Naissance d'une association contre les violences homophobes à Toulon
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À Toulon, l'association "Gay Power" a été créée en réaction à la montée des violences homophobes déclenchées en France par le débat sur la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. Couramment appelée le mariage pour tous, cette proposition de loi a suscité en France de violentes oppositions idéologiques. C'est pour protéger leurs droits et défendre leurs intérêts que cette association a vu le jour et que des militants ont manifesté sur la place de la Liberté.
Date de diffusion :
05 mai 2013
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- 00472
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Tourné début mai 2013 place de la Liberté à Toulon, le reportage est consacré à la constitution de l’association « Gay Power Toulon PACA », qui selon ses statuts se donne pour mission de défendre devant les tribunaux toute personne homosexuelle, bisexuelle, transsexuelle ou transgenre victime d’insultes, d’agressions et de discriminations à caractère homophobe, en se portant notamment partie civile lors des procès pour obtenir, en plus de la réponse pénale, une indemnisation du préjudice subi. À l’instar du racisme ou de l’antisémitisme, l’homophobie n’est pas une opinion mais un délit puni par la loi. Encore faut-il que les victimes aient le courage de porter plainte et que le caractère homophobe de l’agression soit retenu par la justice.
Les responsables de l’association rappellent qu’à partir de l’automne 2012 et le début de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de personnes de même sexe s’est opérée une très forte recrudescence des propos et actes à l’encontre de la communauté LGBTI*, notamment dans le sillage des rassemblements, hostiles à cette évolution sociétale, organisés par la Manif pour tous, dont une des figures médiatiques est la militante chrétienne Frigide Barjot. Ce collectif, fédérant en particulier des associations religieuses et conservatrices, se défend de toute homophobie, même si l’action de ses militants pour s’opposer à l’avènement de l’égalité des droits crée de fait a minima, durant de longs mois, un climat délétère propice à tous les types de débordements homophobes. Le rapport annuel de l’association SOS Homophobie signale pour 2013 une hausse de 78 % sur un an des signalements pour propos homophobes et un doublement des agressions physiques. L’homophobie latente au sein de la société française s’est donc révélée à l’occasion de cette période de conflit, mais, aspect plus positif, la parole des victimes s’est aussi sans doute davantage libérée. Des débats parlementaires enflammés et à rallonge, sur fond de manœuvres d’obstruction systématiques des groupes d’opposition de droite, n’ont pas eu non plus comme vertu première d’apaiser les choses.
Le paroxysme de ce déferlement décomplexé de haine et de violence est atteint un mois avant la diffusion de ce sujet et n’est sans doute pas étranger à la constitution de l’association toulonnaise. Dans la nuit du 7 au 8 avril 2013, en plein XIXe arrondissement de Paris, Wilfred de Bruijn et son compagnon sont violemment agressés par quatre jeunes individus. Partagé sur les réseaux sociaux, le visage tuméfié de ce Hollandais vivant en France depuis de nombreuses années fait la Une de l’actualité et devient le symbole de la libération des pulsions homophobes et de la trop grande impunité dont bénéficient encore les auteurs de tels actes. En juin 2014, le tribunal correctionnel de Paris reconnaît le caractère aggravant de l’agression et condamne ses deux auteurs principaux à trente mois de prison, dont respectivement dix-huit et quinze mois fermes.
Trois décennies après la dépénalisation en France de l’homosexualité par la loi du 4 août 1982, et à la suite de multiples plans gouvernementaux contre les discriminations (le dernier en date a été porté à l’automne 2012 par Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes), il est toujours possible de se faire licencier, importuner ou tabasser du seul fait de son orientation sexuelle. Certains gestes de solidarité spontanés montrent cependant que pour une part devenue majoritaire de l’opinion, en particulier au sein de la jeunesse, l’homophobie n’a plus droit de cité dans la société française du XXIe siècle. Ainsi à Marseille, le 23 octobre 2012 un photographe de l’Agence France Presse (AFP) prend un cliché, symbolique et à ce titre largement médiatisé, de deux étudiantes hétérosexuelles Julia et Auriane s’embrassant sur la bouche, par provocation, sous le regard ébahi de manifestantes, d’un certain âge de l’association Alliance Vita, défilant ce même jour dans les rues de la cité phocéenne contre le mariage pour tous. Ce baiser de Marseille, acte citoyen anti-discrimination par excellence, donne d’ailleurs naissance en 2014 au film documentaire éponyme de Valérie Mitteaux.
*LGBTI : sigle qui désigne les personnes non-hétérosexuelles Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Transexuelles, Intersexes.
Bibliographie
- Débat entre Philippe Portier, Irène Théry, animé par Céline Béraud, Baptiste Coulmont, « Du mariage civil au « mariage pour tous ». Sécularisation du droit et mobilisations catholiques », Sociologie, 2015/1 (Vol. 6), p. 81-104.
- Le baiser de Marseille, film documentaire de Valérie Mitteaux, 2014.
- Daniel Borrillo et Pierre Lascoumes (dir.), L’homophobie. Comment la définir, comment la combattre ?, Paris, ProChoix Editions, 1999.
- Virginie Julliard et Maxime Cervulle, « « Différence des sexes » et controverses médiatiques : du débat sur la parité au « mariage pour tous » (1998-2013) », Le Temps des médias, 2013/2, (n° 21), p. 161-175.
- Bruno Perreau et Joan W. Scott, Les défis de la République : Genre, territoires, citoyenneté, Paris, Presses de Sciences Po, 2017.
Transcription
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