Attentat à la gare Saint Charles à Marseille
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Résumé
Deux attentats viennent d'avoir lieu, l'un dans le TGV Marseille-Paris, l'autre dans la salle de la consigne de la gare Saint-Charles, à Marseille. Ils ont fait tous les deux des morts et des blessés. Les dégâts sont importants. Plusieurs revendications ont été émises, dont une de l'Organisation de l'armée arabe. D'importantes mesures de sécurité sont mises en place, que Gaston Defferre, ministre de l'Intérieur, évoque. La psychose de l'attentat règne, les trains sont fouillés.
Date de diffusion :
02 janv. 1984
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Le 31 décembre 1983, à 20 h 09, la consigne de la gare Saint-Charles est dévastée par l'explosion d'une bombe. L'attentat tue trois personnes. Quelques minutes auparavant, une autre bombe avait explosé dans le train Marseille-Paris, aux environs de Tain-L'Hermitage, faisant deux morts et une trentaine de blessés.
Ces attentats font suite à toute une série qui a visé la France sur son territoire même et au Liban l'année précédente. Elle avait commencé avec une bombe dans le Capitole, le train qui relie Toulouse et Paris, le 29 mars 1982, qui avait fait cinq morts. L'attentat avait été revendiqué par une Organisation de lutte armée arabe, un groupe clandestin qui avait fait parler de lui en 1975. Ce groupe exigeait en vain du ministre de l'Intérieur, Gaston Defferre, la libération de Magadalena Kopp et Bruno Bréguet, deux terroristes arrêtés à Paris en février. Moins d'un mois plus tard, le jour même de leur condamnation à 4 et 5 ans de réclusion, le siège du journal Al Watan Al Arabi, rue Marbeuf, à Paris, était visé par un attentat qui fait un mort et une soixantaine de blessés. Ce journal avait mis en cause la Syrie dans l'assassinat de l'ambassadeur de France au Liban en septembre 1981. Quelques mois après, le 9 août, le restaurant Goldenberg, rue des Rosiers, était la cible des terroristes du groupe Abou Nidal qui tuent six personnes et en blessent une vingtaine.
Mais, sur le moment, on ne sait quels sont les auteurs des attentats du 31 décembre 1983. Comme à l'accoutumé, des revendications diverses surgissent. Il faut attendre le 4 janvier 1984 pour que l'Organisation de lutte arabe les revendique. Derrière le sigle, se cache Ilitch Ramirez Sanchez dit Carlos, un terroriste connu. Révolutionnaire sud-américain à l'origine, converti l'islam en 1975, il a bénéficié du soutien de divers services secrets d'Europe orientale et du Proche-Orient. Le mobile des attentats est flou. La France est défiée à cause de sa présence au Liban, mais aussi parce qu'elle détient en prison, Magdalena Kopp, maîtresse et complice de Carlos. Gaston Defferre, ministre de l'Intérieur, est directement visé. Il s'agit aussi de contribuer à "pourrir" le climat politique en France. Car ces attentats se produisent dans un contexte de grande tension, alors que la gauche au pouvoir est en difficulté. L'opposition, qui fait feu de tout bois, accuse le gouvernement de laxisme. Le Front national en profite pour réclamer le rétablissement de la peine de mort. Pour éviter une exploitation politicienne, Gaston Defferre interdit toute manifestation.
Carlos sera arrêté le 15 août 1994 au Soudan et extradé vers la France où il est, depuis, en prison. La cour d'assises spéciale de Paris l'a condamné à la réclusion à perpétuité en décembre 1997 pour le meurtre de deux policiers de la DST et d'un indicateur en 1975. Un nouveau procès doit avoir lieu pour ces autres crimes, mais pas pour les attentats de Marseille, qui, eux, sont prescrits.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Dominique Gonod
Madame, monsieur, bonsoir, il paraît difficile d'ouvrir ce journal, ce premier journal régional sur un sourire marqué bien sûr par des évènements survenus dans les dernières 48 heures.Je veux parler des attentats, deux attentats perpétrés presque simultanément au cours de la dernière nuit 1983.Le premier est survenu à 19 h 43, samedi soir dans le train TGV Marseille - Paris, à hauteur de Tain-l'Hermitage, l'explosion d'une bombe a littéralement éventré l'un des wagons du TGV ; bilan 3 morts et 33 blessés.Un bilan qui s'est alourdi cet après-midi avec le décès d'un des blessésLe second a eu lieu à 20 h 09 en pleine gare Saint Charles à Marseille, une bombe de 10 kg de plastic, placé dans une des consignes automatiques, a explosé ; le bilan : 2 morts et 34 blessés.Pour l'heure, 7 revendications ont été enregistrées, la plus sérieuse provient d'une organisation de l'Armée Arabe, émanation du Djihad Islamique.Une information judiciaire a été également ouverte après l'attentat de Saint Charles, et d'importantes mesures de sécurité ont été décidées quelques minutes après les 2 explosions, la protection des aéroports et des gares ayant été renforcée.Je vous propose donc tout d'abord de voir avec André Hatchondo, Armand Petit et Christian Hennetier, le film des évènements depuis samedi soir.
