50 ans du festival d'Avignon : Gérard Philipe
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Retour sur le rôle essentiel de Gérard Philipe dans la constitution du TNP, à propos du 50ème anniversaire du festival d'Avignon.
Date de diffusion :
09 juil. 1996
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Contexte historique
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"Une religion : le théâtre ; un Dieu : Jean Vilar ; un messie : Gérard Philipe". C'est par ces mots grandiloquents que s'ouvre le reportage sur les 50 ans du Festival d'Avignon diffusé sur Antenne 2 le 9 juillet 1996. Cela en dit long sur la légende et les mythes qui accompagnent la plus importante manifestation du spectacle vivant en France. De fait, l'histoire du festival d'Avignon est particulièrement riche. Elle commence en 1947, lorsque le poète René Char et le critique d'art Christian Zervos font appel au metteur en scène Jean Vilar pour monter une pièce de théâtre afin d'accompagner une exposition de peinture moderne à Avignon. En guise de réponse, Jean Vilar propose trois spectacles. Les organisateurs et la municipalité acceptent, et un bataillon du génie aménage la cour d'honneur du Palais des Papes pour accueillir les représentations théâtrales (dont Richard II de Shakespeare). La première "Semaine d'art en Avignon", ancêtre du Festival, était née. D'édition en édition, le succès alla grandissant, notamment à partir de 1951. À cette date, Jean Vilar est nommé directeur du Théâtre national populaire de Chaillot (le fameux TNP), tout en conservant son poste de directeur du festival d'Avignon. Il peut ainsi nourrir la manifestation estivale par son travail quotidien au TNP et inversement, et impliquer dans ses projets toute une génération d'acteurs exceptionnels (Georges Wilson, Jeanne Moreau, Maria Casarès, Michel Bouquet, etc...), dont l'icône reste à jamais Gérard Philipe, qui triomphe à partir de 1951. Les critiques considèrent que Vilar et les siens ont inventé le théâtre populaire. De fait, l'engouement et l'adhésion populaires sont de plus en plus importants, grâce au relais efficace joué par les militants de l'éducation populaire et les membres des centres d'éducation par les méthodes actives (CEMEA), parmi lesquels Paul Puaux. Ces mêmes militants organisent les Rencontres internationales de jeunes parallèlement au festival, qui, du coup, s'internationalise. Par ailleurs, grâce au soutien important de la municipalité d'Avignon, le prix très modique des spectacles permet à Vilar, au cours des années 1950 et 1960, de sensibiliser de nombreux jeunes à l'art théâtral, un art fait de rigueur et d'engagement dans la conception vilarienne. De nombreux débats et discussions entre le public et les artistes accompagnent chaque représentation, ainsi que des lectures. Le Festival devient le reflet de la transformation du théâtre et de la société. Des compagnies s'installent à Avignon pour y faire vivre le théâtre toute l'année, en particulier André Benedetto qui fonde en 1963 la "Nouvelle compagnie" et Gérard Gélas avec Le Chêne noir. Sur ce terreau, se déroule en 1966, dans la plus grande spontanéité, la première manifestation du festival " off ". En outre, après avoir su s'ouvrir avec succès à d'autres formes artistiques (la danse contemporaine avec Maurice Béjart en 1966, le cinéma avec l'avant-première du film La Chinoise de Jean-Luc Godard dans la cour d'honneur en 1967), le festival d'Avignon version 1968, dans la foulée des événements de mai, fut mouvementé. Le spectacle provocateur Paradise now donné par le Living Theater, fit scandale, tandis qu'au-dehors, des étudiants radicaux conspuaient Vilar et Béjart assimilés au dictateur Salazar. Jean Vilar fut affecté par la violence de ces attaques.
Après sa mort en 1971, la continuité de l'héritage de Jean Vilar fut assurée par son disciple Paul Puaux jusqu'en 1979. Il ouvre la cour du Palais de Papes à la génération des Benno Besson, Marcel Maréchal, Ariane Mnouchkine et Bob Wilson. À partir de 1980, se produisit une vraie évolution avec l'arrivée aux commandes de Bernard Faivre d'Arcier (1980-1984 puis 1993-2003) et d'Alain Crombecque (1985-1992). Le festival d'Avignon, sans renier son âme, est devenu une vaste entreprise culturelle, une association loi 1901 subventionnée désormais par tous les acteurs institutionnels (ce qui n'était pas le cas du temps de Vilar). Il professionnalise sa gestion et accroît sa réputation internationale. Quelques mises en scène feront date, comme le Mahâbhârata de Peter Brook en 1985 ou l'intégrale du Soulier de satin de Claudel monté par Antoine Vitez en 1987. Enfin, après l'annulation de l'édition 2003 à la suite de la grève des intermittents du spectacle, les rênes du festival d'Avignon sont confiés à deux jeunes de l'équipe de Bernard Faivre d'Arcier, Hortense Archambault et Vincent Baudriller. Ces derniers innovent en changeant de formule, puisqu'ils associent chaque année un artiste de leur choix, qui décide avec eux de la programmation du festival. Après le jeune metteur en scène berlinois Thomas Ostermeier en 2004, le Flamand Jan Fabre et son théâtre radical défrayent la chronique en 2005 et rappellent presque les heures tourmentées de l'édition 1968. Au-delà de ces querelles artistiques qui prouvent finalement la vitalité du grand rendez-vous théâtral de l'été, rappelons que le Festival d'Avignon réunit chaque année en moyenne 130 000 spectateurs et qu'il "est demeuré un rendez-vous obligé pour toute la profession théâtrale, ainsi que pour les politiques, les journalistes, les producteurs, etc." (Robert Abichared).
Bibliographie :
Antoine de Baecque, Avignon, le royaume du théâtre, Découvertes/Gallimard, Paris, 2006.
Claire David, Avignon, 50 festivals, Actes Sud, 1996-1997.
Emmanuel Éthis dir., Avignon ou le public réinventé, Paris, Département des études et de la prospective, ministère de la Culture et de la Communication, 2002.
Bernard Faivre d'Arcier, Avignon vu du pont, éditions Actes Sud, Arles, 2007.
Emmanuelle Loyer, Antoine de Baecque, Histoire du Festival d'Avignon, Gallimard, Paris, 2007.
Bruno Tackels, Les Voix d'Avignon, co-édition Le Seuil, France Culture, Ina, Paris, 2007, et un CD-MP3.
Transcription
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