Le Festival d'Avignon
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A l'occasion de son 20ème anniversaire, Jean Vilar fait le bilan du Festival d'Avignon et Roger Planchon évoque ses premières représentations.
Date de diffusion :
03 nov. 1966
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Le Festival d'Avignon est fondé en 1947 par Jean Vilar (1912-1971). C'est à l'occasion d'une exposition de peinture et de sculpture contemporaines, organisée par le poète René Char notamment, dans la grande chapelle du Palais des papes, que Vilar est convié à présenter son premier grand succès public : Meurtre dans la cathédrale de T.S. Eliot. Habitué des petites scènes, Vilar refuse car la Cour d'honneur du Palais lui paraît un lieu trop vaste et il n'a plus les droits de la pièce. Cependant, il fait une autre proposition : présenter trois pièces, en création : Richard II, un Shakespeare presque inconnu à l'époque en France ; Tobie et Sara de Paul Claudel, enfin La Terrasse de midi, deuxième oeuvre de Maurice Clavel.
Dès le premier Festival, en septembre 1947, le programme propose à la fois des oeuvres méconnues du répertoire et des textes contemporains. Pendant 17 ans, le Festival reste l'affaire d'un seul homme, d'une seule équipe, d'un seul lieu (la cour en plein air du Palais des Papes). La volonté de Jean Vilar est de "redonner au théâtre, à l'art collectif, un lieu autre que le huis clos". Jean Vilar s'attache une troupe de jeunes comédiens (Michel Bouquet, Silvia Monfort, Jeanne Moreau, Daniel Sorano, Maria Casarès notamment) qui chaque mois de juillet réunit un public de plus en plus nombreux et de plus en plus fidèle. Gérard Philipe, déjà célèbre à l'écran, les rejoint en 1951, au moment de la nomination de Vilar à la tête du Théâtre national populaire. Le Festival conforte d'autres expériences de décentralisation culturelle (Jean Dasté à Saint-Étienne par exemple). C'est en province que l'art théâtral se renouvelle par l'action de metteurs en scène, chefs de troupe, envoyés par l'État en mission dans ce qui était tenu, à l'époque, pour un désert culturel. Et Avignon devient autant le rendez-vous de ces pionniers que l'évènement culturel de l'été. Jean Vilar est le premier conscient que ce rituel risque aussi de se changer en routine. D'autres personnalités du théâtre s'affirment également en France. Enfin, le directeur du TNP est las de cumuler des fonctions écrasantes ; il quitte la direction du TNP en 1963, pour se consacrer au Festival d'Avignon, qu'il soumet à une interrogation incessante. De nouveaux espaces scéniques naissent, comme le Cloître des Carmes en 1967. Il ouvre le Festival à d'autres disciplines artistiques : la danse dès 1966, avec Maurice Béjart. Il invite aussi d'autres metteurs en scène, comme Roger Planchon du Théâtre de la Cité de Villeurbanne dont le travail, s'il en est héritier par l'aventure sociale, s'en démarque esthétiquement. Ainsi dans sa mise en scène de Georges Dandin de Molière, on y sent le foin et le fumier sur fond de lutte de classe, loin de l'épure et de l'austérité des mises en scène de Vilar.
Dans ce reportage, c'est sur le mode de l'entretien que Vilar revient sur l'histoire du Festival d'Avignon à l'occasion du 20e anniversaire. Le montage a effacé les questions du journaliste (il n'apparaît pas non plus) pour ne conserver que les réponses, signifiant bien le souci de mettre en avant la parole de l'artiste. Produite par Roland Darbois et Roger Stéphane, l'émission "Pour le plaisir" était réalisée par Pierre André Boutang notamment qui a toujours pris soin jusqu'à aujourd'hui avec l'hebdomadaire culturel "Metropolis" sur Arte de se faire oublier. Tourné sur la scène du Palais des Papes (les gradins sont derrière lui), c'est-à-dire sur le lieu d'expression privilégiée de l'art de Vilar, il s'agit d'incarner l'aventure théâtrale du Festival. Le même principe semble présider à l'entretien de Planchon (on le voit assis derrière son bureau sur scène) avant qu'il ne livre ses réponses en haut des gradins, permettant de voir à l'arrière plan la tour du Palais des Papes, rappelant l'ombre tutélaire de Vilar. Planchon arbore le visage de la jeunesse, installé de manière décontractée, conservant ses lunettes de soleil et portant un blouson par opposition à l'implacable dignité (il parle debout) de Vilar.
Transcription
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