Le récit de l'attentat de Nice du 14 juillet 2016
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Résumé
Le 14 juillet 2016, un homme fonce avec un camion dans la foule rassemblée sur la promenade des Anglais, à Nice. Des passants, encore hébétés, racontent ce qu'il s'est passé, la violence et la confusion de la soirée. Des images amateur témoignent du déroulé des événements, de la neutralisation du terroriste à l'arrivée des premiers secours.
Date de diffusion :
15 juil. 2016
Date d'évènement :
14 juil. 2016
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Nice le 14 juillet 2016, 22 h 32, la foule, qui vient d’assister au traditionnel feu d’artifice déambule avec insouciance sur la promenade des Anglais, lorsque surgit un camion blanc de dix-neuf tonnes conduit par un individu armé, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, Tunisien de trente-et-un ans habitant en France depuis plusieurs années. Sa course meurtrière commence à pleine vitesse devant l’hôpital Lenval, en effectuant des zigzags sur la partie piétonne de la promenade des Anglais pour faucher le maximum de personnes. Il est abattu par les forces de l’ordre au niveau du Palais de la Méditerranée, soit à près de deux kilomètres de son point de départ. En quatre minutes, il cause in fine le décès de quatre-vingt-six personnes. A cela il faut ajouter plusieurs centaines de blessés et de personnes traumatisées. De tous âges et de tous milieux sociaux, les victimes sont d’une part des habitants de la Nice cosmopolite, c’est-à-dire y compris des étrangers établis dans la ville depuis quelques mois ou de nombreuses années pour contribuer par leur travail à sa prospérité ; et d’autre part des touristes français et étrangers, venus profiter seuls ou en famille de la saison estivale sur la Côte d’Azur.
L’attentat de Nice est le troisième à endeuiller la France en à peine un an et demi. En janvier 2015, des attaques meurtrières se produisent en région parisienne contre la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo, une policière à Montrouge et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, entraînant la mort de dix-sept personnes. Il en est de même le 13 novembre qui suit avec trois attaques simultanées : devant le Stade de France à Saint-Denis, à des terrasses de cafés parisiens et surtout à la salle de spectacle du Bataclan, faisant au total cent trente morts et plus de quatre cents blessés.
Dans un contexte de participation de la France à la lutte contre le terrorisme en Syrie, en Irak et ailleurs, l’organisation « État islamique » (Daesh) revendique le 16 juillet l’attentat de Nice, bien que les liens entre son auteur et cette organisation djihadiste demeurent flous. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve évoque lui une « radicalisation tardive » de l’intéressé, dont la pratique religieuse n’est pas véritablement établie. Le mode opératoire choisi, à savoir l’utilisation d’un véhicule-bélier lancé à pleine vitesse dans une zone densément peuplée, correspond en revanche au prototype de l’attentat « low cost » recommandé par l’organisation terroriste islamiste sur les réseaux sociaux.
La transformation en quelques minutes de la promenade des Anglais en une scène de guerre provoque la sidération. Christian Estrosi, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, mais aussi député de Nice et premier adjoint de la municipalité, évoque le soir même « le drame le plus terrible que nous avons à connaître ». L’humanité et la solidarité reprennent toutefois rapidement le dessus, comme en témoigne dès les minutes qui suivent l’attentat le dévouement d’anonymes tentant de prodiguer aux blessés les premiers soins avant leur prise en charge par les secours, qui arrivent très rapidement sur place. Dès le lendemain des mausolées composés de fleurs, de peluches ou de dessins naissent le long du parcours macabre, alors que sont entonnées La Marseillaise ou Nissa la Bella, l’hymne de la ville, qui résonne d’habitude dans la joie en soutien à l’équipe de football locale.
Cet attentat s’est déroulé sur ce qui est depuis le XIXe siècle, et le développement du tourisme, l’une des emblèmes de la capitale azuréenne. Celle que les Niçois appellent affectueusement la « Prom » est normalement synonyme de marche, d’activités sportives ou artistiques en tous genres, et bien sûr de farniente sur ses célèbres chaises bleues avec vue sur la Baie des Anges. La représentation de la promenade des Anglais sur de multiples cartes postales ou photographies comme sur les tableaux de Raoul Dufy, d’Henri Matisse et de bien d’autres peintres a contribué à projeter l’image de la station balnéaire niçoise dans le monde entier. En vertu de sa valeur universelle et exceptionnelle, la promenade des Anglais est d’ailleurs candidate à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité établie par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).
Si sur le plan international les messages de soutien sont unanimes, en France, à moins d’un an de l’élection présidentielle, l’unité nationale ayant prévalu lors des précédents attentats vole rapidement en éclat. A cela s’ajoute un débat sur la sécurité dans une des villes de France les mieux pourvues en moyens de vidéosurveillance.
Bibliographie
- Gilles Ferragu, Histoire du terrorisme, Paris, Perrin, 2014.
- Gilles Kepel, Terreur dans l’Hexagone : genèse du djihad français, Paris, Gallimard, 2015.
- Hugo Micheron, Le jihadisme français. Quartiers, Syrie, prisons, Paris Gallimard, 2020.
Transcription
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