# Présentation
Ce parcours propose de situer la langue occitane à travers l'espace et l'histoire, notamment celle des dernières décennies.
- Associations -
- L'occitan dans l'espace public -
- L'enseignement public -
- Les écoles Calandreta -
- L'enseignement et la recherche à l'Université -
- La formation pour adulte -
- Télévision -
- Presse et les nouveaux médias -
- Héritage littéraire -
- Arts du spectacle
Introduction
L’occitan est une langue romane qui désigne l’ensemble des variétés pouvant être rassemblées sous le terme de langue d’oc (par opposition aux variétés d'oïl). D’un point de vue dialectal, on dégage six dialectes regroupés en trois grands ensembles : l'occitan méridional (languedocien et provençal), l’occitan septentrional (limousin, auvergnat, vivaro-alpin) et le gascon. Sa proximité linguistique avec le catalan permet en outre de définir un ensemble occitano-roman au-delà des limites fixées traditionnellement pour le gallo-roman.
Une des caractéristiques de l’occitan est l’étendue de son aire linguistique. En France, il recouvre un espace considérable, correspondant à quatre régions administratives (Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur), 34 départements ou encore huit académies. Au-delà des frontières administratives de France, il s’étend en Italie, dans une douzaine de vallées piémontaises [1], et en Espagne, dans le Val d’Aran.
[1] Il faut y ajouter une enclave « vaudoise » en Calabre, Guardia Piemontese, depuis le XIVe siècle.
# Quelques rappels historiques
Si au Moyen Âge le latin reste encore la langue qui sert pour les domaines écrits et religieux, on voit aussi émerger à cette époque des écrits en langue vulgaire. Les premiers véritables textes occitans conservés datent du XIe siècle mais le succès des troubadours permet, aux XIIe et XIIIe siècles, d’étendre plus massivement encore l’usage de cette langue aux registres écrits, administratif, juridique ou scientifique occitan. Cet usage de l’occitan dans les registres officiels et prestigieux se développe considérablement jusqu’à la première moitié du XVe siècle, mais décroît ensuite peu à peu avec la progression de l’usage du français officiel écrit.
Date de la vidéo: 03 juin 1997
Durée de la vidéo: 01" minutes 52 secondes01M 52S
Les troubadours occitans
Terre des troubadours complète l'anthologie Histoire et anthologie de la littérature occitane, et porte sur les poètes de l’amour courtois du XIIe et XIIIe siècles. Son auteur Gérard Zuchetto recontextualise ce courant littéraire s'étendant du sud de la France aux cours d’Italie, en passant par la Catalogne. L'écrivain Robert Lafont souligne l'ambition totalisante de cette anthologie.
L’abandon progressif s'accompagne de la perte des conventions graphiques médiévales au profit d’une notation de l'oralité dialectale au moyen du système graphique du français. De plus en plus, la production écrite se réduit aux registres populaires ou religieux (littérature carnavalesque, Noëls, etc.), même si des auteurs continuent de défendre la dignité littéraire de l’occitan.
Date de la vidéo: 25 juin 1981
Durée de la vidéo: 02" minutes 23 secondes02M 23S
L'opéra occitan Daphnis et Alcimadure
Daphnis et Alcimadure de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville est un opéra du XVIIIe siècle entièrement en occitan. Il est présenté au festival Montpellier Danse dans une mise en scène de Jacques Bioulès, des chorégraphies de Dominique Bagouet, et des décors de Jean Hugo. René Zerbi, des éditions Ventadorn, et Georges Frêche, président de la commission culturelle du Conseil régional du Languedoc-Roussillon, évoquent ce projet.
La Révolution française, en liant l'idée de progrès et d'unité républicaine à la pratique du français, finit par diffuser l’idée de la supériorité naturelle de la langue officielle. C'est avec la scolarisation obligatoire, à la fin du XIXe siècle, que se met en place un processus massif de substitution linguistique dans l'usage oral et que s’interrompt progressivement la transmission familiale de la langue occitane. La francisation touche d’abord les villes puis gagne les populations rurales, de plus en plus souvent contraintes à s’exiler vers les villes, Paris, ou les grands centres urbains. Bien sûr le français qui s’est progressivement mis en place depuis quelques siècles dans le Midi n’est pas celui de Paris, mais un français élaboré à partir d’un substrat phonologique occitan. Il se caractérise non seulement par un accent méridional mais par la francisation de bon nombre de formes occitanes importées dans le français régional.
