L'étape contre-la-montre du Tour de France cycliste 2017 à Marseille
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L'équipe organisatrice du Tour de France cycliste était à Marseille pour présenter le tracé du contre-la-montre de la Grande Boucle. Il aura lieu le 22 juillet 2017 dans les sites incontournables de la ville et au stade Orange Vélodrome. L'édifice sera spécialement aménagé pour l'épreuve. La ville attend de nombreux spectateurs ainsi que des retombées économiques sur toute la métropole.
Date de diffusion :
01 juin 2017
Date d'évènement :
22 juil. 2017
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Contexte historique
ParMaître de conférences en histoire contemporaine à l’Inspé de l’Université d’Aix-Marseille
En 2017, Marseille est capitale européenne du sport. L’un des événements majeurs de l’année est l’accueil d’une étape du 104e Tour de France. Fondée en 1903, cette compétition a déjà fait étape dans la cité phocéenne à trente-cinq reprises, soit pour une arrivée ou un départ, parfois les deux. En 2017, c’est pour la première fois un contre-la-montre individuel qui est proposé au public sur un parcours de 22,5 km passant par les plages du Prado, la Corniche, le Vieux-Port, à proximité du MUCEM et de la cathédrale de la Major, empruntant les pentes menant à Notre-Dame de la Garde. Comme l’indique à la presse, l’adjoint aux sports, Richard Miron, il s’agit d’une « formidable vitre pour le territoire. Le parcours va pouvoir montrer la ville de la plus belle des manières ». Car l’enjeu n’est pas que sportif. Alain Paulin, le président de l’Union des métiers des industries de l’hôtellerie des Bouches-du-Rhône, souligne à raison dans les colonnes de La Provence que « tout le monde va voir Marseille à la télévision. Ça va générer de l’attractivité ». Diffusé dans 190 pays pour une audience cumulée de 3,5 milliards de téléspectateurs, le Tour de France est en effet l’événement sportif international le plus regardé après les Jeux olympiques et la Coupe du monde de football. Il s’agit donc aussi d’une formidable opération promotionnelle participant, dans le sillage des manifestations organisées en 2013 à l’occasion de Marseille-Provence capitale européenne de la culture, à faire de Marseille une destination touristique majeure en rupture avec la mauvaise réputation qui a longtemps terni l’image de la ville. En 2016, la cité phocéenne accueille 7 millions de visiteurs et se classe au cinquième rang des ports méditerranéens de croisière, avec 1,6 millions de passagers. La municipalité trouve dans cette attractivité retrouvée la justification à l’investissement que réclame l’accueil d’une étape et que l’opposition juge trop important dans un débat au cours duquel les montants ne sont pas précisément révélés, oscillant entre 400 000 et 800 000 euros. L’organisateur du Tour de France (Amaury Sport Organisation) ne communique pas officiellement sur les tarifs, qui selon les médias, se situent autour de 100 000 euros pour un départ et de 160 000 euros pour une arrivée. Pour un contre-la-montre (un départ et une arrivée), la facture pourrait donc s’élever à 260 000 euros (un chiffre admis à mots couverts par la municipalité) auxquels s’ajoutent les frais de réfection de la voirie, de sécurité, mais aussi ceux liés à l’aménagement exceptionnel du Stade Vélodrome.
Les tribunes sont redécorées et renommées selon les différents maillots distinctifs du Tour. Des écrans géants supplémentaires sont installés, ainsi que de nouveaux éclairages dans les tunnels du stade, pour ne pas perturber les coureurs lors de leur entrée ou sortie. Mais, surtout, deux routes de 160 m de long et 6 m de large sont construites en arc de cercle sur la pelouse, pour servir de rampe de lancement et de piste d'arrivée. Cette transformation spectaculaire s’effectue en outre dans des délais très restreints puisque, trois jours auparavant, le stade est le théâtre d’un concert de la chanteuse Céline Dion et que, cinq jours après, il doit retrouver sa fonction première de terrain de football pour un match de l’Olympique Marseille face à Ostende lors du troisième tour préliminaire de l'Europa League.
