Les derniers instants de Tom Simpson
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L'espagnol Jimenez fait une échappée, tandis qu'un cycliste zigzague à l'arrière du peloton avant de tomber dans le coma. Tom Simpson est évacué sur Avignon avant de décéder.
Date de diffusion :
14 juil. 1967
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Contexte historique
ParMaître de conférences en histoire contemporaine à l’Inspé de l’Université d’Aix-Marseille
Le Mont Ventoux, point culminant à 1 912 mètres du massif des Baronnies, apparaît comme une énorme protubérance au milieu du paysage provençal. On l'appelle le "Géant de Provence" ou encore le "Mont chauve" avec son sommet en forme de désert de rocaille. De Pétrarque à Frédéric Mistral, son ascension difficile n'a cessé d'être relatée, renforçant l'effet que sa vue impose déjà dans les imaginaires.
Avec la première route d'accès tracée en 1882, les cyclistes ne tardent pas à hisser leurs nouvelles machines jusqu'au sommet. Après la première ascension d'Adolphe Benoît, directeur du journal marseillais La Provence Sportive, des compétitions y sont organisées. Le Marathon du Ventoux conduit ainsi les coureurs à rallier le sommet au départ de Carpentras sur une distance de 36 kilomètres. Ensuite, le Mont Ventoux voit passer des courses à étapes comme le Tour du Vaucluse ou encore le Paris-Nice. Il faut cependant attendre 1951 pour que la plus prestigieuse des épreuves cyclistes, le Tour de France, l'inscrive à son programme. Dès lors, il s'élève au rang de mythe. Pour Roland Barthes qui en étudie les ressorts, "physiquement le Ventoux est affreux : chauve, il est l'esprit même du sec ; son climat absolu [...] en fait un terrain damné, un lieu d'épreuves pour les héros". Et l'auteur de Mythologies (1957) ajoute que la montagne est ici "un Dieu du mal, auquel il faut sacrifier". L'étape du Mont Ventoux, transition entre les Alpes et les Pyrénées dans le parcours des coureurs, est, il est vrai, particulièrement éprouvante. Le fort dénivelé auquel se conjugue, au mois de juillet, un soleil rayonnant et parfois un fort mistral rendent l'ascension très pénible. Les défaillances de coureurs sont nombreuses.
En 1967, l'étape entre Marseille et Carpentras, longue de 211 kilomètres avec l'ascension du Mont Ventoux par le versant nord, est donc très attendue par le public sur le bord de la route et par les téléspectateurs qui la suivent en direct à la télévision. Cette année-là, la dramaturgie sportive tourne au tragique. Sur la route du Mont Ventoux, Jimenez et Poulidor font la course en tête. Ils sont pris en chasse par un groupe de trois coureurs parmi lesquels figurent le maillot jaune, le Français Roger Pingeon, l'Italien Felice Gimondi et l'Anglais Tom Simpson. Ce dernier, à 29 ans, participe pour la septième fois au tour France, une épreuve dans laquelle il n'a jamais véritablement brillé. Champion du monde en 1965, vainqueur au cours de la saison du Paris-Nice, il est néanmoins un coureur de tout premier plan, classé 7e au classement général au matin du 13 juillet. Dans une chaleur écrasante, entre 35 et 40°C, Simpson ne peut suivre le rythme imposé par ses adversaires. Il décroche, pédale au ralenti en zigzaguant, tombe une première fois, remis en selle par le public, avant de s'écrouler définitivement. Allongé inerte sur la rocaille, il ne peut être réanimé par le docteur Dumas, médecin du Tour de France. Son évacuation par hélicoptère n'y change rien : Tom Simpson est mort ! Comme le laissaient supposer les amphétamines retrouvées dans ses poches, l'autopsie révèle que le dopage, conjugué à la chaleur et à l'alcool donné par les spectateurs au bord de la route, est à l'origine du décès. La nouvelle suscite une immense émotion. La question du dopage, jusqu'alors banalisée, fait pour la première fois débat : ses méfaits ne peuvent, en effet, plus être niés. Une stèle est posée à deux kilomètres du sommet, à l'endroit même où s'est effondré Tom Simpson, afin de ne pas oublier.
Pour Antoine Blondin, c'est plus encore le Mont Ventoux qui est "un monument que s'est donnée la mémoire des hommes".
Bibliographie :
Guy Barruol, Nerte Dautier, Bernard Mondon dir., Le Mont Ventoux. Encyclopédie d'une montagne provençale, Forcalquier, Les Alpes de lumière, 2007.
Bernard Mondon, Les grandes heures du Tour de France au Ventoux, Barbentane, Equinoxe, 2003.
Transcription
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