# Deux normes graphiques principales
# La norme classique
Au cours du XIXe siècle, le regain progressif d’intérêt pour l’occitan a favorisé, chez certains auteurs, la volonté de restaurer la graphie classique, autrement dit le système autonome d’écriture qu’avait mis en place l’occitan médiéval. C’est notamment le cas du Languedocien Fabre d’Olivet (1803) ou du Provençal Simon-Jude Honnorat (1846). Au début du XXe siècle, la graphie classique de Perbosc et Estieu a connu un certain succès. Mais il n’y avait pas encore de norme précise, il ne s’agissait que de conventions assez vagues. Le Languedocien Louis Alibert a publié en 1935 sa Gramatica Occitana. Cet ouvrage est le point de départ d’une véritable norme qu’on appelle norme classique (nòrma classica) dont l’usage est devenu majoritaire aujourd’hui. Elle s’inspire du fonctionnement de la norme du catalan qui a été élaborée dans les années 1910 par Pompeu Fabra. La norme classique a pris un essor important durant la seconde moitié du XXe siècle grâce au soutien de l’Institut d’estudis occitans (IEO), fondé en 1945. La norme classique s’est alors diffusée dans les années 1950 et a acquis un usage majoritaire dans toute l’Occitanie au cours des années 1960-70. C’est aujourd’hui le seul système qui soit disponible dans la totalité des dialectes d’oc.
Date de la vidéo: 22 déc. 1985
Durée de la vidéo: 02" minutes 23 secondes02M 23S
L'engagement culturel et politique de l'Institut des études occitanes
Alan Rouch, secrétaire général de l'IEO audoise, décrit les activités de l'association dans l'édition, l'animation et l'enseignement. Il mentionne la participation de l'IEO à un débat sur les langues minorisées d'Europe se tenant à Barcelone. Puis il évoque le contexte politique en France et en Europe au regard des revendications du mouvement occitan. Il présente ensuite la revue Occitans ! et leur travail d'édition pour la jeunesse.
# La norme mistralienne
À côté de la norme classique, la norme mistralienne est un autre système important dans la vie contemporaine de l’occitan. En 1853, l’écrivain provençal Joseph Roumanille a proposé une orthographe précise pour le provençal en s’appuyant principalement sur les habitudes de notation à la française. L’association du Félibrige, fondée en 1854, a adopté ce système. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, le prestige de Mistral et du Félibrige a étendu l’usage de la norme mistralienne dans l’ensemble de l’Occitanie. Elle a été adaptée aux autres dialectes que le provençal. Après la mort de Mistral, en 1914, le Félibrige a perdu une partie de son dynamisme même s’il est resté jusqu'à nos jours une association importante. Le Félibrige est partagé entre la norme mistralienne, utilisée notamment par le Félibrige provençal et la norme classique, utilisée massivement ailleurs.
Date de la vidéo: 07 déc. 2014
Durée de la vidéo: 03" minutes 34 secondes03M 34S
Mistral et le Félibrige
Cent ans après sa disparition, l’œuvre de Mistral reste à découvrir, au travers notamment d’une partie de sa correspondance conservée au CIRDOC- Institut occitan de cultura. Aurélien Bertrand, archiviste, décrit ainsi une archive retrouvée. L'écrivain Yves Rouquette livre sa vision du poète. Benjamin Assié, directeur du CIRDOC et commissaire de l’exposition Mistral et l’Europe, évoque sa renommée.
# L’essor de l’occitanisme contemporain - L’occitan aujourd’hui
Dès la mise en place de l’école obligatoire, il ne reste que peu d’espace pour la défense publique de l’occitan. Même si en 1911 Jean Jaurès émet déjà l’idée que la connaissance de l’occitan est un atout permettant une acquisition plus rapide des autres langues romanes ; même si l’occitan est encore parfois la langue de la revendication sociale (c’est le cas lors de la révolte des vignerons en 1907) ou est sporadiquement utilisé dans des discours publics (le 1er mai 1905, Jean Jaurès utilise l’occitan pour l’inauguration de la coopérative viticole de Maraussan, près de Béziers), il manque encore à la langue les outils techniques qui permettrait de la définir comme une langue à part entière.
La création de l'IEO (Institut d’estudis occitans), à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, va contribuer à donner un nouvel élan à la langue occitane. Tout en promouvant la norme classique et en soutenant la création littéraire, l’IEO a tenté de faire de l’occitan non plus seulement un objet d’étude, à l’instar des études romanes, mais un outil de communication et de pensée moderne. Il oriente peu à peu son action vers la reconquête sociale de la langue. L’école qui avait contribué à la substitution linguistique devient alors l’espoir d’une reconquête possible de la langue. Un des acquis institutionnels majeurs du XXe siècle pour l’occitan comme pour toutes les autres langues de France sera la promulgation de la Loi Deixonne (1951) qui a autorisé l’enseignement de l’occitan dans les écoles. Ainsi l’occitan a pu peu à peu se développer à tous les niveaux du système éducatif.
