Dominique Bagouet et Le saut de l'ange
Notice
Dans le cadre du festival Montpellier Danse, zoom sur le chorégraphe Dominique Bagouet et sa nouvelle production Le saut de l'ange dans une scénographie du plasticien Christian Boltanski et sur une partition du compositeur contemporain Pascal Dusapin.
Éclairage
Sans doute l'une des oeuvres les plus réjouissantes de la danse contemporaine ! Son casting est un feu d'artifice : Dominique Bagouet (1951-1992) à la chorégraphie, Pascal Dusapin à la musique et Christian Boltanski à la scénographie. Le résultat, intrigant, suave, extrêmement singulier, est une petite merveille. Le saut de l'ange (1987) a laissé des souvenirs indélébiles dans la mémoire des spectateurs de danse mais aussi des fans d'arts plastiques. Le plateau rouge strictement enguirlandé de loupiottes blanches tanguait entre la fête foraine et le palais oriental. Dans des costumes de fantaisie, pas loin des déguisements de bric et de broc de l'enfance, les danseurs chaloupaient et gambadaient. Marin d'eau douce, fille en tutu du dimanche, espagnole de rêve et autre prince charmant égrenaient des numéros de danse intense et douce comme on se livre à une déclaration. Le saut de l'ange, conçu pour la Cour Jacques Coeur, à Montpellier, en investissait tous les niveaux. Les interprètes apparaissent au balcon, se découpant comme des ombres sur la nuit avant de grimper sur la petite scène rouge surélevée. Avec ce spectacle majeur, véritable écrin pour des danseurs, Dominique Bagouet, qui désirait "décoincer sa danse" ouvrait le festival. Il le refermait avec Assaï (1986), pièce plus austère, également composée sur une musique de Dusapin.
A 20 ans, Dominique Bagouet, passé d'abord par l'école de Rosella Hightower, à Cannes, devient danseur dans la compagnie de Maurice Béjart. Il crée sa propre troupe à 26 ans. Revenu à Montpellier, sa ville de jeunesse, cette personnalité majeure de la nouvelle danse française dirigera dès 1980 ce qui deviendra en 1984, le Centre chorégraphique national de Montpellier. Parallèlement, il est à l'initiative de la création du prestigieux festival Montpellier Danse en 1981. Son répertoire compte une quarantaine de pièces, d'inspiration toutes intelligemment variées, créées pendant quinze ans de travail. Depuis sa disparition, à 41 ans - il est mort du sida en 1992 -, une vingtaine, soit en intégrales, soit en extraits, sont régulièrement reprises par des troupes de répertoire grâce à l'action des Carnets Bagouet, association fondée par les danseurs de la compagnie après la disparition du chorégraphe pour perpétuer son travail.