Incidents à la cité de l'Ariane à Nice
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Résumé
Le quartier de L'Ariane à Nice a été le théâtre de violences. Elles ont opposé les policiers à des jeunes de cette cité sensible à forte population immigrée. Les incidents résultent d'un contrôle d'identité qui aurait mal tourné, mais plusieurs versions des faits circulent. La construction prévue d'une caserne de CRS dans le quartier paraît avoir tendu la situation.
Date de diffusion :
29 avr. 2001
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Le quartier de L'Ariane, à la périphérie de Nice, est l'un des quartiers déshérités et à problèmes de la région. Il fera partie en octobre 2004 des 23 quartiers considérés comme les plus exposés aux violences urbaines d'après le ministère de l'Intérieur. Les incidents du samedi 28 avril sont parmi les plus graves qui s'y produisent. La place de l'Ariane était devenue dans la nuit une sorte de camp retranché, la police la dégageant avec grenades lacrymogènes et balles en caoutchouc.
Ces incidents sont dans leur déroulement et leur contexte assez représentatifs de phénomènes plus généraux. Le prétexte à ces violences, dont les jeunes du quartier sont les protagonistes, a été une interpellation mouvementée par la police et la rumeur qui aussitôt a circulé. Mais, cristallisant les ressentiments, il y a en contrepoint la décision de la municipalité de construire une caserne de CRS sur un terrain dévolu à l'origine à une salle polyvalente (le terrain Albonico), destinée à servir de lien fédérateur entre le nord et le sud du quartier. Ce projet de caserne lancé par la municipalité Baréty (RPR) en 1994 après accord avec le ministre de l'Intérieur de l'époque (Charles Pasqua) a été repris par la municipalité Peyrat (RPR, ex-FN) et ressenti dans ce contexte comme une sorte de provocation, sur fond de tension récurrente entre jeunes du quartier et forces de l'ordre. Il traduit une inflexion politique "sécuritaire" répondant à l'évolution de toute une partie de l'opinion, mais en heurtant une autre.
Situé à 5 km du centre ville, au bord du Paillon, le quartier de L'Ariane concentre près de 15 000 habitants. Il a été édifié dans les années soixante, pour faire face aux besoins de logement du moment, puis pour loger les populations indésirables en centre ville. C'est la plus grande concentration de HLM de l'agglomération niçoise et le quartier le plus densément peuplé de la ville (31 000 habitants/km2). Il est devenu un concentré des misères urbaines, mêlant des familles d'origine très variée. Dès 1984, on y signalait de graves lacunes dans le domaine de l'accompagnement social et un certain état d'abandon. Le député de la circonscription, l'UDF Rudy Salles, avait obtenu d'en faire une "zone franche urbaine" en 1997.
Les années qui suivront les incidents de 2001, en dépit de diverses décisions de destruction d'immeubles et de reconstruction de logements à taille plus humaine, ne règleront pas les problèmes du quartier. Des incidents graves, opposant Tchétchènes et Maghrébins, se disputant le contrôle du trafic de cannabis, auront lieu entre novembre 2006 et juillet 2007, en particulier le 12 juin (échange de coups de feu, 4 blessés, 14 interpellations).
Les événements de novembre 2005 - la "révolte des cités" - ont relativement peu touché le quartier, même si avec La Trinité et Saint-André, il a fait partie des zones agitées. Les mesures prises dans le département (couvre-feu dès 21 heures 30 à partir du 10 novembre) l'expliquent-elles à elles seules ? C'est peu probable. Dans la région, relativement épargnée dans l'ensemble, c'est précisément dans les Alpes-Maritimes que les incidents les plus graves ont eu lieu, avec plusieurs dizaines de véhicules brûlés, plus de 230 interpellations et 23 personnes écrouées.
La faible incidence des émeutes urbaines de novembre 2005 dans les villes de la région a intrigué, même si on s'est surtout interrogé sur le "cas" marseillais, pour lequel les analyses ont fleuri. L'accent a été mis surtout sur la cohésion assurée par un fort sentiment identitaire local, mais une tradition de cosmopolitisme, une "culture du mélange" valorisée, l'intégration des grands ensembles dans la ville, et la densité du tissu associatif paraissent bien, également, avoir joué leur rôle.
Transcription
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