Charles Tordjman sur le Théâtre Populaire de Lorraine
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Résumé
Codirecteur du Théâtre Populaire de Lorraine avec Jacques Kraemer , Charles Tordjman revient sur l'appui important apporté par les municipalités de Thionville et de Longwy et les projets de sa compagnie : un abonnement théâtral, une reprise de Minette la bonne Lorraine, la pièce C'était, création originale du TPL écrite par lui-même ainsi que trois spectacles invités.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
12 oct. 1977
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Contexte historique
ParMaître de conférences HDR en Arts du spectacle, 2L2S, Université de Lorraine
Né en 1947, Charles Tordjman est issu d’une famille juive marocaine dont le père, immigré en France, a choisi de s’établir à Metz en 1955, avec sa femme et ses enfants. Lors de ses études de Lettres, menées dans la jeune université de Metz, il assiste aux premières créations du Théâtre Populaire de Lorraine : Le Schmürtz de Boris Vian, Le Ping-Pong d’Adamov… Après quoi, le jeune homme devient professeur dans un collège, expérience décevante à laquelle il mettra rapidement un terme.
Brusquement politisé en 1968, comme beaucoup de jeunes gens de sa génération, il suit de près l’aventure « prolétarienne » du TPL au moment de la création de Minette la bonne lorraine, spectacle emblématique de son directeur, Jacques Kraemer, qui de manière métaphorique évoque la crise de l’industrie sidérurgique lorraine en s’attaquant de façon sarcastique à l’empire des De Wendel.
« Charly » Tordjman (ainsi que tout le monde l’appelle) devient un membre actif de l’association des « Amis du TPL », lorsque l’engagement politique de la compagnie déchaîne de vives réactions parmi la bourgeoisie locale et que les édiles de la ville décident la suppression de ses subventions et la liquidation de ses biens.
Touché par l’enthousiasme et l’énergie du personnage, Jacques Kraemer propose, en 1972, à Charles Tordjman de devenir son « co-administrateur » mais, aussi, le « dramaturge » de la compagnie, alors même que celle-ci est en train d’opérer un tournant théorique, passant d’une certaine orthodoxie brechtienne à l’exploration de nouvelles formes inspirées par les théories du Nouveau-Roman (Alain Robbe-Grillet, Jean Ricardou…). Cela se traduit, en pratique, par la conception et la co-mise en scène (entre Kraemer, Tordjman et René Loyon) de Pourtant le Soleil est là (création collective sur la Résistance mosellane pendant la seconde Guerre Mondiale, créé à Metz en 1975), la co-écriture des Histoires de l’Oncle Jacob (mettant en scène la vie d’une famille juive dans le ghetto de Lodz en 1941 [1]), et un travail de dramaturgie sur la seconde version « enrichie, renouvelée et même réactualisée » de Minette la bonne Lorraine.
En 1977, mettant fin à ses démêlées avec la municipalité messine, le TPL trouve refuge à Thionville, où le maire communiste Paul Souffrin, fraîchement élu, met à sa disposition la petite salle du Théâtre municipal. La structure s’y épanouira, sous la direction unique de Charles Tordjman (1982-1992 [2]), auquel succéderont Stéphanie Loïc (1992-2004) et Laurent Gutmann (2004-2010 [3]). En janvier 2010, un nouveau directeur, Jean Boillot remplacera l’appellation historique de « TPL » par celle de NEST (Nord Est Théâtre, CDN de Thionville). Enfin, en 2020, c’est Alexandra Tobelaim qui deviendra, jusqu’à ce jour, la nouvelle directrice du NEST, « CDN transfrontalier de Thionville-Grand Est ».
C’est dans le contexte euphorique de 1977 que Charles Tordjman présente, sur les marches du Théâtre municipal de Thionville, la première saison du TPL à Thionville (77/78). Rétrospectivement, on ne peut qu’admirer la qualité et la richesse d’une programmation qui comprend, outre les productions « maison », une mise en scène d’Antoine Vitez [4], un spectacle du TNP [5] et une pièce, inédite en France, de Bertolt Brecht [6]… Dans l’entretien qu’il accorde au journaliste Gérard Clavel, Charles Tordjman dit également quelques mots de C’était, « sa première pièce [7] ». Dans cette œuvre en 1 acte et 6 personnages, il dresse un bilan de la décennie qui suit 1968 et de son propre parcours de « gauchiste ». La pièce est mise en scène par Jacques Kraemer, avec une scénographie de Yannis Kokkos, et a été créée le 24 avril 1978 à Thionville, puis représentée à Metz et à Longwy, avant une tournée régionale et nationale durant la saison 78/79.
