Les problèmes d'Ugine-aciers à Fos-sur-mer
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Confrontée à la crise économique, la sidérurgie française entreprend une vaste restructuration qui met en péril l'existence même de certains sites. C'est le cas de celui de l'usine Ugine-aciers de Fos. Dans ce reportage, le directeur de l'entreprise et les représentants syndicaux des personnels développent, dans des registres différents et avec leur spécificité, une série d'argumentaires en faveur du maintien du site.
Date de diffusion :
21 mars 1984
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Contexte historique
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C'est le 22 octobre 1973 que l'aciérie "B", l'âme d'Ugine-aciers, est mise en route. La construction de l'usine sur le site de Fos résulte de la saturation des usines de sidérurgie électrique du groupe Ugine-Kühlmann, en particulier de celles qui étaient spécialisées dans la production d'aciers longs spéciaux et inoxydables destinés à une production de tôles. En 1972, la production est assurée par l'usine de l'Ardoise, à 10 kilomètres au nord d'Avignon et les lingots sont laminés à Florange, en Lorraine, car le volume de production des aciers inoxydables est insuffisant pour rentabiliser à lui seul un train de laminoirs à bandes. Aussi, toute construction d'une usine nouvelle doit être pensée en y intégrant le traitement d'aciers plats au carbone. Ces considérations techniques imposent une coopération avec un groupe sidérurgique. À partir de l'instant où Sacilor-Sollac décide de s'implanter à Fos pour construire sa nouvelle usine (la Solmer), après avoir hésité entre Le Havre et Nantes, Ugine-Kühlmann n'a pas le choix et opte à son tour pour la zone de Fos. Au contraire de Solmer qui a transposé les méthodes lorraines dans son usine sur le plan du personnel -1/3 du personnel de fabrication vient de la Lorraine -, comme sur celui de l'implantation syndicale - une stratégie de verrouillage syndical au profit de la CFDT-, Ugine-Aciers recrute un maximum de personnel régional dont elle assure la formation par des stages en Savoie. Son problème n'est pas de se reconvertir mais de croître. Elle n'installe sur place qu'un contingent de deux cents Uginois détenteurs du savoir technique, pour mettre en route la production organisée autour du four électrique le plus puissant d'Europe. Aussi assiste t-on à l'implantation d'un fort bastion cégétiste, à l'image de la réalité sociale des autres grandes entreprises traditionnelles du département.
Les difficultés générales du secteur sidérurgique liées aux chocs pétroliers conduisent à restructurer l'ensemble. Le 27 novembre 1981, c'est la nationalisation des groupes Usinor et Sacilor. La chute de la consommation d'acier à l'échelon mondial conduit à un second plan acier en 1982 : Ugine-Aciers quitte Pechiney-Ugine-Kühlmann et devient une filiale de Sacilor. Pour répondre à la crise persistante, Bruxelles fixe des quotas de production et la fusion Usinor-Sacilor est envisagée. Dans le même temps, pour répondre à la surproduction de produits longs spéciaux, Ugine-Aciers, qui emploie alors 1 200 salariés, est menacée de fermeture. C'est cette situation qui est au coeur du reportage. Tout en dressant un portrait des installations, le journaliste donne la parole aux différents partenaires sociaux qui développent chacun une série d'argumentaires en faveur du maintien du site. Pour le directeur Jean-Jacques de Cadenet, le site d'Ugine-Aciers est un site moderne et performant, avec un personnel très qualifié spécialisé dans la production d'aciers spéciaux pour les roulements, le seul en France en ce domaine. André Meyrenx, de la CFDT, demande des précisions quant au plan social annoncé. Quant au responsable de la CGT, Alain Pasquale, tout en insistant sur les qualités du site, il avoue ne pas comprendre la position du gouvernement qui avait fait de la défense des travailleurs et de l'emploi un des axes de son programme électoral.
Les protestations des uns et des autres seront sans effet. La décision de fermeture de l'usine est annoncée en conseil des ministres le 29 mars 1984. Il faudra la persévérance des personnels, leur intervention auprès des clients de l'usine, la multiplication des actions (manifestations, défilés, sensibilisation des élus, principalement ceux du Parti communiste qui prennent position en faveur du maintien du site, mais pas de grève, ni d'occupation des locaux) pour que la bataille soit en passe d'être gagnée. En 1986, le plan "Ascométal" entérine l'annulation de la décision de fermeture. L'effectif de l'usine est réduit à 772 salariés dont 468 ouvriers. Ugine-Aciers devient Ugifos au sein de Ascométal, dont les autres sites se trouvent aux Dunes, à Hagondange et au Cheylas près de Grenoble.
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