Date de la vidéo: 28 nov. 1999
Durée de la vidéo: 03" minutes 0 secondes03M 0S
L'enseignement bilingue à Albi
L'enseignement public bilingue français-occitan se développe à Albi, de la maternelle au collège. Monique Delmas et Agnès Amalric, institutrices respectivement en maternelle et en primaire à l'école Rochegude, expliquent le fonctionnement d’un enseignement à parité horaire. Bernard Lescalier, professeur, expose l'emploi du temps et le programme dédié aux heures en occitan au collège Bellevue.
Dans les années 1960, à côté d’un occitanisme « littéraire », va se développer un occitanisme plus politique. L’occitan devient par la parole publique un vecteur de la contestation sociale et acquiert une nouvelle audience. Grâce à l’essor de la nouvelle chanson occitane ou du théâtre militant. À cette période de contestation va se substituer lentement une amorce d’institutionnalisation, voire de professionnalisation de l’occitan qui mènera à la situation que l’on connaît aujourd’hui.
Aujourd’hui, on peut dire que, toutes proportions gardées, la langue occitane commence à réinvestir des espaces culturels et sociaux dont elle était absente. Paradoxalement, alors que la transmission familiale s’est interrompue de façon irrémédiable après la guerre de 1940, et au moment où s’éteignent les derniers locuteurs vivants (dans les zones rurales), s’éteint aussi la honte, la vergonha, appelée parfois par hyperbole « auto-òdi » et les sondages font état très majoritairement d’un attachement des populations à leur langue. Le terme de « patois » a perdu de la vigueur et cédé peu à peu du terrain devant l’expansion du terme « occitan » qui suscite à présent une adhésion nationale et internationale.
Date de la vidéo: 17 sept. 2005
Durée de la vidéo: 02" minutes 16 secondes02M 16S
L'occitan à l'étranger
Le colloque de l'Association internationale des études occitanes (AEIO) a rassemblé à Bordeaux plus de 200 chercheurs du monde entier, qui sont partis sur les traces du troubadour Jaufre Rudel. Georg Kremnitz (Autriche), président de l'AIEO, Peter Cichon (Autriche), Thomas Field (Etats-Unis), et Naoko Sano (Japon) soulignent la richesse de l’occitan comme objet de recherche, irréductible à un dialecte local.
Le choix par sondage du nom de la région Occitanie – qui heurte cependant une partie des militants occitanistes des autres régions occitanes, lesquels se sont sentis exclus – est aussi le signe de cet attachement. Certes, il s’agit de déclarations qui ne sont pas toujours suivies d’actes (apprentissage de la langue, inscription des enfants dans des écoles enseignant l’occitan...), mais il s’agit là d’un signal positif.
La progression du nombre de néolocuteurs est aujourd’hui difficilement estimable, mais il est sûr que cette pratique de l’occitan est encore loin de pouvoir compenser le déficit de plus en plus grand de locuteurs naturels.
Date de la vidéo: 01 sept. 1973
Durée de la vidéo: 03" minutes 19 secondes03M 19S
Université occitane d'été à Villeneuve sur Lot
L'Université occitane d'été, ouverte à tous, organise sa seconde édition. Robert Lafont, directeur des études à l'Institut d'études occitanes et organisateur, en précise l’ambition : favoriser les échanges sur la culture occitane, et en soutenir la création contemporaine. Marceau Esquieu explique le succès du projet par la bonne volonté des institutions, et la forte sensibilisation de la population.
Signe si ce n’est d’un intérêt du moins d’un respect et d’une tolérance plus grande des pouvoirs publics face à l’occitan, un grand nombre de villes et villages ont mis en place une signalisation bilingue. Ces évolutions sont probablement la conséquence, directe ou indirecte, de la reconnaissance publique dont l’occitan commence à faire l’objet. Ainsi, des chargés de mission à la langue et à la culture occitanes ont-ils été recrutés depuis les années 1980 par les régions, les départements ou les villes.
Date de la vidéo: 21 sept. 2009
Durée de la vidéo: 01" minutes 42 secondes01M 42S
Le métro toulousain en occitan
À l’occasion du festival Occitània, les stations du métro toulousain sont annoncées en français et en occitan, ce qui étonne les passagers. Pierre Escudé, maître de conférence, explique la toponymie des lieux-dits à l’origine des noms de stations. Stéphane Coppey, président de Tisséo, souhaite pérenniser ces annonces bilingues. Une passagère s'étonne de la démarche, à l’heure de l'Europe.
L’action revendicative et le militantisme culturel ont permis la création du CIRDOC (Centre international de recherche et documentation occitanes) et de l'Institut Occitan, ou favorisé la mise en place des premières bases institutionnelles (Loi Deixonne, enseignement primaire, secondaire et supérieur, création d'un CAPES puis d’une agrégation, des Calandretas et des classes bilingues publiques).
