Carole Gaessler

Nouvellement promue présentatrice de l’édition nationale du 19/20 sur France 3, Carole Gaessler est l’invitée du journal de midi de France 3 Lorraine le 13 septembre 2010.

Son parcours commence à Hettange-Grande en Moselle où Carole Gaessler a grandi. Territoire dans lequel elle dit dans l’extrait avoir encore des attaches familiales fortes. Ses études de lettres et de journalisme l’ont conduite à débuter sa carrière en Lorraine. Tout d’abord au Républicain lorrain puis en 1991 à RTL TV (qui deviendra RTL 9), elle intègre ensuite le service public ainsi que retracé dans le sujet. Tout d’abord la rédaction de France 3 Lorraine Champagne-Ardenne à Reims, puis en 1996, elle rejoint la rédaction nationale de France 3 et commence à assurer des remplacements à la présentation des journaux nationaux jusqu’à devenir la présentatrice titulaire du Soir 3 week-end. De 1998 à 2000, Carole GAESSLER présente le journal de 13 h de France à aux côtés de Rachid Arhab (qui d’ailleurs a vécu son enfance à Nilvange en Lorraine).

La journaliste a co-présenté des soirées électorales ainsi que des émissions spéciales comme La France en héritage en 2008 lors des journées du patrimoine, mais aussi des magazines hebdomadaires comme C’est notre affaire sur France 5 à partir d’octobre 2004. Elle a présenté le magazine Ligne Directe sur France 3 en première partie de soirée à l’occasion de la campagne électorale de 2012. 

Carole Gaessler anime également des émissions sur RTL, comme Rendez-moi mon portable en 2013 (et durant les étés 2014 et 2015), ou encore Mes Chers Compatriotes pendant l’été 2016 les week-ends ou bien Né quelque part en été 2017 sur la même chaîne. C’est à partir de 2014 qu’elle assure la présentation de l’émission Des racines et des ailes l’émission phare de France 3.

La troisième chaîne est née à la fin de l’année 1972. S’il existe déjà des « décrochages » en région pour la télévision française, la vocation de cette chaîne est certes nationale mais aussi et surtout régionale. En région plusieurs stations se développent, notamment dans de grandes villes comme Marseille, Lille ou Lyon. L’objectif majeur est de décentraliser la production des programmes de l’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française). 

Appelée « France Régions 3 » (FR3 ) après l’éclatement de l’ORTF en 1974, la chaîne changera de nom pour devenir « France 3 » en 1992 à l’occasion du regroupement des chaînes publiques sous l’appellation « France Télévisions » qui regroupe en outre France 2, France 4, France 5, Culturebox et France Info. 

D’un point de vue historique encore, l’année 2010 (date de diffusion de cette séquence) est une année marquante pour le service public télévisuel français. En effet, Patrick de Carolis vient de céder sa place à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions. Ce dernier (qui avait dirigé France 3 entre 1999 et 2005), a pour ambition de refondre l’identité des chaînes du service public français et a à cœur de mettre à l’antenne des visages qui soient propres à chaque chaîne. Concernant la chaîne France 3 encore, il s’agit de renforcer les animateurs et journalistes déjà présents à l’antenne, comme Samuel Etienne, Daniela Lumbroso ou Carole Gaessler, mais  aussi d’aller chercher des animateurs à l’extérieur (Paule Gonzalès, 2010).

Diffusé le 13 septembre 2010, cet extrait constitue un cas très intéressant de « réflexivité télévisuelle », qui consiste pour la télévision à parler de télévision (Virginie Spies, 2004), où comment la télévision se regarde. Il existe différentes formes de réflexivité télévisuelle, et celle que nous voyons ici est de plusieurs ordres : une chaîne publique qui parle de la télévision de service public et qui évoque le parcours d’une « star » de télévision publique ayant fait ses débuts en Lorraine. Dès lors, cet extrait est symptomatique de l’une des particularités de la télévision, à savoir l’incarnation. Les émissions de télévision (qu’il s’agisse de journaux TV, de programmes de divertissement ou autres), sont en effet incarnées par des présentateurs, des journalistes, des animateurs … Ces derniers bénéficient d’une forme de popularité conférée par le grand public. Les qualités mises en avant chez les animateurs sont le plus souvent la modestie, la simplicité et la bonne humeur, ce qui les rapprochent d’autant du téléspectateur « moyen » (Pierre Leroux, Philippe Riutort, 2006). Ainsi, lorsque la télévision veut parler d’elle-même, c’est nécessairement par le prisme des personnes qui l’incarnent que cela passe. Ici, il est question de montrer différents extraits de journaux télévisés, incarnés par une même personne : Carole Gaessler. Lorsqu’elle est invitée à s’exprimée dans ce JT local, la journaliste parle justement de sa famille qu’elle voit encore régulièrement et qui habite en Lorraine. Elle affiche une grande modestie en disant qu’elle a toujours été surprise qu’on lui fasse confiance, qu’elle a toujours fait ce qu’elle aime faire, et qu’elle considère cela comme une chance. Carole Gaessler se positionne, pourrait-on dire, « à hauteur d’Homme » et, alors qu’elle est mise en avant et considérée comme une star de la télé, elle se présente aux téléspectateurs modestement, sous-entendant qu’elle est « comme tout le monde ».  Elle parle de la chance que le groupe France Télévisions lui a accordée tout au long de sa carrière, mettant en avant une autre forme de réflexivité, celle qui consiste pour une chaîne ou pour un groupe audiovisuel, de se mettre en avant en tant qu’institution. Revenir ainsi sur le parcours professionnel de Carole Gaessler est l’occasion de montrer que France Télévisions, et plus spécifiquement France 3 savent non seulement repérer les talents, mais aussi leur permettre de faire une grande carrière.

Ainsi, le fait que la journaliste devienne présentatrice du 19/20 de France 3 est l’occasion de mettre en avant la télévision. N’y voyons ni une critique ni une nouveauté abolue : les premières « traces » de réflexivité à la télévision datent de 1947, où dans le court métrage, Télévision, œil de demain inspiré du livre Cinéma total de René Barjavel (1944) J. K. Raymond-Millet mettait en avant la télévision avant même qu’elle devienne un média. Miroir, mon beau miroir… 

• Paule Gonzalès, « Le nouveau visage de France Télévisions », Le Figaro, 2010, [en ligne], https://www.lefigaro.fr/medias/2010/12/22/04002-20101222ARTFIG00574-le-nouveau-visage-de-france-televisions.php, page consultée le 15 novembre 2021.
• Virginie Spies, La télévision dans le miroir. Théorie, histoire et analyse des émissions réflexives, Paris, Éditions L’Harmattan, coll. Audiovisuel et communication, 2004.
• Pierre Leroux, Philippe Riutort, « La consécration de l'animateur. Appréciation d'un métier et affirmation d'une position : les métamorphoses de Thierry Ardisson », Réseaux, 2006/5 (n° 139), p. 219-248, [en ligne], https://www.cairn.info/revue-reseaux1-2006-5-page-219.htm, page consultée le 15 novembre 2021.