Allocution du général de Gaulle
Notice
A la veille du premier tour des élections législatives, nouvelle intervention du général de Gaulle à la radio et à la télévision. Le Président de la République s'adresse aux Français en leur montrant en quoi il est nécessaire que de leurs votes sorte une majorité stable au Parlement afin qu'il puisse travailler de façon cohérente avec son gouvernement.
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Éclairage
Les élections législatives qui doivent pourvoir au remplacement de l'Assemblée élue en 1962 et dont le mandat s'achève doivent être organisées les 5 et 12 mars 1967. Or, depuis l'élection présidentielle de 1965 au cours de laquelle le Général e Gaulle a été mis en ballottage, l'opposition, stimulée par son relatif succès, s'est organisée. François Mitterrand a rassemblé autour de lui au sein de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste le parti socialiste, le parti radical, et les clubs de la Convention des institutions républicaines, cependant que le centre-droit du MRP et des Indépendants a constitué derrière Jean Lecanuet un Centre démocrate. Or ces forces d'opposition entendent faire des législatives un "troisième tour" de l'élection présidentielle en privant le président élu de majorité à l'Assemblée nationale. Cet espoir ne semble pas tout à fait vain, les sondages prévoyant un recul de la majorité qui, de son côté, s'est rassemblée autour du Premier ministre Georges Pompidou dans un Comité d'action pour la Vème République réunissant les gaullistes de l'UNR (Union pour la nouvelle République), les gaullistes de gauche et les giscardiens, rassemblés dans une Fédération nationale des Républicains Indépendants.
Aussi, à la veille du premier tour, alors que la campagne électorale s'est achevée la veille à minuit, de Gaulle adresse-t-il un ultime appel aux électeurs en situant l'enjeu des élections dans un choix entre le salut et le malheur du peuple français. Le salut serait la réélection d'une majorité décidée à appuyer l'action du président afin de poursuivre, en dépit des obstacles et des difficultés, l'oeuvre de progrès accomplie depuis 1958. Le malheur consisterait dans l'élection d'une majorité d'opposants qui paralyseraient l'action présidentielle, bloqueraient le fonctionnement des institutions, sans être capables de mettre en oeuvre une politique alternative cohérente et efficace.