse, acceptant l'aventure de la troupe théâtrale constituée par Vilar (Monique Chaumette, Maria Casarès, Philippe Noiret, Jeanne Moreau) et n'hésitant pas à devenir président du Syndicat français des acteurs en 1958.
Les mises en scène de Vilar, comme on peut le voir avec la scène finale du Prince de Hombourg, reposaient sur un complet dépouillement scénique. Obligé, tant à Paris qu'à Avignon, de présenter ses spectacles dans des lieux et sur des plateaux immenses, il a été l'inventeur d'une mise en scène claire, fondée sur un découpage de l'espace par la lumière et par le recours à des signes scéniques forts (objets, accessoires, couleurs, sons) : pas de décor, un éclairage très contrasté et proche du travail des expressionnistes, des costumes flamboyants. Vilar prenait souvent des peintres comme collaborateurs tel Edouard Pignon ou Léon Gischia. Partisan d'un théâtre sobre et épuré et bien qu'il reconnaisse le rôle essentiel de la mise en scène, il préférait se qualifier de régisseur, pour bien marquer sa subordination au texte et au public : il confiait au comédien le rôle d'agent de communion avec le public, trouvant en particulier dans l'incantation verbale de Philipe la dimension lyrique de ses spectacles. Développant une réflexion sur la dialectique du théâtre et du monde, il s'agissait pour lui "de faire une société" avant de faire "peut-être du bon théâtre". Remis en cause pour le choix de sa programmation par une frange de la critique - autour de la revue Théâtre populaire, et de la profession - Roger Planchon notamment -, il meurt en 1971, laissant en héritage rien moins que l'un des plus grands festivals de théâtre du monde.
Le reportage est intégralement composé d'images réalisées par les membres du TNP eux-mêmes, lors de répétitions, d'avant-spectacle ou en voyage à l'étranger. Ce collage est accompagné d'un extrait d'une musique de Maurice Jarre et se déroule tel "un album de famille". Il s'agit dès lors de commémorer le souvenir de disparus au moment du vingtième anniversaire de la nomination de Jean Vilar à la tête du TNP. Les images choisies viennent rappeler combien ce fut une aventure collective, une histoire d'amitié (la bataille de boule de neige). Mais il est d'autant plus remarquable que le son ait été coupé de ces images. Ce sont des disparus que l'on célèbre. La scène finale du Prince de Hombourg (pas un mot, pas un cri n'est prononcé) symbolise alors tout à la fois la mort prématurée de Gérard Philipe et la mort du TNP de Vilar. Si la télévision a choisi de faire revivre des morts, elle ne leur a pas redonné la parole comme pour mieux signifier que des voix se sont tues, qu'un silence définitif s'est abattu sur une certaine idée du théâtre. La télévision devient ainsi au début des années 70 un puissant agent de mémoire collective, construisant un passé mythifié à partir d'un intense recyclage d'images.
Transcription
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