André Hatchondo
Quelques instants après l'attentat provoqué par une charge de plastic évaluée à 10 kg, on a enjambé des flaques de sang, au fond de la gare Saint Charles.L'explosion s'est produite à l'extrémité de ce couloir, dans la salle des consignes, bilan très lourd : 2 morts, 34 blessés.Un barrage de police en a interdit l'accès aux caméras, nous avons pu voir qu'à la place du plancher en béton il y avait un trou béant, nous avons pu voir le corps déchiqueté d'une des deux victimes, un corps témoignant de la violence de la déflagration.Ce soulier et ce sang appartient à l'une des 9 personnes grièvement blessée.Et le sapin de Noël au milieu des objets si tragiques qui jonchaient le sol est apparu bien dérisoire ; ça été la Saint Sylvestre transformé en Saint Barthélemy.
(Silence)
André Hatchondo
Le ministre de l'Intérieur et de la décentralisation, Gaston Defferre, est arrivé sur les lieux vers 21 h 15.
(Silence)
Gaston Defferre
Le président de la République demande que personne n'aille là-bas pour qu'on essaie de réunir le maximum d'indices, alors c'est pourquoi on ne pourra pas y accéder ce soir.
Reporter
Les photographes non plus ?
Gaston Defferre
Ni photographes ni journalistes, le moins de monde possible, uniquement les experts et les techniciens de la police et des laboratoires, pour essayer de trouver des traces qui permettent d'identifier...Pour le moment, nous n'avons reçu aucune revendication, peut-être en arrivera-t-il dans les moments, dans les instants qui viennent, pour le moment y en a pas,et ces attentats sont toujours particulièrement lâches et particulièrement cruels puisqu'ils frappent des victimes innocentes,mais un soir de fête, comme aujourd'hui, c'est deux fois plus odieux que d'habitude, c'est révoltant de penser que on profite de circonstances pareilles pour tuer aveuglément ceux qui se trouvent là, sans doute pour aller rejoindre la famille.
Reporter
Monsieur le ministre, y a-t-il corrélation entre cet attentat et celui qui était perpétré contre le TGV à Tain-l'Hermitage ?
Gaston Defferre
On peut se poser la question, puisqu'il semble avoir eu lieu à peu près à la même heure, ici dans une gare, là-bas dans un train, dans une rame qui venait de Montpellier.
Dominique Gonod
Les mesures de sécurité ont été sérieusement renforcées, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de la gare Saint Charles
(Bruits)
Dominique Gonod
Problème épineux posé à la SNCF, la restitution à leur propriétaire des bagages consignés dans la salle incriminée.Sur 300 casiers concernés, 236 ont pu être ouverts, la livraison des valises, commencée hier, s'est poursuivie aujourd'hui.
(Bruits)
Dominique Gonod
Résultat de la psychose de la bombe qui règne depuis l'attentat, à la suite d'une fausse alerte, hier à 14 heures, on a évacué en partie une rame de TGV.Chaque train en partance est «visité», comme dit pudiquement la SNCF, alors qu'il s'agit bel et bien d'une fouille en règle.
(Bruits)
Dominique Gonod
Dernier détail enfin, des spécialistes de Paris passent au peigne fin, depuis ce matin, la salle de consignes, afin de réunir tous les éléments pour déterminer la nature de l'explosif et le mécanisme de mise à feu.Un travail de fourmi qui s'annonce bien difficile dans la mesure où il ressemble à celui consistant à trouver une aiguille dans une meule de foin.
(Bruits)
Dominique Gonod
Oui les experts qui ont déjà déclaré que ces deux attentats, au vu des fragments de bombe, étaient l'oeuvre de véritables professionnels du terrorisme.
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