Aurélie Filippetti pour son livre Les derniers jours de la classe ouvrière

Née à Villerupt en Meurthe-et-Moselle en juin 1973, Aurélie Filippetti est une femme politique et romancière française, petite-fille d’immigrés antifascistes italiens venus travailler dans les mines de fer de Lorraine dans les années 1920, fille d’Angel Filippetti (1938-1992), lui aussi mineur de fond puis maire communiste d'Audun-le-Tiche de 1983 à 1992 et conseiller général de 1979 à 1985, et d'Odette Filippetti, intendante de collège.

Après des études à l’École Nationale Supérieure De Fontenay Saint-Cloud couronnées par l’obtention de l’agrégation de lettres, elle débute une carrière de professeur de français qu’elle quittera pour entrer en politique au sein du parti « Les Verts ».  Membre du secrétariat exécutif et porte-parole des Verts-Paris en mars 2003, elle poursuivra sa carrière politique au parti socialiste ce qui l’amènera à être députée de la 8^e circonscription de la Moselle (2007-2017), puis conseillère générale de la Moselle (2012-2014) et conseillère municipale à Metz (2014-2018). Porte-parole du parti socialiste à l’Assemblée nationale, elle fut nommée ministre de la Culture et de la Communication de 2012 à 2014 sous la mandature Hollande (gouvernements Ayrault I, II et Valls I).

Passionnée par la littérature, Aurélie Filippetti a publié plusieurs romans et essais politiques. Son premier roman, Les Derniers jours de la classe ouvrière, paraît en 2003. Il relate l’histoire de son grand-père, résistant arrêté sur dénonciation par la Gestapo, sur son lieu de travail, au fond de la mine, en février 1944, puis sa déportation en camp de concentration et au-delà de cette histoire familiale il explore le thème de la mémoire ouvrière ainsi que le sentiment de déclassement du monde ouvrier consécutif à la fermeture des mines et des usines sidérurgiques en Lorraine. 

Dans le reportage vidéo, l’écrivaine est invitée, le mercredi 5 novembre 2003 sur France 2 pour la présentation de ce roman au micro de Philipe Lefait. L’entretien s’ouvre par un passage après la lecture duquel le journaliste encensera la qualité littéraire de l’ouvrage.  Rédigé de manière factuelle et distanciée, le récit retrace la mort d’un ouvrier tombé dans le métal en fusion dans une aciérie. Il célèbre le travail et la solidarité, valeurs cardinales ancrées dans la classe ouvrière.  Le rapport au collectif est vital pour les mineurs puisqu’à la mine, comme le stipule l’adage : « un homme seul est un homme mort ». Mais, ces valeurs partagées entre mineurs de fond interviennent sur fond de déshumanisation qui saisit les acteurs et les témoins de ces tragédies industrielles. Voyant leur camarade tomber, sans cri ni affolement, impuissants et désarmés face au drame qui se joue à quelques mètres d’eux, les autres ouvriers ne tentent pas de le sauver, résignés qu’ils sont de récupérer un objet lui ayant appartenu, souvenir dérisoire, à transmettre à sa famille. Comble de la fatalité, l’objet mémoriel que les camarades de travail du défunt offriront à sa veuve (une section de rail) sera inhumé avec lui, réduisant et enfermant l’homme à sa classe sociale, à son métier. 

Les faits à partir desquels l’écrivaine raconte la vie ouvrière dans ce premier roman sont largement émaillés de souvenirs personnels, de ces récits d’ouvriers qu’on se racontait en famille et qui enfant, l’ont marquée. Et ce type d’histoire qui circulait dans les foyers ouvriers était bien loin d’être unique, tant les accidents miniers et sidérurgiques étaient légion dans une région aussi industrialisée : incendies de puits de mine, inondations, éboulements, glissements de terrain, ruptures de câbles, chutes, exposition à des substances chimiques nocives, explosions… En plusieurs lieux de la lorraine, dans le pays du fer comme dans celui du charbon sont commémorées des catastrophes minières où des ouvriers ont perdu la vie au travail. 

Étroitement lié à ses origines familiales ce premier livre qui dépeint le monde ouvrier de l’époque des mines de fer jusqu’à la fermeture de la dernière usine à Audun-le-Tiche sera suivi d’un deuxième roman publié en 2006 (Un homme dans la poche). Cet opus propose une histoire d’amour sur fond de questionnement de la domination d’une classe sociale sur une autre à travers une relation adultère et pour l’écriture duquel Aurélie Filippetti s’est également inspirée de son histoire personnelle.

Auteure et co-auteure de plusieurs essais politiques portant sur l’école (L'école forme-t-elle encore des citoyens ?, 2008), l’écologie (Si nous sommes vivants : le socialisme et l'écologie, 2010) et la Gauche (Qu'est-ce que la gauche ?, 2017)… Aurélie Filippetti revient au roman en 2018 (Les idéaux) pour l’écriture duquel elle s’appuie à nouveau sur des données biographiques qu’elle revisite sous l’angle du désir à travers une œuvre portant sur un couple de politiciens dans des camps opposés et une question : que peut l’amour lorsque le pouvoir devient l’ennemi de la politique ?