Le métro toulousain en occitan
Notice
Résumé
À l’occasion du festival Occitània, les stations du métro toulousain sont annoncées en français et en occitan, ce qui étonne les passagers. Pierre Escudé, maître de conférence, explique la toponymie des lieux-dits à l’origine des noms de stations. Stéphane Coppey, président de Tisséo, souhaite pérenniser ces annonces bilingues. Une passagère s'étonne de la démarche, à l’heure de l'Europe.
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Date de diffusion :
21 sept. 2009
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- 00059
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Contexte historique
Par
La mise en place d’annonces bilingues français/occitan dans le métro toulousain s’inscrit dans un mouvement pour la présence de l’occitan dans l’espace urbain, commencé à la fin des années 1970 (en 1979 par exemple, Georges Frêche, alors maire de Montpellier, inaugure quelques plaques de rues en occitan) et qui s’accélère au début des années 2000 avec la mise en place d’une signalisation bilingue dans certaines communes. Au départ plutôt cantonné au villages, le phénomène s’est aussi étendu aux agglomérations comme Toulouse. Aujourd’hui, des villes comme Agen s’engagent pour « occitaniser » leur affichage urbain. Ce volontarisme bénéficie globalement du soutien de la population : une enquête de 2011 commandée par le conseil Général du Tarn avait révélé que 64% des habitants étaient favorables à une signalisation bilingue et 71% souhaitaient une plus grande visibilité de l’occitan dans l’espace public. Cependant, il est aussi arrivé que cette apparition de l’occitan dans l’espace public provoque des tensions. En 2010, une polémique a éclaté au sujet du panneau d’entrée de la ville de Villeneuve-lès-Maguelone près de Montpellier, quand un habitant l’a dénoncé devant la justice au nom, entre autres, d’une atteinte aux valeurs de la République. Finalement, les défenseurs de l’occitan, soutenus par des habitants et des élus locaux, ont eu gain de cause.
Cette politique locale favorable s’inscrit dans une démarche de valorisation patrimoniale du territoire, dont l’attractivité est renforcée par ses spécificités culturelles. Ce que l’on cherche à attirer, ce sont les touristes bien sûr, mais pas seulement. Diffuser une image plus positive des campagnes en mettant en avant l’histoire, le dynamisme culturel, la richesse du « terroir » est de nature à plaire à des jeunes actifs en quête d’une meilleure qualité de vie.
Au-delà de l’aspect symbolique, l’arrivée de l’occitan dans l’espace public constitue une forme de réappropriation du territoire. En effet, la présence du français dans la géographie administrative a éclipsé la richesse de la toponymie occitane. Cette « francisation » des noms de lieux d’origine occitane conduit même souvent à des absurdités : l’enseignant Pierre Escudé cite ici l’exemple des « Trois Coucous » dans la vidéo, mais on pourrait ajouter de nombreux autres exemples de toponymes erronés comme le lieu-dit des « Treize-vents » près de Montpellier, qui donne son nom à une scène nationale de théâtre, et qui vient de la transformation de tres (3 en occitan) en « treize ». Loin d’être anecdotique, cette substitution entraîne une perte de transmission des histoires, contes, légendes associées à certains lieux, et dont la langue occitane a été le vecteur au cours de plus d’un millénaire d’histoire.
À cela s’ajoute une perte de contact d’une partie de la population avec la langue qui a été celle d’un territoire. À ce titre, les réactions des passagers interrogés dans la vidéo sont plutôt édifiantes. En fin de reportage, une passagère, pourtant dotée d’un bel accent toulousain, remet en cause l’intérêt de la langue d’oc au motif que « maintenant on est européens », sous-entendant l’impossible cohabitation de la langue des troubadours avec le monde moderne. Cette réaction est caractéristique de ce que des sociolinguistes catalans ont nommé l’auto-odi (la haine de soi), sentiment causé par la diffusion dans une société de discours négatifs sur une langue et une culture minorisée. Cela amène de nombreuses personnes à dénigrer leur propre langue pour des motifs divers, souvent liés à une forme de « ringardisation ». L’introduction de l’occitan dans l’environnement visuel et sonore d’une métropole moderne et dynamique comme Toulouse est sans aucun doute de nature à contrer cette dynamique.
Transcription
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