La 9e symphonie de Beethoven et Béjart à Bercy

22 juin 1999
02m 33s
Réf. 00707

Notice

Résumé :

Pour la première fois le Palais Omnisport de Bercy s'ouvre à la danse et accueille les 22 et 23 juin 1999 la 9e symphonie de Béjart. Ce document s'ouvre sur la danse primitive de l'artiste noire invitée, Assiata Abdou, entourée de deux couples de solistes. L'étoile Kader Belarbi donne son impression sur ce vaste lieu et danse avec Isabelle Guérin le splendide Adagio du 3e mouvement. Suit, sur le thème de L'Hymne à la joie, la superbe envolée de quatre étoiles : José Martinez, Kader Belarbi, Nicolas Le Riche et Jean-Guillaume Bart. Après une intervention de Maurice Béjart qui rappelle que « tous les hommes sont frères » et que son ballet est un « manifeste antiraciste », la danse reprend sur le chœur final et une magistrale quadruple ronde de soixante danseurs main dans la main.

Date de diffusion :
22 juin 1999
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )
Thèmes :

Éclairage

Après avoir introduit la danse au Festival d'Avignon en 1966, puis fait entrer le Ballet de l'Opéra de Paris au Palais des Sports quatre ans plus tard, Maurice Béjart ouvre le Palais Omnisport de Bercy au ballet classique avec sa monumentale 9e symphonie de Beethoven interprétée par les chœurs et l'Orchestre de Paris sur un podium, et sur la piste le Ballet de l'Opéra augmenté de vingt huit danseurs noirs pour L'Hymne à la joie final.

C'est aussi dans un lieu hors de l'ordinaire, le Cirque Royal de Bruxelles, que Maurice Béjart enthousiasme le grand public lors de la création de cette 9e symphonie avec le Ballet du XXe Siècle, en octobre 1964. Moins de deux ans plus tard, sa compagnie la présente au Palais des Sports à Paris, ainsi qu'en 1969 avec Jorge Donn, devant un public subjugué par la pure beauté de ce ballet sans argument, où le mouvement semble jaillir de la musique même.

Maurice Béjart définit ainsi son œuvre : « C'est une sorte de concert dansé, où la danse prolonge la musique exactement comme le texte de Schiller vient donner à la partition de Beethoven une dimension supplémentaire. Il ne s'agit pas d'un ballet, au sens généralement adopté du terme, mais d'une participation humaine profonde à une œuvre qui appartient à l'humanité toute entière... C'est au sens profond du mot, une « Manifestation ». »

Maurice Béjart y rappelle dans deux tableaux d'une grande force, que tous les hommes sont frères. Dans un Prologue de son invention, où un récitant sur fond de bangos et de danses africaines, cite un texte de Nietsche sur L'Hymne à la joie de Beethoven, et dans le Finale où tous les danseurs, noirs et blancs mélangés, se déploient dans une immense ronde sur L'Hymne à la joie, main dans la main, tous frères dans cette chaîne humaine. Partout où il donne son ballet, Béjart exige cette alternance de races et de couleurs.

Le chorégraphe donne la 9e dans le monde entier, dans les lieux les plus divers : dans le Stade Olympique de Mexico, sur la place Saint Marc de Venise, aux Arènes de Vérone, au Palais du Kremlin. Après la dissolution du Ballet du XXe Siècle, Maurice Béjart n'a plus voulu reprendre ce ballet qui exige de grands effectifs de danseurs, chanteurs et orchestre. Après de nombreuses tentatives, Hugues Gall et Brigitte Lefèvre finissent par convaincre le chorégraphe de reprendre dix huit ans après sa dernière représentation la 9e symphonie pour le Ballet de Paris. La production, nouvelle, est adaptée à chaque lieu : en mai 1996 à l'Opéra Bastille, puis en tournée au Japon et enfin devant 14 000 spectateurs au Palais Omnisport de Bercy en 1999.

Son décorateur Roger Bernard, responsable des costumes et des éclairages, dessine chaque fois sur le sol de savantes géométries blanches dignes de Léonard de Vinci : immenses cercles cernés dans des carrés, lignes et diagonales en pointillé, figures symboliques qui servent également de repère aux danseurs.

A Bercy, Béjart modifie son Prologue : plus de danseurs africains, seulement la frénétique Assiata Abdou. Le texte de Nietzsche n'est plus enregistré par Didier Sandre, mais dit en direct par le danseur étoile Laurent Hilaire, magnifique récitant aux accents virils, qui exécute en même temps quelques doubles tours virtuoses. Et c'est Laurent Hilaire également qui le premier s'élance sur le thème de L'Hymne à la joie. Le bonheur rayonne sur scène et gagne toute la salle. Trois cents danseurs, chanteurs et musiciens et quatorze mille spectateurs partagent le même enthousiasme et acclament un homme de paix, un humaniste imprégné de toutes les cultures et toutes les religions du monde : Maurice Béjart.

René Sirvin

Transcription

Présentateur
De la danse contemporaine à Bercy pour la première fois, 14000 personnes sont attendues ce soir et surtout demain pour assister à l’un des évènements de l’année, la 9ème Symphonie de Beethoven, chorégraphiée par Béjart et dansée par les étoiles de l’Opéra de Paris. Antoine Cormery et Fabien Tourmos.
(Musique)
Journaliste
Au royaume du sport spectacle, il y a toujours eu des artistes du mouvement, des magiciens du geste bref des chorégraphes admirables. Mais des danseurs, des vrais, c’est la première fois que Bercy en accueille. Les étoiles et pratiquement tout le corps de ballet de l’Opéra de Paris sur une immense scène circulaire devant les 14000 spectateurs d’un palais omnisports très loin de l’intimité du palais Garnier.
(Musique)
Kader Belarbi
Je trouve ça bien que la danse puisse aller dans d’autres lieux que finalement les lieux habituels comme les théâtres. Je crois que la première sensation, c’est vrai qu’on a, on sent justement qu’il y a un passé avec un volume énorme et on peut imaginer tout à fait les grands concerts ou les, euh des matchs de boxes ou je ne sais quoi. Alors c’est vrai que c’est, on a l’impression de rentrer dans une arène.
(Musique)
Journaliste
C’est en 1964 que Maurice Béjart s’est attaqué à ce sommet de la musique qu’est la 9ème Symphonie de Beethoven. 35 ans après et quelques tours du monde plus tard, le spectacle revient donc à Paris sans retouche et toujours avec le même message.
(Musique)
Kader Belarbi
Lorsqu’on disait tous les hommes sont frères en 64, on se rend compte qu’en 99 ça a pas tellement changé. Il faut le redire, il faut le redire, il faut le redire. Parce que le sentiment de l’humanité au sens grand du mot, des gens le comprennent, il y a encore des tas de gens il faut leur clouer sur la tête que tous les hommes sont frères. C’est un manifeste anti-raciste.
Journaliste
Au-delà du discours politique, L’Hymne à la Joie de Beethoven s’est transformée en hymne à la danse et sur 360 degrés, Bercy en est l’écrin idéal.
(Musique)