Inauguration du théâtre de l'Archevêché à Aix en Provence
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Le théâtre de l'Archevêché, haut lieu du festival d'art lyrique de l'été, vient d'être rénové. Jack Lang ministre de la Culture, était présent lors de l'inauguration et pour la remise des clés à Louis Erlo, directeur du Festival. Le théâtre sera ainsi lieu unique pour les représentations lyriques du festival.
Date de diffusion :
17 juin 1985
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Contexte historique
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À l'instar du Festival de Cannes et du Festival d'Avignon, le Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence fut créé juste après la Seconde Guerre mondiale. L'initiative en revient à Gabriel Dussurget, qui, après un essai concluant en 1947, lança avec quelques amis et sous le patronage de plusieurs mécènes, dont la comtesse Pastré, et avec l'appui de la Société thermale, la première édition du festival d'Aix en juillet 1948. Le premier opéra donné dans la cour de l'Archevêché, aménagée pour l'occasion avec des décors de Georges Wakhevitch, fut Cosi fan tutte de Mozart, resté peu connu en France. L'accueil enthousiaste du public encouragea Gabriel Dussurget à persévérer dans une formule qui mêle toujours opéras et concerts et qui continue de faire la part belle aux opéras de Mozart qu'il va faire découvrir en France. En 1949, le succès rencontré par Don Giovanni dans les décors créés par l'affichiste Cassandre apporte au jeune festival une audience internationale qui en fait rapidement l'un des plus renommés en Europe. Dussurget, qui règne sur le festival jusqu'en 1974, fait découvrir de nombreux talents. Dès 1951, il a ouvert la programmation aux contemporains de Mozart, mais pas seulement puisqu'il ira jusqu'à intégrer des oeuvres du XXe siècle. La cour de l'Archevêché, épicentre de ce grand évènement mondain qu'est aussi le festival, retentit des musiques de Glück, Monteverdi, Haendel, Purcell, etc., alors que des chefs d'orchestre déjà reconnus ou qui vont le devenir, Karajan, Munch, Giulini... sont au pupitre et que nombre de talents, comme Gabriel Bacquier ou Teresa Berganza vont s'y faire découvrir.
La cour à ciel ouvert de l'Archevêché reste le coeur du festival. Les décors sont signés Balthus, Derain, Giacometti Masson, mais le théâtre à l'italienne conçu par Cassandre en 1949 reste utilisé jusqu'au départ de Gabriel Dussurget en 1972. Son successeur, Bernard Lefort entend privilégier le bel canto, les opéras italiens du XIXe siècle - Verdi -, fait venir des divas comme Montserrat Caballe, Ruggiero Raimondi, Jose Contreras, etc. (en même temps que, place des Cardeurs, Joan Baez ou Ella Fitzgerald). Mais le nouveau théâtre de l'Archevêché a réduit le nombre de places. Les déficits se creusent. Il faut utiliser d'autres lieux, "décentraliser" le festival dans la ville et même au-dehors. Dès l'origine, des concerts avaient été donnés aux quatre coins de la ville, à commencer par la cathédrale Saint-Sauveur toute proche. En 1954, le Festival s'était même transporté dans les carrières du Val d'Enfer, aux Baux, pour une représentation de Mireille de Gounod. Bernard Lefort installe l'opéra-bouffe place des Quatre-Dauphins. Mais il faut surtout faire de nouveaux travaux dans la cour de l'archevêché.
Ce sont ces travaux que vient inaugurer Jack Lang. Le Théâtre de l'Archevêché, ainsi rénové, a une capacité supérieure de 30 %, il est doté d'une scène plus profonde et d'un équipement technique modernisé, il pourra accueillir désormais quatre productions différentes au lieu de trois. On espère - et c'est ce qui est dit dans le reportage - qu'il sera enfin à la hauteur de sa réputation. Hélas, les 1 650 places ainsi gagnées ne seront pas suffisantes et de nouveaux déficits vont contraindre Louis Erlo à abandonner, mais ce sera plus de dix ans après. Entre temps, Erlo aura réorienté le festival vers le baroque, faisant redécouvrir ou découvrir l'Aixois Campra, programmant Lulli et Rameau, rendant sa place à Mozart et ouvrant vers Rossini. Bien des représentations reposent désormais sur de jeunes artistes et un effort réel d'élargissement d'un public qui, jusque-là, restait élitiste est réalisé, annonçant les (relatifs) brassages ultérieurs. Son successeur, Stéphane Lissner, qui dirigera le Festival de 1997 à 2007, bénéficiera de la rénovation complète du théâtre de l'Archevêché, inauguré en mai 1998, et de la création du centre de production de Venelles qui facilitera la réalisation de coproductions internationales. La palette des lieux utilisés s'élargit avec la cour de l'hôtel Maynier d'Oppède (1998), le théâtre du Grand-Saint-Jean dans la campagne d'Aix (1999), et le théâtre du Jeu de Paume en 2000, et même, en 2006, à l'occasion du centenaire de la mort de Cézanne, avec une ancienne carrière d'argile située au pied de la montagne Sainte-Victoire, à Puyloubier. Depuis juin 2007, certaines représentations, notamment celles de l'Académie Européenne de Musique créée par Lissner, se déroulent dans le Grand Théâtre de Provence, inauguré pour l'occasion par la ministre de la Culture Christine Albanel. Cette année-là, Bernard Froccoulle, ancien directeur du Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, succède à Stéphane Lissner et prend les commandes d'un festival, qui est parvenu à rester tout au long de son histoire le grand festival d'art lyrique français et l'une des références mondiales.
Bibliographie :
Alain Gueullette, Le Festival d'Aix-en-Provence. Histoire mythologie, divas, renseignements pratiques, Paris, Éditions Sand, 1989.
Transcription
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