Berri réactive la gloire de Pagnol
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Ce document est enregistré le 24 octobre 1986 lors de la présentation à la presse de Manon des sources. Sont d'abord interviewés Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart, qui insistent tous deux sur leur amour de Pagnol, « leur auteur de chevet avec Giono », et leur légitimité à incarner des personnages du Midi (Emmanuelle Béart mentionne notamment qu'elle est née et a grandi à Gassin et qu'elle a passé son enfance dans les collines). On voit ensuite Jacqueline Pagnol aux côtés de Claude Berri. Après avoir précisé que « Pagnol n'a pas été trahi », elle dit la satisfaction que lui procure cette nouvelle version. Berri, lui, évoque la chance qui a accompagné cette entreprise.
Date de diffusion :
24 oct. 1986
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Contexte historique
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A la mort de Marcel Pagnol en 1974, se pose très vite une question : peut-on et doit-on faire du Pagnol sans Pagnol ? Remonter ses pièces ? Adapter son œuvre écrite à l'écran ? Faire d'éventuels remakes de ses films ? Pendant longtemps, la réponse est non. Les uns, jugeant ses films et ses pièces indépassables, repoussent toute idée de « relecture ». Les autres, excédés par l'image « pagnolesque » du Midi en général et de Marseille en particulier, ne veulent plus en entendre parler. La jeune génération, élevée dans la seule lecture des Souvenirs d'enfance, le considère comme un auteur pittoresque, un tantinet désuet. Et pour finir, les héritiers de Pagnol, sa veuve Jacqueline en tête, veillent jalousement sur son œuvre et refusent quasi systématiquement d'en céder les droits. Bref, l'œuvre de Pagnol semble figée dans sa légende.
Tout change en 1986, lorsque le producteur-réalisateur Claude Berri sort sur tous les écrans de France et de Navarre l'adaptation des deux tomes de L'eau des collines, Jean de Florette et Manon des sources... Et que le succès est au rendez-vous !
Revenons en arrière deux ans plus tôt, quand Berri annonce la mise en route de ce projet énorme, le plus cher du cinéma français d'alors. Partout, c'est la surprise, voire le scepticisme. Pourquoi ressusciter à grands frais cet univers rural disparu, ce cinéma « avé l'assent » ? Et pourquoi lui, un Parisien dans l'âme, un homme du bitume, grand amateur d'art contemporain de surcroît ? A cela il répond que la lecture du roman l'a non seulement ému, mais sidéré par sa force, son potentiel tragique. Il y voit une matière cinématographique exceptionnelle à laquelle il veut se confronter comme producteur certes, mais avant tout comme réalisateur. Pour celui que l'on appelle alors « le nabab du cinéma français », le défi semble d'autant plus stimulant que Pagnol lui-même ne l'avait pas entièrement réussi. [1]
Premier obstacle : obtenir les droits d'adaptation. Berri a entrepris le siège de Jacqueline Pagnol depuis déjà plusieurs années. Si le scénario qu'il coécrit avec Gérard Brach (grand spécialiste des adaptations «impossibles », comme Le Nom de la rose) finit par satisfaire les ayant-droits en raison de sa grande fidélité au roman, il faut qu'il aille jusqu'à tourner des essais avec Yves Montand pour vaincre les dernières réticences de Jacqueline Pagnol !
Vient ensuite le casse-tête de la distribution. Dans le rôle du Papet, on l'a vu, Montand est pressenti dès l'origine du projet. Pour celui de Jean de Florette, Berri opte vite pour Gérard Depardieu. Emmanuelle Béart, même genre de beauté que Jacqueline Pagnol (la première Manon) paraît une évidence. En revanche le choix de Daniel Auteuil en Ugolin se fait par raccroc. Berri propose d'abord le rôle à Coluche, qui le refuse. Il pense ensuite à Jacques Villeret, que Montand récuse. C'est donc en désespoir de cause qu'il se rabat sur Auteuil : si l'acteur a pour lui d'être Avignonnais (donc susceptible de prendre l'accent avec justesse) en revanche, il n'a tourné que des pantalonnades qui ne plaident guère en sa faveur. On connaît la suite !
Ansouis, Vaugines, Mirabeau, Sommières, Riboux, Cuges, Signes : Berri tourne les deux volets en même temps, entièrement sur place. Neuf mois au cours desquels il se montre aussi maniaque sur la reconstitution historique que soucieux de la « méridionalité » du film. Il a d'ailleurs confié tout le travail de décor à une équipe locale, L'Atelier du Petit Chantier, animé par le Marseillais Bernard Vezat. Un choix audacieux, risqué même pour une production de ce niveau (ces gaillards n'ont alors pour seule référence que leur travail sur le Matelot 512 de René Allio) mais doublement récompensé. Outre que le résultat satisfait pleinement Berri, il permet la constitution d'un vivier de techniciens locaux reconnus et des structures pour les accompagner. Une filière professionnelle, en somme, qui n'existait pas auparavant et qui,depuis, a pris un essor considérable.
C'est une des conséquences de cette saga. L'autre étant qu'elle a déclenché le retour en force de la « gloire de Pagnol ». Après 1986, adaptations et reprises se sont enchaînées à un rythme cadencé, au théâtre comme au cinéma ou à la télévision. Et jusqu'à aujourd'hui, toujours avec succès.
Filmographie
Claude Berri, Jean de Florette et Manon des sources, 1986 (édités en DVD)
[1] Adolescent, Pagnol avait entendu cette tragique histoire d'eau de la bouche d'un paysan. En 1952, il choisit de la raconter par le truchement du cinéma. Ce qui va lui valoir de graves déboires. Lui-même doit renoncer à la partie concernant Jean de Florette, excepté à travers un court flash-back, car ce qu'il tourne et qu'il titre Manon des sources, fait déjà 3h20. Une longueur jugée « impossible » par le distributeur, qui réduit le film à 2 heures ! Frustré et amer, Pagnol entreprend alors de raconter l'histoire à sa guise, dans toute son ampleur, sous la forme d'un roman en deux parties, L'eau des collines, publié en 1962. Mais s'il a eu la satisfaction de voir renaître la version intégrale de Manon des sources en 1968, il ne tournera jamais Jean de Florette.
Transcription
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