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20 juin
1962

Avec les rapatriés d'Algérie

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Résumé

Trois mois après la signature des accords d'Évian et le référendum les approuvant, les Européens quittent l'Algérie en masse, le plus souvent par bateau. Le reportage suit cet exode du point de départ, les quais d'Alger, encombrés de ce que les partants ont pu emporter, la ville que l'on quitte et sur laquelle on jette un dernier regard, au point d'arrivée, Marseille. Ils découvrent la ville au terme d'une traversée de 25 heures, et, avec elle, un pays où, parfois, ils ne sont jamais venus. Ils sont accueillis par la Délégation régionale aux rapatriés. Une pouponnière permet d'assister les familles ayant des enfants en bas âge. Le reportage se veut rassurant et laisse croire que tout est prévu. Il ne dit rien de l'essentiel, le chaos provoqué par un véritable raz-de-marée humain et les services d'accueil débordés par un océan de misères.

Date de diffusion :

20 juin 1962

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Contexte historique

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Ce reportage se situe au plus fort des arrivées des Européens d'Algérie. L'exode massif, commencé à la mi-mai, se terminera en août. Entre ces deux moments, partent d'Algérie 512 000 personnes dont 355 000 pour le seul mois de juin. Marseille, qui est, de loin le principal port d'accueil, reçoit ce seul mois aux environs de 200 000 arrivants. L'ensemble des services est débordé par ce raz-de-marée et les reportages, s'ils rendent compte de cet afflux, de l'encombrement des quais, du désarroi des familles et de leur douleur, masquent en grande partie le désordre, voire le chaos qui règne dans le port. Il s'agit de rassurer. De ce fait, l'écart entre les images - qui entendent montrer que les autorités gardent le contrôle de la situation - et la réalité est considérable. La situation est en effet extrêmement critique. L'ampleur du transfert de population a surpris et la concentration de l'exode à Marseille en particulier accentue les difficultés. Il peut paraître consternant que cet exode n'ait pas été anticipé et il est facile et compréhensible, cinquante après, de s'indigner de l'imprévoyance des autorités.

En fait, il existait depuis plusieurs années des structures d'accueil pour ceux que la décolonisation conduisaient au retour en métropole. La situation en Algérie laissant prévoir des arrivées plus massives qu'ailleurs, un secrétariat d'État aux Rapatriés avait été créé dans l'été 1961. Pour compléter le dispositif, le Parlement avait voté la loi du 26 décembre 1961 "relative à l'accueil et à la réinstallation des Français d'Outre-Mer". Elle définissait la notion de rapatrié - "des Français ayant dû ou estimé devoir quitter, par suite d'événements politiques, un territoire où ils étaient établis et qui était antérieurement placé sous la souveraineté, le protectorat et la tutelle de la France, et qui pourront bénéficier du concours de l'État" - ce qui permettait de leur assurer un ensemble de secours (prestations de départ, rapatriement gratuit, hébergement, allocations de subsistance pour un an, etc.), l'aide à la réinstallation et des indemnisations. Le dispositif d'accueil et d'hébergement ainsi projeté était placé sous l'entière responsabilité des préfets. La circulaire du 23 mai avait enjoint à chaque préfet d'établir un plan général d'accueil, d'hébergement, de rapatriement, sur le modèle du plan Orsec déclenché en cas de catastrophe. À Marseille, comme ailleurs, et notamment dans les départements du littoral - dans la région, Nice et Toulon étaient aussi des points d'arrivée -, le préfet était assisté par un service départemental spécifique et des comités comprenant des représentants des collectivités locales et du monde économique, les associations caritatives, ainsi que les associations de rapatriés (en particulier, l'ANFANOMA). Mais ce dispositif se révèle insuffisant pour plusieurs raisons.

