Claude Frisoni, coordinateur de Luxembourg Capitale européenne de la Culture 1995
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Claude Frisoni, coordinateur général de la Capitale européenne de la Culture organisée en 1995 à Luxembourg, est interrogé par Maurice Molitor, journaliste à RTL Télé Lëtzebuerg, sur l'importance de cette manifestation ainsi que sur sa décision de s'installer au Luxembourg.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
14 mai 1995
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Contexte historique
ParJournaliste
La Manifestation Luxembourg 1995, capitale européenne de la culture a démarré depuis cinq mois au Luxembourg au moment où son coordinateur général, Claude Frisoni, est interrogé par le journaliste de RTL Télé Lëtzebuerg, Maurice Molitor, sur le plateau du magazine d’actualité « 1 bis 7 ». On notera que le journaliste s’adresse tout d’abord aux téléspectateurs en luxembourgeois, avant d’interroger son invité en français, signe du multilinguisme en vigueur dans le pays.
C’est la première fois que la ville de Luxembourg assume la responsabilité de « Capitale européenne de la culture ». Elle organisera cet événement une seconde fois en 2007, relayée en 2022 par la ville d’Esch-sur-Alzette associée aux communes du Sud du Grand-Duché et la Communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette côté français.
Claude Frisoni est arrivé aux commandes de la coordination générale en mars 1994, neuf mois seulement avant le début de la manifestation. Son prédécesseur, Guy Wagner, avait jeté l’éponge faute de disposer de moyens organisationnels et financiers suffisants. Les autorités communales et nationales n’ont pris que très tard la mesure de l’évènement qui affichera plus de 400 manifestations pour un budget de 875 millions de francs luxembourgeois (l’équivalent de 30 millions d’euros aujourd’hui).
Les leçons en seront néanmoins tirées. Cette première Capitale européenne de la culture dans le pays sera le point de départ d’une politique de grands travaux qui verra son point culminant lors de la seconde Capitale européenne de la culture en 2007 – précédée de l’ouverture du Mudam, de la Philharmonie, de la Rockhal, du Centre culturel de rencontres abbaye de Neumünster ou encore de la rénovation du Grand Théâtre.
En attendant, il faut faire avec les moyens du bord. On installe un chapiteau (Zeltstad) au Plateau du Saint-Esprit. Un forum d’art contemporain est inauguré dans l’ancien Casino. Le coordinateur général se veut positif. Il observe que la manifestation n’est pas enfermée
dans des endroits convenus où d’habitude se passe la culture
.
La programmation a fait couler beaucoup d’encre avant le coup d’envoi de la manifestation tant la culture véhiculait une image élitiste au Luxembourg. Faire de la ville de Luxembourg une capitale culturelle signifie créer une rupture. Claude Frisoni explique au journaliste que participer à une telle manifestation artistique a pour vertu de faire sortir les gens de leur isolement, de créer du lien. Pareil défi restera d’actualité pour les manifestations culturelles de 2007 et 2022. Le couronnement de la manifestation de 1995 sera le concert des Rolling Stones auquel assisteront 60 000 personnes sur le plateau du Kirchberg le 27 août 1995.
L’arrivée d’un Français aux commandes de cette manifestation d’envergure préfigure celle de professionnels étrangers à la tête d’institutions culturelles dans le pays (Mudam, Kulturfabrik, Philharmonie). Claude Frisoni est né en 1954 à Knutange en Lorraine. Toute sa carrière s’est déroulée au Luxembourg. Ancien attaché culturel auprès de l’Institut culturel français au Luxembourg, il dirigera le Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster à Luxembourg de 2002 à 2013. Il se sent chez lui au Grand-Duché et sur la scène culturelle luxembourgeoise dont il est un membre actif en tant qu’auteur, metteur en scène et acteur de pièces de café-théâtre. Aux questions portant sur son attachement au Grand-Duché, Claude Frisoni explique sa vision de la multiculturalité luxembourgeoise, dans la lignée du concept de « Mischkultur » développée par l’écrivain Batty Weber (1860-1940), scène culturelle où chacun peut apporter sa contribution, quelle que soit son origine ou sa langue.
Cette vision ne fait pas l’unanimité dans un pays en proie à un questionnement identitaire, alors qu’en 2021 sa population compte près de la moitié de résidents étrangers. Une thématique abordée en 2015 par Claude Frisoni dans un conte philosophique intitulé Lettre d'amour au peuple qui ne connaissait pas le verbe aimer (éditions Binsfeld).
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
(Musique)
Maurice Molitor
Claude Frisoni heescht main Invité den Owend an der Emissioun «1 bis 7», de Coordinateur général vu Lëtzebuerg - Europäesch Kulturstad 1995.Monsieur Frisoni, bonsoir.
Claude Frisoni
Bonsoir
Maurice Molitor
L'année culturelle fête ses cinq mois.Etait-ce jusqu'à présent vraiment 150 jours d'émotions,3 660 heures d'émerveillementet 216 000 secondes de sensations comme promis dans votre pub ?
Claude Frisoni
Il y en a déjà une de plus depuis que vous l'avez dit.J'espère que ça été au moins dans la direction de cet objectif.Si on avait choisi cette campagne, c'était aussi pour dire que c'était pas seulement une année de culture peut-être enfermée, peut-être convenue, dans des endroits où d'habitude se passe la culture mais qu'on allait essayer de la partager plus largement, de se faire plaisir.Et puis c'était ramener l'idée que la culture a beaucoup de fonctions et de vocations.L'une d'entre elles en tout cas est de distribuer du plaisir, de l'émotion, du bonheur, de la joie, même quand cette émotion est dramatique.On peut pas forcément rire ou s'amuser, mais vivre quelque chose de fort et le vivre à plusieurs.La différence par exemple avec la télévision, c'est qu'on vit à deux, trois ce qu'on vit à la télévision.Quand on va au concert, quand on va au théâtre, quand on est dans la rue, on est avec les autres, au milieu des autres,et ça confère une dimension tout à fait différente et assez unique, et on souhaitait aller dans cette direction-là.
Maurice Molitor
Pardon de vous…Vous travaillez à Luxembourg depuis 1978, vous y vivez depuis 1984, vous semblez être bien installé chez nous, qu'est-ce qui vous fait rester au Grand-Duché ?
Claude Frisoni
J'ai vraiment choisi de rester parce que j'ai quitté mon précédent employeur, qui était le Centre culturel français, parce qu'autrement j'aurais dû quitter le Grand-Duché.Je l'ai quitté aussi parce que j'étais de plus en plus intégré dans le milieu culturel luxembourgeois- mes confrères m'avaient fait l'amitié de me faire une petite place, même une grande place, ils avaient pas été égoïstes -et puis je m'y sentais bien comme acteur culturel, je m'y sentais bien dans ma vie,j'aime cette ville vraiment énormément, j'aime ce pays.Et puis, je trouve qu'il y a dans ce pays la possibilité de faire.D'abord, on donne la chance.D'ailleurs, j'ai eu un livre d'édité, c'est pas un éditeur français qui est venu me proposer, ce sont les éditions Phi, un éditeur luxembourgeois- dirigé par un Belge, Francis Van Maele -qui ont eu cette idée.Et donc, on peut donner la chance aux uns et aux autres, et puis ensuite, c'est un pays qui est pas fermé, qui a une culture ouverte.Et où on peut aller amener sa contribution et enrichir cette pratique culturelle et se faire surtout enrichir- je parle pas du matériel,je parle bien sûr au deuxième degré -en pratiquant, en ayant une activité artistique ou culturelle.
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