Tour de France cycliste 2020 : enfin le départ à Nice

Du 29 au 31 août 2020, Nice accueille le départ des trois premières étapes du 107e Tour de France, ce qui avait déjà été le cas en 1981. Comme près de trois décennies plus tôt, les deux premiers jours de course sont consacrés à une double boucle dans la région niçoise. La troisième étape se déroule entre la capitale azuréenne et Sisteron dans les Alpes-de-Haute-Provence. La congestion estivale des routes empêche cette épreuve cycliste majeure de faire plus fréquemment étape sur la Côte d’Azur, qui est pourtant pourvue d’une importante capacité hôtelière. Depuis 1903, la ville n’a accueilli que onze départs et neuf arrivées, en incluant ceux de 2020. Nice a cependant été ville de départ et d’arrivée de la quatrième étape de l’édition du centenaire, en 2013, qui débutait en Corse.

Se déroulant habituellement au mois de juillet, le Tour de France a été exceptionnellement décalé, en 2020, de quelques semaines en raison de la pandémie de COVID-19. La ville de Nice fait cependant face, en cette fin d’été, à une recrudescence des cas de contamination et se trouve classée en zone rouge. Le préfet des Alpes-Maritimes a donc pris la décision d’organiser un départ quasiment à huis-clos. Seule une centaine d’invités, triés sur le volet, peuvent y assister avec port du masque obligatoire. La majestueuse Place Masséna, où est installé le podium de départ, sonne creux malgré les efforts oratoires du speaker officiel du Tour de France. Cette « ferveur silencieuse » contraste singulièrement avec l’effervescence habituelle inhérente au lancement de la Grande Boucle, comme par exemple l’année précédente à Bruxelles. Deux jours plus tôt, la présentation des équipes s’est déjà déroulée avec une jauge d’à peine un millier de spectateurs. De nombreux Azuréens ou touristes se réjouissent néanmoins du passage du Tour de France, et d’aucuns des plus téméraires essayent de s’abstraire des panneaux occultants installés dans les rues de Nice, dans l’espoir d’apercevoir leurs champions. Ces derniers sont eux-mêmes placés dans une bulle sanitaire et répondent aux questions des journalistes à l’aide de micros fixés au bout de perches, afin de respecter la règle de distanciation sociale en vigueur.  

Le Tour de France est toutefois une des rares compétitions sportives d’envergure internationale à n’avoir pas été annulée cette année. Le tournoi de tennis de Roland- Garros, l’Euro de football masculin ou les Jeux olympiques de Tokyo n’ont pas été maintenus. La tenue du Tour de France résulte de son importance vitale pour l’ensemble de l’écosystème du cyclisme professionnel mondial. Il est en effet un événement retransmis en mondovision, suscitant des retombées économiques directes et indirectes majeures. Pour la Côte d’Azur, destination historique du tourisme international, l’enjeu est de taille, puisque cela permet à celle qui est appelée « French Riviera » dans le monde anglo-saxon de continuer à accroître sa visibilité internationale.

Le jour du premier départ, des conditions météorologiques exécrables gâchent en partie la course. Sur les 156 kilomètres du parcours, de nombreux coureurs se retrouvent à terre. La route, grasse à cause de l’huile, de la gomme ou de l’essence laissées par les voitures, a été rendue très glissante par les premières pluies depuis le mois de juin. Une chute massive du peloton a lieu à trois kilomètres de l’arrivée, impliquant parmi d’autres, le coureur français Thibaut Pinot, populaire auprès du public depuis sa troisième place sur le Tour de France 2014. Les temps sont figés et le Norvégien Alexander Kristoff remporte l’étape au sprint sur la promenade des Anglais, en profitant pour endosser le maillot jaune de leader du classement général. Le plan final annonce l’étape du lendemain, qui retourne dans l’arrière-pays niçois montagneux, avec au programme l’ascension du col d’Éze puis celui du Turini. 

Bibliographie

• Paul Boury, La France du Tour : le Tour de France, un espace sportif à géographie variable, Paris, L’Harmattan, 1997.
• Jean-François Mignot, Histoire du Tour de France, Paris, La Découverte, 2014,
• George Vigarello, « Le tour de France », in P. Nora (dir.), Les lieux de mémoire, t. III, Les France, vol. 3, Paris, Gallimard.