Roméo et Juliette, opéra de Pascal Dusapin
Notice
Interviewé à l'occasion d'une représentation de son opéra Roméo et Juliette au Festival d'Avignon en 1989, peu de temps après la création de cette œuvre au Festival de Radio-France à Montpellier, Pascal Dusapin dit vouloir donner du plaisir au public. Suivent quelques images du spectacle.
Éclairage
Elève d'Olivier Messiaen et de Iannis Xenakis, Pascal Dusapin a très tôt ressenti le besoin de composer des opéras. Le premier d'entre eux, Roméo et Juliette, a été composé entre 1985 et 1988, par le compositeur alors trentenaire, sur un texte du dramaturge Olivier Cadiot, de la même génération. Leur ouvrage commun est créé le 10 juillet 1989 au Festival de Radio France à Montpellier, et quelques représentations au Festival d'Avignon en sont données juste après.
L'œuvre, commandée pour célébrer le bicentenaire de la Révolution française en 1989, s'articule en deux parties, avant et après la Révolution. Le couple central est lui-même dédoublé : Roméo 1 se distingue de Roméo 2, de la même manière que Juliette 1 et Juliette 2. Dans cette œuvre, Dusapin met en scène un comédien-meneur de jeu appelé Bill (diminutif de William Shakespeare), qui a la clarinette comme double instrumental. Autour de lui, les quatre solistes vocaux sont confrontés à un quatuor de solistes, un chœur à quatre voix et un orchestre. Dans une parfaite unité de temps et de lieu, en l'espace d'une journée, Roméo et Juliette vont vouloir s'aimer et faire la révolution. Le compositeur déploie alors une batterie de mots français et anglais, dans une sorte de récitatif foisonnant et rapide qui aboutit à la conclusion que la parole est vouée à l'échec - comme le sont l'amour et la révolution.
Ce premier opéra de Dusapin est parti en tournée à sa création, et il a bénéficié d'une nouvelle production en 2008 à l'Opéra-Comique de Paris. S'il n'est pas le premier à se pencher sur le mythe des amants de Vérone, il est celui qui prend le plus de liberté avec la pièce originale de Shakespeare dont ne demeurent ici que le foisonnement tragi-comique et les noms des deux protagonistes. Après cette première expérience lyrique, Dusapin devait revenir à l'opéra à six reprises avec Medeamaterial (1992), To be sung (1994), Perelà (2002), Faustus, The Last Night (2006) et Passion (2008).