Date de la vidéo: 01 avr. 1982
Durée de la vidéo: 03" minutes 21 secondes03M 21S
Les premières Calandretas en Béarn
À l'occasion de la sortie d'un livre scolaire en gascon, l'institutrice Josette Belloc décrit l'enseignement des langues dans une Calandreta. Le président de l'association Calandreta, Jean-Pierre Lalanne-Cassou, appelle à une reconnaissance de l'enseignement en occitan par l’Éducation nationale avec la création de deux filières : des écoles bilingues publiques et des écoles immersives associatives.
Date de la vidéo: 24 nov. 1991
Durée de la vidéo: 01" minutes 29 secondes01M 29S
Création d'un diplôme DEUG en occitan
En 1991, le Diplôme d’études universitaires générales (DEUG) d'occitan voit le jour dans les locaux des universités de Pau et de Bordeaux. L'Aquitaine est pilote dans ce projet expérimental, explique Jean Salles-Loustau, professeur d'occitan à Pau. Bernard Arros, également professeur, décrit le DEUG d'occitan qui se partage à 50% avec le DEUG de Lettres Modernes.
Deux organismes se sont donnés pour tâche d’œuvrer à la normalisation de la langue : Lo Congrès, qui regroupe les principales associations occitanes (Association internationale d’études occitanes (AIEO), Fédération des enseignants de langue et culture d’oc (FELCO), IEO, Calandreta...) et l’Acadèmia Occitana. Pour sa part, le Félibrige s’est donné pour tâche de renouveler la base indispensable du dictionnaire mistralien Lou Tresor dóu Felibrige, en créant le Conseil de l’écrit mistralien.
L’occitan s’est développé de manière modeste dans les médias. Avec l’autorisation des radios libres dans les années 1980, sont apparues les premières radios associatives en occitan (Ràdio País, Ràdio Occitània). D’autres ont vu le jour plus récemment. C’est le cas de Ràdio Lengadòc à Montpellier. La place de l’occitan à la télévision reste encore très limitée.
Date de la vidéo: 31 oct. 1981
Durée de la vidéo: 04" minutes 36 secondes04M 36S
Viure Al País : L'Erba d'agram (extrait)
L'Erba d'agram (« Le chiendent » en français) est le premier numéro de l'émission Viure Al País. Maurice Andrieu met en scène, avec la participation du comédien Claude Alranq, la confrontation entre un professeur de l'école républicaine et un élève, puis un viticulteur. Cette fiction permet d'évoquer la déchéance de la culture et de la langue occitanes, et les raisons de celle-ci.
La presse régionale continue d’accorder sporadiquement une petite place à l’occitan, il existe quelques revues d’information culturelles ou littéraires. En revanche, l’hebdomadaire d’information, La Setmana, entièrement en occitan, a cessé de paraître en 2018. Ces dernières années, le succès d’Internet a permis un développement sans précédent des échanges en occitan permettant de créer des liens entre des personnes partageant un intérêt commun pour la langue et la culture (nombreux sites amateurs ou professionnels, forums de discussions, revues électroniques).
Date de la vidéo: 15 sept. 2012
Durée de la vidéo: 01" minutes 22 secondes01M 22S
Lo Jornalet.com
Le Jornalet.com est un site web d'information généraliste édité au Val d’Aran, et le premier journal numérique en occitan. Ses journalistes sont venus à Rodez couvrir le festival L'Estivada. Ferriol Macip, son fondateur, évoque les bons chiffres de fréquentation du site, qui répond à l'attente du public par son côté participatif et sa ligne éditoriale, et sa professionnalisation future.
Sans le recours aux messageries et autres réseaux, il aurait sans doute été difficile de rassembler les dizaines de milliers de personnes qui se sont retrouvées à Carcassonne en 2005 pour la défense de la culture et de la langue occitanes, puis successivement à Béziers (2007), Carcassonne (2009), Toulouse (2012). La manifestation de Montpellier en 2016 semble cependant marquer une décrue du mouvement.
Date de la vidéo: 06 nov. 2005
Durée de la vidéo: 02" minutes 58 secondes02M 58S
La manifestation Anem òc
Carcassonne accueille la manifestation internationale Anem òc pour la défense de la langue occitane. Une foule nombreuse y entonne le Se Canta, avant que l'écrivain Yves Rouquette ne rappelle les débuts de ce combat. Dario Anghilante, musicien des vallées occitanes d'Italie, et Robèrt Lesh, de Marseille, témoignent de leur soutien à la défense de la langue. Pour l'écrivain Miquèu Chapduèlh, l'amenuisement de la transmission de la langue constitue un danger.