Cette utilisation du Stade Vélodrome, rénové un an plus tôt pour l’Euro de football, est au centre de l’attention médiatique. Le stade est l’un des symboles de la ville de par le statut du club de football résidant qui constitue un puissant vecteur d’identification et de rayonnement. Le football n’a pas toujours été le seul sport pratiqué et comme l’indique le nom du stade, le cyclisme y a trouvé droit de cité. En accueillant le Tour de France pour son 80e anniversaire, l’enceinte renoue avec l’une de ses fonctions traditionnelles. Dès son inauguration, le 13 juin 1937, s’y déroulent non seulement un match de football, un meeting d’athlétisme, mais aussi une compétition de cyclisme sur piste. L’une des tribunes porte en outre le nom de Gustave Ganay, champion cycliste marseillais, décédé, en 1926, à la suite d’une chute en course. Entre 1937 et 1967, à une époque où l’arrivée finale du Tour de France se fait sur la piste du Parc des Princes à Paris, le Stade Vélodrome est le lieu de dix arrivées d’étape. La dernière grande compétition cycliste qui s’y déroule est le championnat du monde sur piste en 1972. La piste cycliste est ensuite détruite en 1983.
Pour le retour du cyclisme au Stade Vélodrome, le public est attendu nombreux : près de 55 000 billets proposés gratuitement sont retirés. Ce sont 40 000 personnes qui finalement prennent place dans les tribunes tout au long de la journée, mais jamais au même moment, donnant à voir des images de travées clairsemées dans un stade de 67 000 places. Sur le parcours, la foule, telle qu’elle peut se voir habituellement le long des routes du tour de France, n’est pas non plus au rendez-vous, à l’exception de quelques points de passage des coureurs, sur le Vieux-Port ou dans la montée vers Notre-Dame de la Garde. Les organisateurs mettent en cause les sévères restrictions de circulation autour du parcours de la course dans le contexte de menaces terroristes. Les observateurs s’accordent toutefois à souligner l’enthousiasme du public.
À la veille de l’arrivée à Paris et avant l’un des plus longs transferts de l’histoire de la compétition, l’étape marseillaise d’un Tour jugé difficile est sur le plan sportif d’un grand intérêt. Depuis le départ de Düsseldorf, en Allemagne, le 1er juillet, les coureurs ont pour la première fois depuis 1992 traversé les cinq principaux massifs montagneux de l’Hexagone. L’étape précédente, la plus longue (222,5 km) entre Embrun et Salon-de-Provence a fini d’éreinter les organismes des coureurs. Et si le Britannique Christopher Froome, le favori, déjà vainqueur du Tour en 2013, 2015 et 2016, porte le maillot jaune, il est talonné par le coureur français Romain Bardet, qui n’a que 23 secondes de retard au classement général. Alors qu’aucun coureur français n’a remporté la grande boucle depuis Bernard Hinault, en 1985, le public se met à rêver. Bardet trouve donc à Marseille de fervents encouragements tandis que Froome est conspué, « traité comme un gardien de but parisien un soir de classique » selon l’Équipe. Le coureur français n’est toutefois pas un spécialiste du contre-la-montre et il perd même, à l’issue de l’étape marseillaise, pour une seconde seulement sa deuxième place au classement général au profit du Colombien Rigoberto Urán. À Marseille, la victoire d’étape revient au Polonais Maciej Bodmar, 116e au classement général, mais disposant de quelques références dans les épreuves chronométrées (quatrième au championnat du monde de contre-la-montre en 2016). Froome se classe troisième de l’étape, assurant ainsi sa quatrième victoire sur le Tour de France.
Bibliographie
- Paul Boury, La France du Tour : le Tour de France, un espace sportif à géographie variable, Paris, L’Harmattan, 1997.
- Fancello Patrick, Poggi Michel et Hodoul Marc, II était une fois le Stade-Vélodrome, 1937-1998, Éditions européennes de Marseille-Provence, 1998.
- Jean-François Mignot, Histoire du Tour de France, Paris, La Découverte, 2014,
- George Vigarello, « Le tour de France », in P. Nora (dir.), Les lieux de mémoire, t. III, Les France, vol. 3, Paris, Gallimard.
Transcription
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