L'Académie Fratellini
Notice
Reportage sur la première levée des mats de l'Académie nationale contemporaine des arts du cirque, le 4 avril 2001, à La Plaine Saint-Denis (93). Des bottes de paille marquent les fondations des bâtiments et des chapiteaux, des élèves font quelques démonstrations et Laurent Gachet donne quelques pistes de son projet.
Éclairage
L'Académie nationale contemporaine des arts du cirque a été ouverte en 2003. Elle est le résultat d'un projet pédagogique et culturel de reprise de l'Ecole nationale Annie Fratellini. Au décès de l'artiste, en 1997, très rapidement la nécessité de repenser cette école existant depuis 1974 s'est imposée. Laurent Gachet s'est vu confier cette mission.
L'Année des arts du cirque (2001-2003) aidant, de nouveaux locaux sont édifiés. Les architectes Patrick Bouchain et Loïc Julienne conçoivent une juxtaposition d'espaces dédiés (au total 5 500 m2) à des fonctions précises. Pour la formation et les entraînements sont réalisés trois studios d'entraînement, une salle de danse, une de musculation et une autre de balnéothérapie. L'académie ayant également pour mission la production et la diffusion de spectacles, un petit chapiteau (22 m. de diamètre) et un grand, d'une jauge de 1 500 places, sont érigés. Ce dernier, en forme d'étoile sans mat intérieur est un concentré de technologies de pointe, tant dans sa construction que pour son fonctionnement. Patrick Bouchain déclare : « il n'y a pas plus ardu que de concevoir une salle de spectacle. Lorsque son architecture renvoie au cirque, au chapiteau, elle s'autorise des libertés [...] il s'agit de penser une peau, on l'imagine plus belle car on y prête attention » [1]. Les 13 m. de diamètre [2] de la piste confirment la volonté d'allier l'héritage du cirque moderne et celle d'ancrer la démarche architecturale, mais également l'ensemble du projet, dans le XXIe siècle. Bien que construit pour durer, le chapiteau est entièrement démontable, une façon de maintenir vivant l'imaginaire lié à l'itinérance.
Nouvellement dénommée "Centre international des arts du spectacle", l'Académie Fratellini, située sur La Plaine Saint-Denis (93), offre, outre une école de loisir pour les enfants de 5 à 14 ans, des ateliers pour adultes et des espaces d'entraînement pour les professionnels, une formation supérieure. Celle-ci est dispensée aux jeunes de 16 à 25 ans recrutés sur concours, titulaires du Baccalauréat [3], ayant un certain niveau dans la pratique du cirque et un projet de formation.
L'originalité de ce cursus, en trois ans, en alternance (60% en formation et 40% en temps professionnel) repose sur l'alliance de l'enseignement collectif et l'apprentissage technique individualisé et permet à l'apprenti d'être salarié durant son contrat. Le contact immédiat avec le terrain de la création et de la diffusion (compagnies, festivals...), et donc avec le public, est considéré par les formateurs comme : « moteur de l'apprentissage et de l'insertion ». Le projet individuel de formation de l'apprenti est au centre de cet enseignement.
Pour Laurent Gachet il s'agissait de : « fondre un projet d'action culturelle et un projet de formation » et, témoignant de sa volonté de respecter les engagements initiaux de l'école, il affirme : « On peut raconter ce que l'on veut, mais la pierre angulaire du cirque reste le numéro construit sur la routine et l'enchaînement. Pour qu'il y ait cirque et non théâtre forain il faut le geste du cirque » [4].
Depuis janvier 2012, Stéphane Simonin est nommé à la direction de cette institution [5]. Les points forts de son projet : l'ouverture du lieu aux habitants de la commune et du département et à la pluralité des formes artistiques qui caractérise la création contemporaine du spectacle vivant.
[1] Patrick Bouchain dans « Architectures nomades, la philosophie », Rencontre avec Patrick Bouchain et Hans-Walter Muller, Jean-Christophe Lanquetin et Gérard Vincent, Scènes Urbaines, n°2, oct. 2002, p. 14.
[2] Ce diamètre, conditionné par les 14 pas du cheval au galop dessinant le plus petit cercle possible à ce rythme sur lequel un homme peut tenir en équilibre, est devenu un repère canonique des circassiens traditionnels, encore repris aujourd'hui, même par des artistes contemporains.
[3] Ou diplôme admis en équivalence.
[4] Laurent Gachet cité par Anne Quentin, « Annie Fratellini, de l'école à l'académie », Arts de la Piste, n° 21-22, oct. 2001, p. 30.
[5] « Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, Patrick Braouzec, président de Plaine commune, Claude Bartolone, président du conseil général de la Seine-Saint-Denis, et Didier Paillard, maire de Saint-Denis, ont choisi de nommer Stéphane Simonin à la direction de l'Académie Fratellini, à l'issue du jury qui s'est tenu le 19 décembre 2011 ». Cité sur le site du Ministère de la Culture et de la Communication.