Régine Crespin chante le rôle-titre d'Ariane à Naxos au Festival d'Aix
Notice
Extrait de la captation d'Ariane à Naxos de Richard Strauss, production reprise au Festival d'Aix-en-Provence en 1966. L'air d'Ariane «Es gibt ein Reich» est interprété par la soprano française Régine Crespin.
Éclairage
Ariane à Naxos de Richard Strauss, sur un livret de Hugo von Hofmannsthal, est un opéra qui a d'abord été créé en 1912 comme deuxième partie d'une version allemande du Bourgeois Gentilhomme de Molière. Il remplaçait ainsi la turquerie composée à l'origine par Lully et y substituait une forme d'opéra-pastiche où Hofmannsthal et Strauss s'amusaient à mêler des personnages héroïques de la mythologie grecque à des figures de la commedia dell'arte. Mais après l'insuccès de la création, les deux auteurs ont remis l'ouvrage sur le métier et ont substitué à la pièce de Molière un nouveau prologue chanté. C'est sous cette forme, créée en 1916, qu'Ariane à Naxos est devenue une œuvre du répertoire.
Ses dimensions chambristes, avec son orchestre d'une trentaine de musiciens et en l'absence d'un chœur, en faisaient une œuvre idéale pour le petit théâtre installé dans la Cour du Palais de l'Archevêché d'Aix-en-Provence, où a lieu le Festival d'Aix tous les étés depuis 1948. L'ouvrage de Strauss y fait son entrée en 1963, dans une mise en scène de Werner Düggelin et des décors de Pierre Clayette, et sous la direction de Pierre Dervaux. L'incontournable Teresa Stich-Randall, artiste-vedette du Festival, y chante le rôle d'Ariane. Trois ans plus tard, le spectacle est repris avec une distribution renouvelée. Aux chanteurs de la création succèdent des représentants de la nouvelle génération, notamment la mezzo-soprano gréco-américaine Tatiana Troyanos dans le rôle du Compositeur et la soprano colorature française Mady Mesplé dans celui de Zerbinetta. Quant au rôle-titre, il est incarné par la plus grande soprano française de l'époque, Régine Crespin, qui est alors au sommet de sa gloire.
Célèbre pour ses incarnations verdiennes et wagnériennes, mais aussi pour ses interprétations de partitions françaises, notamment berlioziennes, la Crespin est alors demandée par les plus grandes scènes du monde, notamment le Metropolitan de New York et le Festival de Bayreuth. Le rôle d'Ariane, créé par la grande Maria Jeritza, semblait taillé sur mesure pour la voix longue et puissante de Régine Crespin, et pour sa capacité à amincir sa ligne vocale.