La première est donc la sous-estimation dramatique de la situation et la sous-évaluation des départs pour la France. Jusqu'en avril 1962, ceux-ci ont été conformes aux prévisions et, à Marseille, l'accueil a correctement fonctionné. Il est vrai que le nombre de retours encore enregistrés en avril 1962 - alors que le cessez-le-feu avait été signé - était inférieur à celui d'avril 1961 (4 810 au lieu de 5 200). Le secrétariat d'État restait au printemps 1962 sur un chiffre de retours en France compris dans une fourchette de 100 à 200 000 personnes, soit à peine plus que le nombre d'arrivées décomptées jusqu'en décembre 1961. Cette sous-estimation n'allait pas sans aveuglement. Robert Boulin, comme une partie des hommes au pouvoir, pensait que nombre de rapatriements n'étaient que provisoires et que beaucoup retourneraient en Algérie, comme si la situation allait s'apaiser et que les accords conclus à Évian suffisaient à garantir le maintien sur place d'une population européenne. Or le retrait rapide de l'armée française d'une grande partie du territoire algérien et les ordres de désengagement qui lui sont donnés ont créé un vide propice à l'extension des violences et, plus encore, au sentiment, justifié, d'abandon. Ajoutons que, jusqu'au début mai 1962, l'OAS - dont l'emprise est réelle - a tout fait pour bloquer les départs considérés comme une trahison, avant que ses desperados pratiquent une politique d'assassinats et de "terre brûlée", tandis que les nationalistes algériens ou des éléments incontrôlés se livrent à des représailles ou des exactions. La peur, celle des enlèvements surtout, a envahi la population européenne. La situation devenue chaotique, l'écroulement des illusions d'une population qui, dans sa majorité, avait espéré jusqu'au bout un autre dénouement, ont entraîné un mouvement panique que personne, en Algérie, n'a pu canaliser. À la mi-mai, toutes les retenues ont cédé, l'affolement a contribué à la débandade, d'où ces scènes sur les quais d'Alger, l'engorgement des ports, la rotation accélérée des bateaux essayant au plus vite d'évacuer les populations. À partir du 16 mai, les trois compagnies assurant les transports - la Compagnie générale transatlantique, la Compagnie de navigation mixte et la Société générale des transports maritimes - ont intensifié le mouvement, mais tout a été submergé. À partir de là, tous les moyens maritimes, civils et militaires, sont utilisés par les autorités pour accélérer des départs qu'il n'est plus possible d'échelonner. Le désordre est indescriptible. Pour aider les services de l'État, la municipalité de Marseille débloque des fonds et mobilise une partie de ses employés, tandis que le port travaille 24 heures sur 24. Mais, à partir du 19 juin, arrivent aussi les colis lourds, les "cadres", qui vont contribuer à encombrer les quais d'où ils ne seront enlevés, non sans mal et non sans dégradations, que bien des semaines après, et près de 60 000 véhicules s'y ajoutent.

Le plus difficile est de faire face à la détresse des familles. Plusieurs services et les associations tentent de leur apporter de l'aide. La Délégation régionale aux rapatriés dont le reportage donne une représentation rassurante est installée rue Breteuil, mais le Secours catholique, l'Armée du salut, la Croix-Rouge, l'Entraide des Bouches-du-Rhône, l'Accueil protestant, etc. interviennent aussi. Les besoins des arrivants sont très diversifiés. Certains, qui ont de la famille en France, ont besoin d'acheminement rapide, d'autres, qui ont tout perdu, de secours d'urgence, tandis que les fonctionnaires sont recasés tant bien que mal par leurs administrations. Pour répondre aux nécessités de loger temporairement cette masse en transit, on utilise, entre autres, l'Hôtel Bompard, rue des Flots-Bleus, connu pour avoir servi de centre d'internement sous Vichy, vite surchargé, et trois cités réquisitionnées à la périphérie, La Rouvière dans le 9e arrondissement, Saint-Thys dans le 10e et, surtout, La Rouguière dans le 11e. C'est le principal centre de transit. Il est composé de cinq immeubles HLM, situés loin du centre, sur la route des Camoins, soit 310 appartements, pour lesquels l'armée a dû fournir du matériel de couchage. Les hébergés s'y succèdent à un rythme accéléré. Au total, plus de 60 400 personnes y seront passées entre juin et novembre 1962. Ce centre fonctionnera jusqu'en avril 1963. Les autorités essayent de disperser au plus vite les arrivants qu'ils souhaiteraient répartir sur l'ensemble du territoire de la métropole. Cependant, la plupart vont rester dans le Midi, beaucoup à Marseille et dans la région. Le secrétaire d'État aux Rapatriés, Robert Boulin, qui laissera le souvenir d'avoir été débordé par une situation qu'il a mal évaluée (mais qui l'avait bien évaluée ?), sera remplacé en septembre 1962 par Alain Peyrefitte, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Rapatriés, puis, peu après, par François Missoffe. Celui-ci restera en charge jusqu'en juillet 1964, date à laquelle le reclassement des rapatriés paraîtra achevé. On se rendra vite compte qu'il n'en était rien. Comment un tel drame aurait-il pu s'effacer aisément et ne pas nourrir le ressentiment ? L'exode chaotique du printemps et de l'été 1962 allaient devenir dans la mémoire blessée des rapatriés l'un des souvenirs les plus douloureux et Marseille, bien souvent, attachée, à son corps défendant, à ce traumatisme.

Bibliographie :

Jean-Jacques Jordi, 1962 : L'Arrivée des Pieds-Noirs, Paris, Autrement, 2002.

Jean-Jacques Jordi, De l'exode à l'exil : Rapatriés et pieds-noirs en France : l'exemple marseillais, Paris, L'Harmattan, 1993.

Jean-Jacques Jordi et Émile Témime dir., Marseille et le choc des décolonisations, Aix-en-Provence, Édisud, 1996.

Transcription

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