Le Living Theatre au festival d'Avignon
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Résumé
En 1968, le spectacle Paradise Now de la troupe américaine Living Theatre fait scandale au festival d'Avignon. A demi improvisé chaque soir, le spectacle prend le public à partie, et est resté célèbre pour une scène où les acteurs énoncent une liste des tabous de la société occidentale contemporaine, tout en se dénudant.
Date de diffusion :
25 juil. 1968
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"Une religion : le théâtre ; un Dieu : Jean Vilar ; un messie : Gérard Philipe". C'est par ces mots grandiloquents que s'ouvre le reportage sur les 50 ans du Festival d'Avignon diffusé sur Antenne 2 le 9 juillet 1996. Cela en dit long sur la légende et les mythes qui accompagnent la plus importante manifestation du spectacle vivant en France. De fait, l'histoire du Festival d'Avignon est particulièrement riche. Elle commence en 1947, lorsque le poète René Char et le critique d'art Christian Zervos font appel au metteur en scène Jean Vilar pour monter une pièce de théâtre afin d'accompagner une exposition de peinture moderne à Avignon. En guise de réponse, Jean Vilar propose trois spectacles. Les organisateurs et la municipalité acceptent, et un bataillon du génie aménage la cour d'honneur du Palais des Papes pour accueillir les représentations théâtrales (dont Richard II de Shakespeare). La première Semaine d'art en Avignon, ancêtre du Festival, était née. D'édition en édition, le succès alla grandissant, notamment à partir de 1951. À cette date, Jean Vilar est nommé directeur du Théâtre National Populaire de Chaillot (le fameux TNP), tout en conservant son poste de directeur du festival d'Avignon. Il peut ainsi nourrir la manifestation estivale par son travail quotidien au TNP et inversement, et impliquer dans ses projets toute une génération d'acteurs exceptionnels (Georges Wilson, Jeanne Moreau, Maria Casarès, Michel Bouquet, etc...), dont l'icône reste à jamais Gérard Philipe.
Les critiques considèrent que Vilar et les siens ont inventé le théâtre populaire. De fait, l'engouement et l'adhésion populaires sont de plus en plus importants, grâce au relais efficace joué par les militants de l'éducation populaire et les membres des centres d'éducation par les méthodes actives (CEMEA). Ces mêmes militants organisent les Rencontres internationales de jeunes parallèlement au festival, qui, du coup, s'internationalise. Par ailleurs, grâce au soutien important de la municipalité d'Avignon, le prix très modique des spectacles permet à Vilar, au cours des années 1950 et 1960, de sensibiliser de nombreux jeunes à l'art théâtral, un art fait de rigueur et d'engagement dans la conception vilarienne. De nombreux débats et discussions entre le public et les artistes accompagnent chaque représentation, ainsi que des lectures. Le Festival devient le reflet de la transformation du théâtre et de la société.
En 1966, se déroule dans la plus grande spontanéité la première manifestation du festival off . En outre, après avoir su s'ouvrir avec succès à d'autres formes artistiques (la danse contemporaine avec Maurice Béjart en 1966, le cinéma avec l'avant-première du film La Chinoise de Jean-Luc Godard dans la cour d'honneur en 1967), le festival d'Avignon version 1968, dans la foulée des évènements de mai, fut mouvementé. Le spectacle provocateur Paradise now donné par le Living Theater de Julian Beck et Judith Malina, dans lequel des comédiens quasiment nus s'enlaçaient, fit scandale, tandis qu'au-dehors, des étudiants radicaux conspuaient Vilar et Béjart assimilés au dictateur Salazar. Jean Vilar fut affecté par la violence de ces attaques.
Après sa mort en 1971, la continuité de l'héritage de Jean Vilar fut assurée par son disciple Paul Puaux, qui ouvre la cour du Palais de Papes à la génération des Benno Besson, Marcel Maréchal, Ariane Mnouchkine et Bob Wilson. À partir de 1980, se produisit une vraie évolution avec l'arrivée aux commandes de Bernard Faivre d'Arcier (1980-1984 puis 1993-2003) et d'Alain Crombecque (1985-1992). Le festival d'Avignon, sans renier son âme, est devenu une vaste entreprise culturelle, une association loi 1901 subventionnée désormais par tous les acteurs institutionnels (ce qui n'était pas le cas du temps de Vilar). Il professionnalise sa gestion et accroît sa réputation internationale.
Bibliographie :
Antoine de Baecque, Avignon, le royaume du théâtre, Découvertes/Gallimard, Paris, 2006.
Claire David, Avignon, 50 festivals, Actes Sud, 1996-1997.
Emmanuel Éthis dir., Avignon ou le public réinventé, Paris, Département des études et de la prospective, ministère de la Culture et de la Communication, 2002.
Bernard Faivre d'Arcier, Avignon vu du pont, éditions Actes Sud, Arles, 2007.
Emmanuelle Loyer, Antoine de Baecque, Histoire du Festival d'Avignon, Gallimard, Paris, 2007.
Bruno Tackels, Les Voix d'Avignon, co-édition Le Seuil, France Culture, Ina, Paris, 2007, et un CD-MP3.
Transcription
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