[1] C’est l’affiche de ce spectacle qui apparaît, derrière Charles Tordjman, durant son interview.
[2] En 1989, le TPL obtient le statut de CDR (Centre Dramatique Régional).
[3] En 2008, la structure obtient le label de CDN (Centre Dramatique National).
[4] Les Burgraves, de Victor Hugo, production du Théâtre de Gennevilliers. Spectacle « expérimental » où les vingt-sept rôles sont partagés par cinq comédiens…
[5] Il s’agit de Sartre, d’après différents textes de Jean-Paul Sartre, mise en scène de Robert Gironès.
[6] Il s’agit de Lux in tenebris, pièce de 1921, mise en scène par Pierre-Etienne Heymann (production du Théâtre de la Planchette, Villeneuve-d’Ascq).
[7] Malgré quelques autres tentatives, Charles Tordjman délaissera l’écriture théâtrale au profit de la mise en scène (plus de 60 spectacles à son actif jusqu’à ce jour).
Bibliographie
- Charles Tordjman, « C’était… », Avant-Scène Théâtre, n° 623, 1er février 1978.
- Michel Caffier, Le Théâtre en Lorraine, Editions Serpenoise, Metz, 1997.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Charles Tordjman
Les projets du TPL sont importants.Parlons tout d’abord du projet du TPL qui a été enfin revitalisé puisquegrâce à l’appui de la municipalité d’une part de Thionville, surtout Thionville, et d’autre part à l’appui de la municipalité de Longwy,le TPL peut enfin développer dans des conditions décentes son projet d’implantation en Lorraine,puisque des moyens lui sont accordés et que nous allons enfin avoir avec le public des relations beaucoup plus suivieset que nous allons par exemple proposer pour la saison prochaine à Thionville un grand abonnement théâtral de cinq spectacles dont deux créations du TPL.Ces deux créations du TPL, disons pour en dire deux mots,la première ce sera une reprise de Minette la bonne Lorraine, pour les raisons que l’ont peut savoir, pour des raisons qui nous unissent au combat des travailleurs dans cette région,pour des raisons aussi qui nous unissent à la ville de Thionville elle-même puisque l’usine de Thionville est fortement menacée de fermeture,pour des raisons esthétiques aussi puisque Minette ouvrait une démarche originale de création maison en quelque sorte, c’était la première pièce qu’écrivait Jacques Kraemer au TPL en 1969.Il reprend cette pièce avec un texte nouveau, une mise en scène nouvelle, des comédiens nouveaux, dans une optique nouvelle également.Ce sera comme on peut le dire, comme nous l’avons dit, une Minette enrichie, renouvelée et même réactualisée.La seconde création du TPL, C’était, qui s’appelle C’était, sera ma première pièce.C’est une pièce qui évoque l’histoire de trois jeunes étudiants qui partent de mai 68 pour arriver à nos jours et nous verrons dans le spectacle quelle quantité de plumage ils y ont laissé au niveau des espoirs qu’ils avaient investis en mai 68.Nous aurons également trois spectacles invités :le premier spectacle, c’est Lux in tenebris de Bertolt Brecht, une pièce qui n’a jamais été montée en France, jamais en Allemagne, montée par Pierre-Étienne Heymann et dont le sous-titre est Le marché d’amour.Il y sera question des relations entre le sexe et l’argent.Le quatrième spectacle qui sera présenté dans l’abonnement est une mise en scène d’Antoine Vitez, l’un des metteurs en scène contemporains les plus prestigieux, qui présentera Les Burgraves de Victor Hugo.Et enfin, le TNP.Le TNP, pour la première fois en Lorraine, pour la première fois à Thionville, le TNP qui vient avec un spectacle Sartre au mois de mars, avril 1978.Un programme donc extrêmement ambitieux, un programme intéressant, pour un abonnement que nous voudrions populaire, bien entendu, et autour duquel nous comptons rassembler beaucoup de monde.
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