Décès de Marie Mauron
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Résumé
L'écrivain et poète Marie Mauron est décédée à l'âge de 90 ans. Une école porte son nom à Saint Rémy de Provence où elle s'était installée après ses études, son diplôme d'institutrice en poche. Honorée des prix de l'Académie Française, George Sand et Frédéric Mistral, elle était également majorale du félibrige car elle publiait tous ses livres en deux langues : français et provençal.
Date de diffusion :
31 oct. 1986
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La " Colette provençale ", comme on la surnommait, vient de décéder dans son Mas d'Angirany, à Saint-Rémy-de-Provence, près des célèbres Antiques qui font la célébrité de la cité. La popularité de cet écrivain prolifique - près de 130 ouvrages - est considérable. Elle a touché à tout : romans, contes, souvenirs, récits de voyages, commentaires et biographies d'artistes, le plus souvent en français, mais aussi dans sa langue première, le provençal. Elle est par excellence une conteuse, qui allie la verve au sens du récit, comme on peut s'en rendre compte dans l'extrait d'interview qui accompagne le bref survol de sa vie.
Née Marie-Antoinette Roumanille (de la famille du compagnon de Frédéric Mistral, co-fondateur du Félibrige), le 15 avril 1896 à Saint-Rémy, elle est d'abord une institutrice, laïque et socialiste comme son mari Charles Mauron, ingénieur devenu un spécialiste de littérature anglaise et un analyste littéraire de réputation internationale (mais aussi poète et militant de la langue provençale), fils du maire de la commune, maire lui-même à la Libération au sortir de la Résistance à laquelle elle a participé à ses côtés. Cet engagement date peut-être de son passage à l'École normale de jeunes filles d'Aix-en-Provence, d'où elle est partie ensuite enseigner non loin de chez elle, à Mas Blanc (où elle est aussi secrétaire de mairie), aux Baux, village pour lequel elle se prend de passion (voir Une visite aux Baux-de-Provence), et à Saint-Rémy, dans l'école à laquelle on va donner son nom.
C'est aux Baux qu'elle commence à écrire en donnant une sorte de chronique villageoise qui retient l'attention d'écrivains britanniques aussi connus que Virginia Woolf et c'est pourquoi son premier ouvrage paraît à l'Université de Cambridge en 1934 (Mount Peacok, publié en français chez Denoël sous le titre de Mont Paon en 1937). Démissionnant de l'Éducation nationale en 1941, elle se consacre alors, avec succès, à l'écriture, avec pour sujet principal la Provence rhodanienne. Elle participe à tout un réseau d'écrivains, poètes, artistes, profondément attachés comme elle à cette terre, dont font partie les peintres Antoine Serra (avec qui elle fera huit ouvrages, offrant une sorte de tour de la Provence " magique "), René Seyssaud, Yves Brayer, le graveur Louis Jou (à qui l'on doit la renaissance des Baux), les écrivains Pierre Magnan, Yvan Audouard ou Maurice Pezet, l'éditeur Marcel Jullian, les défenseurs de l'héritage mistralien, René Jouveau, capoulié du Félibrige, Charles Galtier, qui sera, comme elle, majoral du même Félibrige, etc.
Son succès est ambigu. Il reflète les inquiétudes suscitées par les bouleversements des années soixante, mais il se nourrit aussi du développement du tourisme en Provence et de la banalisation de l'image de la région. Issue d'un famille de souche paysanne, Marie Mauron revient sans cesse sur les coutumes et les légendes de la Provence, elle idéalise le peuple des mas, les bergers et la vie rurale d'antan autour des Alpilles, suivant en cela la ligne fixée par Frédéric Mistral. Les titres de ses livres en témoignent : Le sel des pierres en 1942, En parcourant la Provence en 1954, Le beau voyage au Pays d'Arles en 1956, La Provence au coin du feu et Mes grandes heures de Provence (Prix de l'Académie Française) en 1962, Lorsque la vie était la vie en 1971, La Provence qu'on assassine, 1972, Les Cigales de mon enfance. Souvenirs en 1978, etc. Elle s'engage de plus en plus dans le combat pour la préservation de cette Provence et contre le modernisme qui la menace et la défigure. Pourfendant les promoteurs, l'industrie, les administrations, elle participe à la protestation contre le déversement des " boues rouges " en Méditerranée et se fait exclure de la télévision où elle animait l'émission "La Provence au coin du feu". Elle devient la figure emblématique de la Ligue de défense des Alpilles, créée en septembre 1969 contre l'ouverture d'une carrière de bauxite par Pechiney non loin des Baux, contre les lignes à haute tension d'EDF, contre le "mitage" du paysage par la prolifération des résidences.
On relèvera, non sans une admiration étonnée, l'optimisme dont elle fait preuve dans l'interview en estimant que sa suite dans ce combat pour la préservation de son " pays " est assurée et qu'elle peut donc "mourir tranquille". Il faudra en réalité attendre 2007 pour que soir créé le parc naturel régional des Alpilles (voir La création du Parc naturel régional des Alpilles).
Bibliographie :
Jeanne Faure-Cousin et Marie Mauron, Une de Provence : Marie Mauron, Paris, Denoël/Gonthier, 1978.
Transcription
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