Une visite aux Baux-de-Provence
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Visite du vieux village des Baux-de-Provence, dans les Alpilles, l'un des hauts lieux du tourisme provençal. Le parcours fait le tour des principales curiosités d'un village de la Renaissance, dominé par son château en ruine et qui compte un grand nombre de monuments historiques. De la tour de ronde, on peut voir La Crau, la Camargue, le Vaccarès. Les Baux confirment leur vocation culturelle. C'est au Val d'Enfer que le Festival d'Aix-en-Provence vient de transporter la Mireille de Gounod.
Date de diffusion :
07 mai 1955
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Contexte historique
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En 1955, le village des Baux n'est pas encore sur la liste des "Plus beaux villages de France" (1999) et la Cathédrale d'images n'est pas encore établie dans le chaos du Val d'Enfer (1977), mais le Vallon de Baumanière complète cette année-là la longue série des lieux et sites classés, et l'Hôtel de Manville où la mairie a été installée peu avant (1953) est en voie d'être restauré. C'est donc déjà un village-musée, mais il s'ouvre à un nouveau public de visiteurs. Cependant, paysages peu lotis, routes parcourues par des 2 CV Citroën et des 4 CV Renault, écoliers en blouse grise datent le document et renvoient à époque où le tourisme n'était pas encore de masse et où la société de consommation balbutiait.
En fait, l'histoire de la redécouverte des Baux, à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, est indissociable de celle du provençalisme et de celle du tourisme. Le Félibrige Mistral, dont la plaine, à ses pieds, est le berceau, a beaucoup contribué à cette promotion. Frédéric Mistral, qui est né et qui vit à Maillane, a fait des Baux la capitale de sa Provence imaginaire et si, en 1955, on joue la Mireille de Gounod au Val d'Enfer, c'est parce que c'est là le cadre que Mistral a donné à sa Mirèio. Perché dans les rochers des Alpilles, parsemé de ruines, dominé par celles du château, le village paraît défier le temps. Il rappelle la gloire passée des seigneurs des Baux, l'une des principales dynasties provençales, qui a disputé la domination du comté de Provence aux comtes de Barcelone au XIIe siècle, au cours de guerres dites "baussenques", jusqu'au siège de ce nid d'aigle réputé imprenable en 1162. La localité aurait compté jusqu'à 4 000 habitants alors qu'ils ne sont guère plus de 300 au milieu du XXe siècle. En fait, les habitants sont descendus dans la plaine et ont essaimé dans des villages comme Mouriès et Maussane. Mais, avec ses ruines, ses grottes, ses carrières, sa Grand Rue taillée dans le roc, le lieu fascine. Aussi devient-il l'une des destinations privilégiées des sociétés d'excursionnistes, qui se développent alors. Dès 1862, des monuments commencent à être sauvegardés et cette extension du classement n'a cessé de se développer jusqu'à aujourd'hui où l'on dénombre vingt-deux monuments protégés dans le village dont le site, lui, a été classé tout entier le 19 juin 1942.
Pour les félibres qui y viennent tôt en pèlerinage et qui y tiennent leur fête annuelle (la Sainte-Estelle), en 1892, une partie de l'âme provençale s'est réfugiée dans ces lieux pleins de magie et dans les traditions qui s'y seraient enracinées. La plus célèbre, car, dès lors mise en scène par le folklorisme et promue par le tourisme local à la recherche du passé perdu, est la fête du pastrage et sa "messe des bergers" qui s'y tient la nuit de Noël, souvent représentée depuis par les artistes et devenue un objet de reportage rituel pour les médias. Ce courant provençaliste est prolongé au XXe siècle par des écrivains qui exploitent la veine localiste avec succès. Dans cette veine, l'oeuvre la plus notoirement connue est celle de Marie Mauron, la "Colette provençale", qui fut l'institutrice du village. À ses côtés, on trouve Charles Galtier d'Eygalières, majoral du Félibrige, qui, avec elle, fait le lien avec tout un groupe de peintres qui découvrent les lieux et qui, parfois, comme Antoine Serra ou, plus tard, Yves Brayer, s'y installent. Le rayonnement artistique des Baux au-delà de la Provence a été initié peu après la Première Guerre mondiale par un graveur maître-imprimeur catalan de renommée internationale, Louis Jou, dont aujourd'hui une place porte le nom. Établi dans la Maison Jean de Brion, qui est le premier monument inscrit en 1862 et qu'il restaure à partir de 1940 (c'est aujourd'hui le musée Louis Jou), il fait venir aux Baux l'écrivain André Suarès (qui s'y fait enterré en 1948), le musicien Pablo Casals, le peintre Mario Prassinos, mais aussi Louis Jouvet, Jean Cocteau (qui y reviendra avec Picasso en 1959 pour tourner Le Testament d'Orphée). L'essor du tourisme estival, la proximité de la RN7, la notoriété des grands festivals proches (Aix et Avignon) amènent un public très divers, qui découvre par là les Alpilles. Mais, devenus l'une des fréquentations touristiques les plus prisées de la région, avec plus d'un million de visiteurs par an, Les Baux deviendront une sorte de Mont-Saint-Michel provençal et seront quelque peu étouffés par ce succès.
Transcription
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