Le Luxembourg et le sport de haute compétition

Le 7 octobre 1978, le Luxembourg accueille l’équipe de France de football dans le cadre des éliminatoires du Championnat d’Europe des Nations 1980. Il s’agit de la onzième confrontation de l’histoire entre les deux sélections, la septième organisée au Grand-Duché. 

Sur le papier, la balance penche largement en faveur des Français où figurent des joueurs tels que Patrick Battiston, Marius Trésor, Dominique Rocheteau, Bernard Lacombe ou encore Didier Six qui brillent dans les meilleurs clubs de Première Division en France.

En face, le Luxembourg aligne quant à lui une équipe majoritairement composée de joueurs amateurs, le football professionnel n’étant pas en vigueur dans le pays. La majorité exerce ainsi une profession parallèlement à la pratique du ballon rond, ce qui complique forcément la tâche du sélectionneur Louis Pilot dans la préparation des rencontres internationales...

Ce soir d’octobre 1978, parmi les onze éléments qui débutent le match contre les Tricolores, seuls deux n’évoluent pas au sein du championnat luxembourgeois : Nico Rohmann, défenseur de Charleroi (D1 belge) et l’attaquant de Waterschei (D1 belge) Gilbert Dussier, également passé par Lille et l’AS Nancy-Lorraine. S’ils veulent vivre du football, les Luxembourgeois sont contraints de quitter leur pays. A l’instar de Nico Braun, qui, après une expérience en Allemagne sous les couleurs de Schalke 04 s’est forgé une solide réputation de buteur du côté du FC Metz entre 1973 et 1978 (96 buts en 170 matches).

Le Luxembourg est un pays trop petit qui compte tellement de sports que s’aventurer dans le professionnalisme serait trop dangereux, estime alors le joueur de Charleroi, grand absent de ce rendez-vous face à l’équipe de France.

Si elle a parfois créé la surprise – à l’image de cette épopée lors de l’Euro 1964 où le Grand-Duché, après avoir éliminé les Pays-Bas, échoua en quart de finale face au Danemark –, la sélection luxembourgeoise devra attendre les années 1990 pour amorcer une nouvelle ère grâce, notamment, à l’expérience de nombreux expatriés désormais rompus aux joutes du football professionnel de haut niveau.

Pour autant, en dehors du ballon rond, les sportifs luxembourgeois ont régulièrement fait parler d’eux sur la scène internationale depuis le début du XX^e siècle. A commercer par Joseph (dit Josy) Barthel, champion olympique de 1 500 mètres à Helsinki en 1952 et qui deviendra ensuite ministre de l’Économie entre 1977 et 1984. 

Parmi les autres grands noms du sport grand-ducal, les cyclistes Nicolas Frantz (vainqueur du Tour de France en 1927 et 1928), Charly Gaul (vainqueur du Tour de France 1958 et du Giro en 1956 et 1959), ou les frères Schleck, Fränk et Andy, ce dernier ayant notamment remporté l’édition 2010 de la Grande Boucle. Quant au skieur Marc Girardelli, né en Autriche mais qui a fait toute sa carrière sous pavillon luxembourgeois, il est détenteur de 13 médailles olympiques et mondiales !

Certes, les footballeurs – malgré les réformes entreprises ces dernières années – devront certainement encore patienter longtemps avant de pouvoir rivaliser avec un tel palmarès... Mais à l’image de cette rencontre face à l’équipe de France d’octobre 1978, le Luxembourg s’emploie régulièrement à donner du fil à retordre – en club également – aux meilleures formations européennes.

Pour la petite histoire, les Bleus, malgré leur succès 3-1 – buts de Six (15^e), Trésor (63^e) et Gemmrich (80^e) contre une réalisation de Michaux (74^e) – termineront deuxièmes de leur groupe derrière les champions d’Europe en titre yougoslaves et, pas plus que les Luxembourgeois, ne valideront leur ticket l’Euro-1980 organisé en Italie.