Commémoration de l'attentat contre le roi de Yougoslavie [Muet]
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Il y a 20 ans, l'attentat d'octobre 1934 coûtait la vie au roi Alexandre Ier de Yougoslavie, en visite officielle à Marseille, et au ministre français des Affaires étrangères Louis Barthou.
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09 oct. 1954
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En dépit des évènements tragiques qui ont marqué l'histoire de Marseille depuis vingt ans, le souvenir du 9 octobre 1934 n'est pas effacé. Ce reportage en témoigne. La Canebière de 1954 ressemble à celle de 1934, en dépit des destructions de la guerre : mêmes pavés, mêmes tramways, une circulation automobile à peine plus dense. Le roi Alexandre a été invité par le gouvernement français en visite officielle. Marseille est sa première étape. Il doit partir à Paris dans la soirée.
Le croiseur Dubrovnik sur lequel il se trouvait est arrivé dans le port au milieu de l'après-midi. Le roi, en grande tenue d'amiral, portant le grand cordon de la Légion d'honneur, en est descendu avec son épouse à 16 heures. Louis Barthou, le maître d'oeuvre de la diplomatie française, l'attendait sur le quai des Belges avec de nombreuses personnalités, un peloton de gardes mobiles, un bataillon d'infanterie coloniale, la musique qui a joué les hymnes nationaux. La réception du roi a été minutieusement préparée, c'est un invité de marque et un allié sûr, pivot de la "Petite Entente" que Barthou met en place avec les petits États d'Europe centrale et orientale pour prendre Hitler et Mussolini à revers. Le cortège part vers la Préfecture. Il est prévu qu'il visite la ville jusqu'au monument à l'Armée d'Orient. La Delage dans laquelle le roi, le général Georges, l'un des principaux officiers supérieurs du pays, chargé de l'accompagner dans son voyage, et Barthou ont pris place, remonte la Canebière, précédée d'une voiture de police et d'un peloton de gardes mobiles à cheval. Elle est encadrée par deux officiers à cheval et suivie par un peloton d'agents cyclistes. Le drame se noue devant la Bourse, là où l'on a écrit, par la suite, le mot Pax sur le pavé, à côté du lampadaire qui porte depuis une plaque commémorative. Un homme a surgi de la foule et a fait feu avec un parabellum sur le roi dont la poitrine est percée, qui va mourir peu après à la Préfecture, sur Barthou qui décèdera à l'Hôtel-Dieu, et sur le général Georges, blessé en tentant de s'interposer. L'assassin est sabré par l'un des officiers, puis lynché. Dans l'affolement, les policiers ont tiré, blessant neuf personnes dont quatre mortellement. Les trois complices du meurtrier seront arrêtés trois jours après. L'assassinat a été commandité par les nationalistes croates, qui reprochent au roi - qui a établi un régime autoritaire et centralisé en 1929 - sa politique pro-serbe. Ces militants d'extrême droite, ultras catholiques, que l'on appelle les Oustachis, sont protégés par les fascistes italiens et soutenus par les nazis. Le crime, effectué par des nationalistes macédoniens, liés à la Bulgarie, est l'oeuvre de l'"Internationale" terroriste d'alors. Les complices du meurtrier seront jugés par la cour d'assise d'Aix-en-Provence entre novembre 1935 et février 1936 et condamnés aux travaux forcés à perpétuité.
Est-il nécessaire de préciser que l'émotion provoquée par cet évènement est extrême. Très vite, plusieurs comités entendent perpétuer le souvenir du roi et de Barthou, considérés comme des martyrs de la paix. Le comité marseillais rassemble toutes les notabilités de la ville afin d'édifier un monument commémoratif. Il sera l'oeuvre de l'architecte en chef des Bouches-du-Rhône, Gaston Castel, et trois sculpteurs tout aussi connus, Antoine Sartorio, Louis Bottinelly et Jean-Élie Vezien. Érigé en bordure des jardins de la Préfecture, au coeur de la ville, ce monument, dont il faudrait détailler les éléments, porte l'effigie des deux hommes, sur deux colonnes qui représentent de façon allégorique la France et la Yougoslavie, unies par un grand bouclier portant, en grosses lettres, le mot PAX. On peut lire sur son socle : "La JUSTICE et le DROIT, la LIBERTE et le TRAVAIL, à l'ombre de la force des deux peuple, s'unissent dans le souvenir du roi Alexandre Ier et du président Barthou, tombés pour la Paix". Commencé en 1938, ce monument caractéristique de son époque, ne sera achevé que le 2 juin 1941, en pleine guerre, alors que la Yougoslavie, après la France, vient d'être envahie par les nazis. Il n'y aura pas de grande cérémonie. En fait, c'est quelques semaines auparavant, en avril, que les Marseillais, notamment les étudiants, ont fait le geste qu'il fallait pour exprimer leur sympathie à l'égard du peuple ami et de son roi, le fils d'Alexandre. En apprenant l'invasion, ils ont été plusieurs centaines à manifester ou à porter des fleurs sur les lieux de l'assassinat.
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