La Provence de Jean Giono
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Résumé
Jean Giono vient de publier son dernier roman, Provence. Il a travaillé avec l'imprimeur Antoine Rico et l'illustrateur Lucien Jacques pour composer et imprimer cet ouvrage. C'est l'occasion pour le journaliste d'assister au travail d'imprimerie.
Date de diffusion :
29 oct. 1957
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Contexte historique
Par
Jean Giono est né à Manosque en 1895, dans une famille modeste : son père d'origine italienne était cordonnier et sa mère repasseuse. Il arrête ses études secondaires à seize ans pour travailler comme modeste employé de banque. Mais cet autodidacte fréquente assidûment les livres, des classiques grecs aux romanciers du XIXe siècle. Il s'intéresse aussi à la musique et à la peinture. Et il écrit ; il se fait le chantre lyrique de sa terre, cette Provence des plateaux et des vallées, aux hivers rudes, au sol souvent ingrat. Colline (1929), Regain (1930) le font connaître. Il va désormais vivre de sa plume ; tout en demeurant à Manosque, il est édité à Paris. Marcel Pagnol adapte ses écrits au cinéma (Angèle, Jofroi , Regain, La Femme du boulanger). L'été, sur les plateaux du Contadour, au nord de Manosque, au pied de la montagne de Lure, autour de Jean Giono et de son ami le dessinateur Lucien Jacques, se rassemblent des admirateurs de la musique et de la poésie, en pleine nature. On y brasse aussi des idées, on vante les mérites de la terre, on refuse l'argent et la guerre. Très marqué par son expérience de soldat de la Grande Guerre, Giono affiche ses idées pacifistes. Cela lui vaudra une arrestation en septembre 1939, suivie d'un non lieu. Mais il est à nouveau inquiété à la Libération, et fait sept mois de prison.
Dans les années cinquante, il n'a plus d'engagement idéologique, et se consacre totalement à l'écriture, s'orientant vers des histoires où la part des hommes et de la mort prend le dessus sur le lyrisme de la terre, comme dans Le Hussard sur le toit (1951). Son attachement à Manosque et son refus de la vie parisienne en font toujours un écrivain à part, mais néanmoins officiellement reconnu, comme le prouve son élection en tant que membre de l'Académie Goncourt en 1954.
À la fin des années cinquante, Giono est un peu une légende littéraire vivante, et c'est cette image que livre cette séquence tournée en 1957 pour Actualités Méditerranée. Réalisé comme un film muet, commenté par une voix off qui dit un texte assez littéraire, ce petit film scénarisé, où Jean Giono joue son propre rôle, le montre chez lui, en train d'écrire au porte plume d'une écriture fine, puis suivant les diverses étapes de la fabrication du livre Provence, illustré par vingt-cinq bois gravés de son ami Lucien Jacques, qui participera peu après au seul film réalisé par Jean Giono, Crésus. Le film prend même, rétrospectivement, un tour documentaire, quand il nous fait pénétrer dans l'imprimerie artisanale d'Antoine Rico qui compose manuellement sa page en caractères pur Garamond, puis la serre à la ficelle, et qui, après l'impression des cahiers, les assemble à la main.
À la fin de la séquence, Jean Giono retourne dans son bureau ; il relit le premier exemplaire de son ouvrage, puis enlève ses lunettes, et lève les yeux, tel un acteur de cinéma, pour perdre son regard en direction de la terre de Provence qu'il peut apercevoir de sa fenêtre (nous précise la voix off), et qui était le sujet de son livre.
Transcription
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